La production de l'hydrogène est soit très polluante, soit demande une grande quantité d'énergie. Dans les deux cas, difficile d’en faire un argument positif pour la planète. Une solution existe pourtant, utilisant des microbes pour faire de l'hydrogène.
Innover dans la production d'hydrogène
Actuellement la production d'hydrogène est réalisée via deux grandes méthodes. La première vient de l’extraction pétrolière qui est ensuite transformée en dihydrogène. C’est un procédé très polluant, mais qui a l'avantage d’être pas cher. Un non-sens, car on utilise du pétrole pour faire de l'hydrogène pour ensuite alimenter les véhicules.
De l’autre, il y a la production d'hydrogène via électrolyse de l’eau. Pour cela il faut injecter une grande quantité d'électricité dans une solution hydrique. Cela sépare les atomes d'hydrogène de l’eau. Le problème est que cette électricité est utilisée pour produire un carburant. Comme pour le cas précédent, on utilise une énergie qui est déjà employée pour produire une autre énergie. La version "écolo" en utilisant des énergies renouvelables ne représente que 5% de la production mondiale…
On arrive donc à la grande innovation : utiliser des bactéries pour extraire le dihydrogène du pétrole. À première vue on pourrait voir les bactéries comme des parasites, pourtant il s’agit d’un moyen de faire de la biostimulation et de créer de la valeur dans une ressource autrement délaissée.
Des bactéries à la rescousse les puits de pétrole à sec !
Tout le concept, nommé Gold Hydrogène, est d’injecter des bactéries dans des puits de pétrole désaffectés pour produire de l'hydrogène. Cela nécessite une très faible quantité d'énergie et surtout cela utilise les infrastructures déjà existantes.
Dans un schéma de l'entreprise américaine Cemvita Factory, on découvre le procédé exact, ainsi que son produit :
- De l’eau recyclée est injectée dans un puits d’hydrocarbure avec des nutriments, des microbes et un inhibiteur
- Une stimulation organique a alors lieu, créant une réaction chimique
- L’hydrogène est alors poussé à la surface où il sera traité
- Du CO2 est aussi produit, il sera stocké dans l’usine
Le procédé est simple et très peu énergivore. La seule question reste de savoir ce qui sera fait de ce dioxyde de carbone extrait. En Islande, des entreprises l’injecte dans la roche pour faire revenir le carbone à la source, c'est-à-dire la terre. Ce procédé pourrait aussi être utilisé.
La méthode permet aussi de rentabiliser des puits de pétrole qui seraient autrement abandonnés et rebouchés. Cela donne de la valeur à un produit qui devrait coûter de l’argent.
Cemvita Factory est parvenu en laboratoire à créer du dihydrogène pour 1 dollar de kg. Le directeur du groupe explique : “En très peu de temps, nous avons déplacé nos microbes du laboratoire vers le terrain. La production d'hydrogène dans cet essai a dépassé nos attentes.” Pour comparer les coûts, de l'hydrogène "vert", produit après électrolyse avec des énergies renouvelables coûte 16,8 dollars le kg.
Une solution innovante Low Tech à un problème majeur pour le futur. Surtout qu’avec l'arrivée prochaine de moteur thermique à hydrogène adaptable sur sa propre voiture, cette ressource deviendra essentielle. En produire en grande quantité et de façon abordable sera un enjeu majeur. Il ne s’agit pas de la solution à long terme, mais d’une méthode de transition vers une production plus propre.