Dans une carrière de journaliste JV, il y a des étapes clés - des “milestones” comme on dit pour une production de jeu vidéo. J’pense par exemple à une enquête qui a demandé de longs mois de boulot, à une interview avec un développeur qu’on adore ou une “simple” review. Et parfois, on comprend qu’on va devoir juger l’un des jeux de l’année, voire de la décennie. C’est ce qu’il m’est arrivé avec Elden Ring ! Voici comment, en tant que testeur, j’ai abordé ce véritable mastodonte.
Des conditions (presque) extrêmes
Alors oui, la vie de journaliste jeu vidéo, c’est souvent palpitant. Mais parfois, c’est franchement panique à bord. Un cas clair et précis : donner une note à Elden Ring en un temps record, alors qu’il faut au moins une centaine d’heures pour le juger correctement. Loin de moi l’envie de vous dire que ce ne fut pas une sacrée expérience, le postérieur écrasé sur le canapé à monopoliser la télé du living-room, en plein “self-control” pour maîtriser ma frustration et ne pas trop regarder l’horloge qui avance dangereusement. Honnêtement, en bout de course, j’étais lessivé (surtout après le marathon de tests Pokémon Arceus, Horizon Forbidden West) mais j’ai aussi vécu une expérience plutôt incroyable. Une sorte de shot instantané de tout ce que peut offrir Elden Ring.
Elden Ring au panthéon du jeu vidéo ?
Pour rappel, Elden Ring est une suite spirituelle à la trilogie Dark Souls, elle-même développée par FromSoftware. Pour le jeu qui nous intéresse, c’est le même studio qui est aux commandes (avec notamment son président star Hidetaka Miyazaki) et c’est une sorte d’aboutissement plus gros et ambitieux de la franchise originale. Le plus gros changement ici, c’est l’introduction d’un monde ouvert qui se superpose aux habituels niveaux fermés et tortueux - désormais contenus dans les “Legacy Dungeons”. De ce fait, Elden Ring ajoute une composante exploration inédite pour le genre et pour un coup d’essai, c’est un coup de maître. Déjà que le gameplay des Souls est béton, l’open world démultiplie tout ce qu’on pouvait en attendre. Le jeu est beau, captivant, challengeant. Un titre d’exception ! Sur Metacritic, c’est du 96/100 et sur JV, un très beau 18/20.
Je vous passe le détail des ventes (16,6 millions d’exemplaires en six mois) mais en gros, c’est un carton absolu pour l’éditeur Bandai Namco et son développeur FromSoftware. De mon côté, - ça va peut-être vous surprendre - je n’ai d’abord pas anticipé la portée, le potentiel démesuré d’Elden Ring. Eh oui, lors d’une phase de test, on a méchamment la tête dans le guidon, surtout quand il s’agit d’un jeu aussi long et attendu ! Mon seul but à ce moment, c’est d’avancer à fond et de voir un maximum de choses pour écrire mon papier. À ce moment, rien d’autre ne compte.
Retour sur l’Entre-Terre qui en dit long
C’est certain, j’ai plus apprécié Elden Ring après sa sortie que pendant ma course sans fin pour tenter de le terminer. C’est la réalité du métier (pauvre de moi, n’est-ce pas) et il faut apprendre à en tenir compte dans l’écriture d’un test. Un ressenti à une heure du matin avec douze heures de jeu non-stop dans les pattes sera forcément différent, du moins plus nuancé, à tête reposée ! Maintenant, des mois après la sortie d’Elden Ring, je prends du plaisir à retourner sur les routes de l’Entre-Terre, à combattre les boss encore invaincus, à découvrir d’autres secrets. Malgré un moment de jeu très intense pour le test, je ne m’en suis pas dégoûté. La marque d’un GOTY ?