Son histoire est connue de tous les amateurs de faits divers. Jeffrey Dahmer est un tueur en série, fasciné par la taxidermie et le fait de disséquer des animaux durant son enfance, qui a progressivement sombré dans une violence et un délire macabre, au cours de laquelle il tue au moins 17 fois entre 1978 et 1991, conservant parfois auprès de lui les cadavres de ses victimes, séduites et droguées dans des bars.

Dahmer : un succès d'audience, mais de nombreuses polémiques

Pour incarner le tueur, Netflix et le réalisateur Ryan Murphy ont fait appel à Evan Peters, que les amateurs d'American Horror Story connaissent bien. L'idée est de raconter les horreurs commises à travers les victimes, dont les proches ont été incarnés à l'écran par différents acteurs, reproduisant de nombreuses scènes du procès. On y retrouve notamment Niecy Nash, Molly Ringwald, Richard Jenkins, Colin Ford ou encore Rodney Burforf. Véritable carton pour la plateforme de SVOD, Dahmer – Monstre : L'Histoire de Jeffrey Dahmer fait l'objet de nombreuses polémiques, liées à l'utilisation du tag LGBTQ, correspondant à l'homosexualité de Jeffrey Dahmer et de la plupart de ses victimes.

La communauté a manifesté son mécontement, estimant que le tag n'était pas à propos, et que cela nuisait à la représentation. Netflix a répondu favorablement aux demandes, et retiré le tag. Peu après, une assitante de production dénommée Kim Alsup, a confié à Premiere avoir été victime de racisme pendant la production, qualifiant l'expérience de "'une des pires séries sur lesquelles (elle a) travaillé dans (sa) vie. Netflix n'a pas communiqué à ce sujet.

Les familles des victimes sont en colère et le font savoir !

Mais les critiques les plus virulentes proviennent des familles des victimes, qui, depuis la mise en ligne de la série, ne cessent d'indiquer qu'elles n'ont pas été consultées, et que leur accord n'avait pas été demandé. Rita Isbell, la sœur d'Errol Lindsey, assassiné en 1991, s’est indignée, déclarant : "Je trouve que Netflix aurait dû nous demander si cela nous dérangeait, ou ce que nous ressentions. Ils ne m'ont rien demandé, ils ont juste fait leur série".

J’aurais pu penser que c’était moi. Ses cheveux étaient comme les miens, elle portait les mêmes vêtements. J’avais l'impression de tout revivre. Cela a ramené toutes les émotions que je ressentais à l’époque, a-t-elle poursuivi.

Un avis suivi par Eric Perry, le cousin d'Errol Lindsey :

Je sais que les 'true crime' font un carton en ce moment, mais si vous voulez vraiment savoir, les familles des victimes sont en colère contre cette série. C’est traumatisant, encore et encore, et pour quoi faire ? De combien de films, de séries, de documentaires avons-nous besoin ? Ils n’informent pas les familles lorsqu’ils font un truc comme ça (...) Ma famille l’a découvert en même temps que tout le monde. Alors quand ils disent qu’ils font ça 'dans le respect des victimes' ou 'en respectant la dignité des familles', en fait, personne ne les contacte.

Plus récemment, Shirley Hughes, mère de Tony Hughes, une autre des victimes de Jeffrey Dahmer, s'est exprimé, et sa réaction ne diffère pas des autres témoignages. La mère de Tony, âgé de 31 au moment de son assassinat en 1991, ne comprend pas comment les familles des victimes et les victimes ont pu être représentées sans leur accord , remettant même en cause certaines reconstitutions faites dans la série :

Je ne vois pas comment ils peuvent faire ça. Je ne vois pas comment ils peuvent utiliser nos noms et diffuser ce genre de choses là-bas. Cela ne s'est pas passé comme ça, a indiqué Shirley Hughes auprès de The Guardian.

Cela ne retire pas à la série Dahmer ses qualités intrinsèques, mais risque de détourner une partie du public de ce qu'elle a à proposer. Rappelons qu'Evan Peters, qui incarne le tueur, s'est longuement plongé dans les biographies, les documentaires, les enregistrements audio et les rapports de police. Ce dernier a déclaré avoir été horrifié, et que rentrer dans la peau du personnage a été particulièrement difficile. Jeffrey Dahmer a été arrêté le 22 juillet 1991 et condamné à 17 fois la peine de perpétuité. Attaqué en prison, il est décédé le 28 novembre 1994, à l'âge de 34 ans.