Si le système Starlink est essentiellement destiné à offrir une connexion à Internet en très haut débit à toute la planète, en utilisant des satellites en orbite basse, des chercheurs ont décidé d’utiliser cette solution autrement. Mais ce contournement de la solution de SpaceX ne plait pas à Elon Musk.
Si Elon Musk a tendance à tester un peu tout ce qui lui passe par la tête en matière de nouvelles technologies, ce qui peut aussi bien être un robot humanoïde peu agile ou une voiture blindée futuriste, parfois, le milliardaire vise juste du premier coup. Ce fut le cas avec Starlink, son réseau de satellites déployés en orbite basse, rattaché à son entreprise aérospatiale SpaceX.
La proposition de Starlink est simple : permettre à n’importe qui de se connecter à Internet partout dans le monde, y compris là où il n’y avait aucun autre réseau accessible avant l’arrivée de cette solution. Si Starlink est vu d’un mauvais œil par de nombreux astronomes et scientifiques, qui estiment qu’envoyer des dizaines de milliers de satellites en orbite basse représente un risque pour l’observation du ciel, il est difficile de nier que cette technologie a aussi le potentiel de changer la vie de millions de gens qui sont encore privés d’une connexion stable à ce jour.
Un usage de Starlink qui aurait pu pousser SpaceX à la faillite
Starlink évolue progressivement dans son offre. L’une des plus récentes nouveautés concerne Starlink RV, un terminal portable qui peut être utilisé en voyage, et même dans un véhicule en mouvement. Approuvée par la FCC aux États-Unis, cette solution est notamment proposée aux propriétaires de yachts qui sont prêts à débourser 5000 euros par mois pour être connectés à Internet même au milieu de l’océan.
Mais, aussi étonnant que cela puisse paraître, il y a des aspects pourtant utiles de Starlink qu’Elon Musk a décidé de laisser de côté. Parmi eux, on trouve la possibilité d’utiliser ce réseau satellite en tant que GPS. Des ingénieurs de SpaceX ont pourtant présenté un projet mettant en avant cette possibilité en 2020, et celui-ci a même été apprécié par les dirigeants de l’entreprise. Cependant, c’est Elon Musk lui-même qui a posé son veto : « Elon a expliqué aux dirigeants que tous les autres réseaux de communication en orbite terrestre basse avaient fait faillite » raconte Todd Humphreys, un chercheur de l’Université du Texas dont les travaux sont financés par l’armée américaine. « SpaceX devait se concentrer entièrement sur le fait d’éviter la faillite, alors aucune distraction n’était permise ».
Transformer Starlink en GPS, c’est possible
Todd Humphreys ne s’est pas laissé intimider par le discours d’Elon Musk. Et pour cause : il n’est pas un employé de SpaceX. Il a donc décidé d’utiliser les informations de Starlink accessibles au public pour développer un système GPS qui utilise les données des satellites de SpaceX. En effet, tous les détails des mouvements des appareils de Starlink sont publiés en temps réel, afin d’éviter les collisions en orbite basse.
L’équipe d’Humphreys utilise ces informations avec un récepteur chargé de capter les signaux envoyés par chaque satellite Starlink. Ces données permettent de déterminer leur position les uns par rapport aux autres. En procédant ainsi, les chercheurs ne piratent aucune donnée de Starlink et ne détournent aucune information d’un point de vue légal. Selon Todd Humphreys, la solution ainsi développée affiche une précision d’environ 30 mètres.
Une solution d’avenir ? SpaceX semble dubitatif
Le chercheur estime que si SpaceX se décidait à collaborer concrètement pour le développement de cette solution, en fournissant notamment des données plus précises, la précision pourrait être ramenée à moins d’un mètre. Cela la rendrait compétitive par rapport au GPS traditionnel, qui reste aujourd’hui très sensible aux méthodes de brouillage.
Pour l’heure, l’entreprise d’aérospatiale semble faire la sourde oreille. Il est possible qu’Elon Musk ne soit pas prêt à prendre le risque du développement d’une technologie coûteuse à la rentabilité incertaine. Récemment, le milliardaire a notamment souligné que le soutien de SpaceX à l’armée ukrainienne signifiait un manque à gagner important pour la firme, qui fournit gratuitement des kits Starlink au cœur du conflit. Cependant, Elon Musk étant connu pour changer régulièrement d’avis, un retournement de situation ne serait pas surprenant concernant ce nouvel usage de ses satellites.