Les voitures autonomes sont un grand fantasme depuis des décennies. Avec le développement des voitures électriques modernes et des intelligences artificielles, ce fantasme de l'autonomie absolue semble plus proche de jamais... mais pas pour tout le monde. Le jour où nous ne toucherons plus du tout au volant est encore loin. Du moins, c'est ce qu'affirme ce grand expert, ex poids lourd de Google.
Anthony Levandoski, l'homme derrière Google Car a l'air blasé des voitures autonomes malgré ce qu'en pense Elon Musk
Anthony Levandowski est un ingénieur automobile franco-américain. Jusqu'en 2016, ce pionnier était responsable technique du programme de voitures autonomes de Google, qu'on appelait "Google Car" à l'époque et qui s'est (re)nommé "Waymo" par la suite. Mieux, Anthony Levandowski a même cofondé ce projet ultra ambitieux.
Pour rappel, une voiture autonome est un véhicule dont la conduite est en partie ou totalement automatisée, donc gérée par des intelligences artificielles surpuissantes. En d'autres mots, une voiture autonome est capable de rouler plus ou moins sans intervention d'un conducteur ou d'une conductrice.
Ce secteur de l'industrie automobile prend de plus en plus de place et représente environ 100 milliards de dollars d'investissements tous constructeurs confondus. Anthony Levandowski est la plus grande star de ce milieu et ses travaux ont servis de bases pour l'ensemble du marché.
L'ex cadre de Google s'est confié récemment chez nos confrères de Bloomberg, et on peut dire qu'il y est allé cash. Pour lui, les résultats des chercheurs du secteur sont trop décevants et l'avenir des voitures électriques autonomes n'est pas aussi bien dessiné que la plupart des gens le croient.
Il a alors déclaré la phrase suivante, traduite par nos soins :
Bonne chance pour trouver une autre industrie qui a investi autant d'argent en recherche et développement pour des résultats aussi maigres.
- Anthony Lewandoski
En parallèle à ces propos froids mais réalistes le milliardaire Elon Musk ne cesse de vanter les avancées de ses Tesla et continue à promettre un avenir proche complètement autonome... à tort ?
Tesla, Google... les voitures électriques du futur risquent d'avoir besoin de vous derrière le volant
Tout le monde le sait, Elon Musk est un personnage à la langue bien pendue. La grande gueule du patron de Tesla ne saurait cacher la dure réalité pour son secteur : les IA sont loin d'être assez douées, la technologie nécessaire aux voitures complètement autonomes ne sera pas prête avant un bon moment.
Ce n'est évidemment pas nous qui le disons, mais Anthony Levandowski, toujours aussi tranchant, qui a déclaré :
Pour l'heure, la conduite autonome est avant tout une illusion
- Anthony Levandowski
Cette illusion est entretenue par les constructeurs et leurs bandes démo en 3D. Derrière les vidéos à l'effet "wow" partagées par des figures comme Elon Musk, l'ingénieur franco-américain révèle une réalité bien plus terne : les plus grands experts mondiaux sur le sujet des voitures autonomes butent encore sur des problèmes basiques.
Exemple tout bête : un virage à gauche dans un croisement sans feu de circulation est encore extrêmement complexe pour les IA les plus récentes.
Et ne parlons même pas des cas complexes comme les dilemmes moraux auxquels devront répondre les IA en cas d'incidents (par exemple : est-ce préférable de protéger la vie des piétons ou des occupants de la voiture ?).
Pour Anthony Levandowski ansi que d'autres spécialistes du milieu, le monde des voitures autonomes est aujourd'hui plus vecteur de risques que de profits.
Comprendre les voitures autonomes grâce à cette échelle très simple
Il existe une échelle qui mesure l'autonomie des voitures électriques. Cette échelle va de 0 à 5.
- Niveau 0 : 100% de la conduite est réalisée par un être humain, l'écrasante majorité des véhicules produits encore aujourd'hui en sont toujours là.
- Niveau 1 : Assistance à la conduite, mais le conducteur doit garder les yeux sur la route et les mains sur le volant. Ici, on parle d'une aide légère pour aider à suivre une ligne blanche, réguler sa vitesse par rapport aux véhicules autour de vous, freiner automatiquement en cas d'urgence et/ou encore une profiter d'une légère direction assistée.
- Niveau 2 : Vous pouvez lâcher les mains mais pas votre vigilance. Certains véhicules haut de gamme embarquent cette automatisation partielle. Les voitures autonomes de niveau 2 n'ont pas pleinement conscience de leur environnement et peuvent se débrouiller dans certaines conditions mais le conducteur ou la conductrice reste pleinement responsable de la supervision.
- Niveau 3 : La voiture peut faire tout toute seule dans certaines conditions, mais vous devez être capable de reprendre le contrôle à tout moment. Une voiture de niveau 3 a conscience de son environnement grâce à une bardée de capteurs, et peut même effectuer des dépassements par exemple. Dans les conditions les plus simples, comme une autoroute ou un embouteillage, il est possible de tout déléguer à une voiture autonome de niveau 3 (l'Autopilot Tesla oscille entre les niveaux 2 et 3).
- Niveau 4 : Dans certaines conditions, vous pouvez regarder une série Netflix en voiture. Au niveau 4, même plus besoin de rester alerte et vigilant(e) dans les conditions de conduite les plus simples. Quand tous les critères pour l'activation de l'autopilotage sont remplis, tout est délégué à la machine. La personne derrière le volant doit tout de même être capable de manoeuvrer dans des conditions difficiles et de s'arrêter seule.
- Niveau 5 : Même plus besoin de volant, autonomie parfaite.
Vous l'avez compris, le rêve, l'objectif à atteindre, et l'image mentale du grand public lorsqu'on parle de véhicules autonomes, c'est ce fameux niveau 5. Les experts du domaines sont assez unanimes sur la question : il va encore falloir des années et des milliards avant d'atteindre ce Graal.