Cela fait maintenant un an que le Salvador expérimente l’utilisation du Bitcoin en tant que monnaie légale au sein de son pays – l’occasion idéale de tirer un bilan de cette démonstration à grande échelle.
Le Salvador : un test grandeur nature pour Bitcoin
Le plus petit pays d’Amérique latine situé entre le Guatemala et le Honduras fait l’objet d’une expérimentation inédite… Depuis le 7 septembre 2021, le président Nayib Bukele a décrété que le Salvador accueillait officiellement une nouvelle monnaie légale : le Bitcoin.
La mise en place de la loi Bitcoin n’était pas totalement désintéressée de la part du président, puisque Nayib Bukele est considéré comme un véritable amateur de cryptomonnaie.
À travers cette innovation financière, l’objectif était, entre autres, d'économiser les frais bancaires liés à la devise du dollar - s’élevant à 400 millions par an. Avec les flux migratoires importants, le Salvador voyait environ 22 % de son PIB s’envoler dans les taxes et les conversions des expatriés Salvadoriens.
Aussi, Nayib Bukele comptait tirer parti des énergies renouvelables qu’offre le pays des volcans. Dans cet objectif, le président du Salvador a entrepris la création de multiples infrastructures permettant d’utiliser l’énergie du volcan pour miner du Bitcoin.
« Nous sommes encore en train de tester et d’installer, mais c’est officiellement le premier minage de bitcoins depuis le volcanode » écrivait fièrement le président du Salvador le 28 septembre, Nayib Bukele.
Dans la logique de construire un nouvel eldorado, le président Nayib Bukele avait également promis de construire "Bitcoin City", une sorte de paradis fiscal pour les investisseurs et les mineurs de cryptomonnaies.
1 an après, que reste-t-il de ses nombreuses promesses ?
Une première année d’anniversaire du Bitcoin qui laisse dubitatif
Bien qu’une majorité des habitants du Salvador s’étaient opposée à la décision du chef d’Etat par crainte de la nouveauté, ils ont été plusieurs à franchir le pas et à utiliser Bitcoin pour les paiements de la vie de tous les jours. Certains l’utilisaient même bien avant la loi Bitcoin, à l’image des commerces non loin des spots de surf réputés. Très fréquenté par les touristes, ces endroits mettant en lumière les atouts de Bitcoin, à savoir de permettre aux voyageurs d’échanger de la valeur sans passer par une quelconque conversion.
Néanmoins, après l'adoption massive du bitcoin comme monnaie légale au Salvador, les habitants sont en proie à une certaine désillusion.
Durant les premiers mois, l’application permettant d’utiliser Bitcoin a été téléchargée par près de 4 millions sur 6,6 millions d’habitants. Toutefois, il ne semble plus être employé par les habitants :
"Pendant un moment, oui, j'ai utilisé le bitcoin. Mais au train où vont les choses, je n'ai plus confiance, et j'ai même supprimé l'application", explique Carmen Mejia, une étudiante de 22 ans.
Premier état de fait, les habitants ayant acheté du Bitcoin sous les conseils du président subissent la chute du cours de la cryptomonnaie de plein fouet. En effet, le Salvador a entrepris l’adoption du Bitcoin en monnaie légale alors que celui-ci était en plein bull market (marché haussier en crypto). Ainsi, l’état et les habitants ont acheté du Bitcoin lorsqu’il coûtait aux alentours de 40 000 €. Aujourd’hui, le cours du Bitcoin est fixé autour des 20 000 €, divisant par deux le pouvoir d’achat des Salvadoriens.
Pour ce qui est des caisses du Salvador, selon l’entreprise de notation de crédit Moody's, elle enregistre une perte de 57 millions de dollars suite à l’achat de Bitcoin pour une valeur de 106 millions.
Au-delà de la baisse du marché, indépendante de la volonté du président, l’effet positif que devait avoir le Bitcoin sur les transferts d’argent des immigrés se fait toujours attendre… Et pour cause, selon les données de la Banque centrale salvadorienne, ils seraient "moins de 2 %" à utiliser Bitcoin pour ce type de transaction.
Bitcoin City : le mirage du Salavador
Malgré peu d’éléments encourageants dû au contexte du marché des cryptomonnaies, le président du Salvador a cependant constaté que le Bitcoin était un atout touristique. C’est en tout cas ce que laissait penser les récentes interventions du gouvernement Salvadorien sur Twitter. Dans cette optique, Nayib Bukele compte devenir un « eldorado » du Bitcoin et cela passe par la construction d’une ville dédiée à la cryptomonnaie : Bitcoin City.
