Alors que Sony et Microsoft s'affrontent à coup de déclarations et de rencontres avec les instances pour faire valider ou invalider le rachat d'Activision-Blizzard, l'éditeur derrière Call of Duty, Diablo ou encore Overwatch 2 doit gérer ses propres affaires, avec une situation toujours tendue.
Syndicalisation dans le jeu vidéo : le précédent créé chez Raven Software
Fin 2021, les testeurs d'assurance qualité de Raven Software (Call of Duty Warzon) se sont mis en grève, pointant du doigt des promesses non tenues, et au licenciement de 12 personnes à qui Activision-Blizzard aurait promis une revalorisation et une internalisation. Avec le soutien du groupe de salariés ABK Workers Alliance, 60 travailleurs ont cessé d'oeuvrer, un phénomène rarissime dans le jeu vidéo, et d'autant plus aux Etats-Unis. Cette situation se rajoutait aux enquêtes sur des cas de harcèlement, d'agressions sexuelles et de discrimination au sein de l'éditeur, qui ont d'ailleurs déclenché des enquêtes de la part des organismes publics.
Durant cette grève, un certain nombre de salariés ont décidé de lancer une procédure visant à créer un syndicat interne, et ce fut le départ d'une guerre de communication, Activision estimant qu'un syndicat ne représente pas les salariés et que la communication directe était à privilégier, tandis que les salariés estimaient devoir se regrouper pour tenir tête à la direction. En mai 2022, après un vote et une évaluation par le National Labor Relations Board, le syndicat Game Workers Alliance est officiellement né chez Raven Software.
Activision Blizzard condamné pour action illégale liée à l'embauche et la revalorisation
C'est durant cette période qu'Activision a accordé des augmentations de salaire, des emplois à temps pleins et un taux horaire de 20$ à 1100 salariés. Problème, ces 1100 salariés ne comprenaient pas ceux qui étaient impliqué dans la procédure de syndicalisation. Activision-Blizzard assurait alors se conformer à la loi, mais les salariés concernés ont tout de même déposé un recours auprès de ce même National Labor Relations Board. Ils ont visiblement bien fait, puisque le NLRB vient de donner raison aux plaignants, estimant que la façon de procéder d'Activision Blizzard est illégale. Une situation qui met le syndicat dans une meilleure position qu'avant en vue de la rédaction de la convention collective. Le syndicat se félicite évidemment de la décision, déclarant :
Malgré tous leurs efforts, les tentatives constantes d'Activision de saper les efforts de ses travailleurs et d'entraver notre élection syndicale ont échoué. Nous sommes heureux que le NLRB ait reconnu qu'Activision a agi de manière illégale en appliquant de manière inégale ses politiques et en retenant les avantages sociaux et les augmentations de salaire des travailleurs de Raven pour s'être syndiqués.
Du côté d'Activision-Blizzard, c'est auprès de Techrunch qu'on s'exprime, en réaffirmant avoir agit dans le cadre de la loi :
En raison d'obligations légales en vertu de la NLRA exigeant que les employeurs n'accordent pas d'augmentations salariales alors qu'une élection est en cours, nous ne pouvions pas instituer de nouvelles initiatives salariales à Raven car il s'agirait de tout nouveaux types de changements de rémunération, qui n'avaient pas été planifiés à l'avance. Cette règle selon laquelle les employeurs ne doivent pas accorder ce type d'augmentations salariales est la loi depuis de nombreuses années.
Le fil rouge : le rachat d'Activision Blizzard King par Xbox
Le rachat d'Activision Blizzard par Microsoft, estimé à 68,7 milliards de dollars, n'est pas encore acté. Aux États-Unis et en Europe, les instances étudient le dossier pour le valder ou non. Depuis la rentrer, Sony tente une offensive en avançant divers arguments sur le risque que représente cette fusion pour le marché, avec en point pivot la disponiblité de la licence Call of Duty sur l'ensemble des supports.
Microsoft et Sony se rendent coup pour coup avec des arguments sur les bénéfices liés à la fusion, ou sur les dommages que cela pourrait créer au sein de l'industrie. Les instances ne veulent pas faire n'importe quoi, à l'image de la Commission Européenne, qui a décidé de prolonger son travail d'enquête jusqu'au 08 novembre prochain.