Selon un article universitaire publié dans le journal Archives of Disease in Childhood, la présence d’assistants vocaux au sein de l’environnement de jeunes enfants pourrait avoir un impact sur leur développement social. De quoi motiver la réflexion autour de l’usage des enceintes connectées.
Pour un adulte, l’utilisation d’une enceinte connectée équipée d’un assistant vocal peut avoir de nombreux avantages : retrouver un smartphone perdu, utiliser des appareils connectés, lancer l’écoute de musique ou encore activer la lecture d’un livre électronique. Des petites actions du quotidien qui sont devenues anodines pour bien des utilisateurs.
Mais qu’en est-il des enfants ? Pour les plus jeunes qui sont nés bercés par ces technologies et qui n’ont pas le recul d’une grande personne, la perception d’un assistant connecté peut s’avérer différente. C’est, en tout cas, l’hypothèse relevée par Ananya et Anmol Arora, deux chercheurs de l’université de Cambridge, qui ont publié une étude sur le sujet.
Un ami virtuel un peu trop humanisé ?
Selon l’article, publié par le journal Archives of Disease in Childhood et relayé par Bloomberg, les appareils équipés d’un assistant vocal pourraient avoir « des conséquences à long terme sur l’empathie, la compassion et la pensée critique » des enfants.
La raison à cela tiendrait à la voix à consonance humaine qu’ont généralement les assistants comme Siri, Alexa ou encore celui de Google. Les chercheurs craignent que les enfants en viennent à « sur-anthropomorphiser les appareils numériques » et donc à leur donner des caractéristiques humaines qu’ils n’ont pas.
Par ailleurs, le fait qu’il faille parler d’une certaine manière, souvent autoritaire, aux assistants vocaux se présente également comme un problème dans l’apprentissage du langage et de la communication verbale en général. D’autant plus qu’il n’est pas nécessaire d’être poli avec Siri ou Google Assistant pour avoir une réponse. « Le manque de capacité à s’engager dans une communication non verbale fait de l’utilisation des appareils une mauvaise méthode d’apprentissage de l’interaction sociale », estiment les chercheurs.
Des craintes qui ne sont pas (encore) prouvées
Si l’article d’Ananya et Anmol Arora pose certaines questions pertinentes concernant le rôle que peut jouer la technologie sur le développement des jeunes enfants, il n’apporte cependant pas de preuve réelle que les assistants vocaux sont un danger pour les plus jeunes. « Cet article académique ne fournit aucune nouvelle preuve de l’impact des assistants vocaux sur les enfants », estime le Dr Amy Orben, responsable du programme à l’unité MRC Cognition and Brain Sciences de l’Université de Cambridge, interrogée par Bloomberg. « C’est un article d’opinion, et son argumentation repose en grande partie sur des reportages et des preuves anecdotiques, citant extrêmement peu de preuves scientifiques. » Et la scientifique d’ajouter que « Les impacts des assistants vocaux sont probablement mitigés et très dépendants de la façon dont ils sont utilisés par les enfants ».
Une situation qui n’a pas manqué de faire réagir Amazon, très présent sur le marché des assistants vocaux avec Alexa. « Beaucoup de nos clients nous ont dit qu’Amazon Kids sur Alexa, Echo Dot Kids et Kids Skills aidaient leurs enfants, y compris ceux atteints d’autisme et de TDAH », a notamment expliqué un porte-parole.
Par ailleurs, Alexa est le seul assistant vocal du marché à embarquer un « mode politesse » qui encourage les jeunes utilisateurs (mais aussi les plus vieux !) à dire « s’il vous plait » et « merci » au moment de communiquer avec un appareil connecté. « Nous pensons que la technologie vocale sera une grande partie de l’avenir et notre objectif est de fournir une expérience éducative pour les enfants combinée avec des contrôles qui rassurent les parents. » Alors, vraie interrogation, ou faux débat ?