Dans l’idée, la nouvelle ville devait se situer sur le flanc du volcan Conchagua et son architecture devait former une immense cercle à la manière d’une pièce de monnaie. Jonchées de commerces en tout genre permettant l’utilisation du Bitcoin , les rues de Bitcoin City devait être majoritairement piétonnes avec quelques pistes cyclables.
Pour mener à bien ce projet, le président avait émis l’idée d’emprunter un demi-milliard de dollars en cryptomonnaie. Cependant, après plusieurs mois, le projet ne semble pas être très avancé…
Un an après son inauguration au Salvador, Bitcoin laisse perplexes les habitants. Le gouvernement subit le contexte de bear market (marché baissier dans le cycle des cryptomonnaies). Cependant, afin de profiter de cette baisse des cours, Nayib Bukele continue d’agir en tant que véritable Bitcoin Maximaliste. Il a récemment indiqué avoir acheté 80 bitcoins au cours de 19.000 dollars sur le compte du Salavador. Dès lors si le bitcoin est amené à remonter cela pourrait rattraper en partie les pertes engendrées au début d’année - un scénario fort probable quand on connaît le potentiel volatil des cycles du Bitcoin.
Qu’est-ce que Bitcoin ?
Bitcoin est avant tout un réseau de paiements permettant à ses utilisateurs d’échanger de la monnaie de pair-à-pair. Il est basé sur une monnaie numérique qu'on appelle Bitcoin (BTC).
Grâce à la technologie de la blockchain*, Bitcoin offre la possibilité d’effectuer des paiements décentralisés, c’est à dire sans tiers ou autorité de confiance. Dans cet état d’esprit, Bitcoin a été initialement créé pour être un système alternatif aux banques.
Qu’est-ce que la blockchain ?
La blockchain (chaîne de blocs littéralement) est en quelques sortes la numérisation de la confiance. Concrètement, son code permet aux utilisateurs du web d’échanger de la valeur de pair-à-pair avec un système de validation décentralisée. Toutes les actions effectuées sur une blockchain sont anonymes mais transparentes.
Le mathématicien Jean-Paul Delahaye explique qu’on peut visualiser cette grande archive comme « un très grand cahier, que tout le monde peut lire librement et gratuitement, sur lequel tout le monde peut écrire, mais qui est impossible à effacer et indestructible ».
Qui dirige Bitcoin ?
Si le nom derrière Bitcoin est connu de tous, Satoshi Nakamoto, personne ne connaît véritablement l’identité du créateur. Dans tous les cas, cela importe peu puisque Satoshi a peu de pouvoir sur son code.
En effet, Bitcoin est décentralisé, ainsi, il ne dépend d’aucune entité. Son réseau n'appartient à personne puisque c’est le consensus de ses utilisateurs qui permet le changement de son protocole. Les développeurs peuvent procéder à des modifications seulement si les mineurs et les nœuds du réseau sont en accord avec le choix.
Comment fonctionne Bitcoin ?
Le réseau Bitcoin fonctionne grâce à ses utilisateurs. Pour réaliser les transactions des utilisateurs, Bitcoin a fait fonctionner sa chaine de bloc. Concrètement, chaque mineur met en compétition ses machines (carte graphique, ASICs) pour résoudre une équation afin de valider la véracité du bloc. Ainsi, le réseau Bitcoin s’assure d'émettre des transactions sécurisées scruter par plusieurs intermédiaires binaires.
Comment obtenir du Bitcoin ?
Le minage
Toute personne mettant à contribution sa puissance de calcul matériel (carte graphique, ASICs) est rémunérée en BTC en fonction de son implication dans le réseau.
Les plateformes d’échanges
Outre le minage, Bitcoin peut s’obtenir sur des plateformes d’échanges de cryptomonnaies contre de la monnaie fiduciaire entre autres (euros, dollars, etc.).
Où stocker du bitcoin ?
À la manière du cash, Bitcoin peut être stocké sur des portefeuilles virtuels, généralement appelés wallet. Il existe plusieurs types de wallet :
Hot Wallet
Les portefeuilles chauds sont des solutions de stockage de clés privées reliées à Internet. Sous forme de logiciels, ces portefeuilles peuvent être des applications, des extensions ou encore des sites web.
Cold Wallet
Les portefeuilles froids sont une alternative plus sécurisante pour les cryptomonnaies. En effet, les clés privées de ces portefeuilles ne sont pas stockées en ligne, de ce fait, il est bien plus dur pour un pirate informatique d’y avoir accès. Ces portefeuilles prennent généralement l’apparence d’une clé USB ou même de papier.