Alors qu’Ubisoft vient de nous dévoiler Assassin’s Creed Mirage, un opus qui sent bon le retour aux sources, je me surprends à penser à celui qui restera toujours à mes yeux, le meilleur opus de la franchise et même l’un des meilleurs jeux vidéo de l’Histoire : Assassin’s Creed II.
Sommaire
- Ezio et l’Italie… Que demander de mieux ?
- Le véritable premier Assassin’s Creed ?
- 13 ans plus tard, toujours une référence
Cet article est un billet d’opinion, il est par nature subjectif. L'avis de l'auteur est personnel et n'est pas représentatif de celui du reste de la rédaction de JV.
Ezio et l’Italie… Que demander de mieux ?
On a tous nos licences de cœur. La mienne, c’est Assassin’s Creed. Bien sûr, la nostalgie y est pour quelque chose. C’est avec la licence d’Ubisoft que j’ai découvert le principe de mondes ouverts et la liberté (certes parfois relative) qu’ils impliquent. Rien que le fait de pouvoir courir sur des murs dans un monde en 3D et escalader de grandes cathédrales et autres monuments historiques, m’avait conquise, et ce même malgré les chutes inopinées. J’ai rarement pris autant de plaisir dans un jeu qu'au moment de gravir la Cathédrale Santa Maria del Fiore et j'avoue que cela me fait toujours un petit quelque chose. Même Notre Dame ou les pyramides d’Égypte n’ont pas réussi à lui arriver à la cheville. Et s’il est tant difficile de rivaliser avec la belle Florence, c’est qu’Assassin's Creed II a une place toute particulière dans mon petit cœur, et c’est le cas pour de nombreux fans de la série.
Chacun a certes son opus préféré, mais celui qui est le plus souvent cité et reconnu comme le grand maître de la licence, c’est bien le premier épisode de la trilogie d’Ezio. Et l’assassin italien n’y est pas pour rien. Même si vous n’avez jamais joué à un Assassin’s Creed, vous avez très certainement déjà entendu parler d’Ezio Auditore. L’Italien a su se faire un nom dans le milieu du jeu vidéo, notamment grâce à son charisme et son histoire vengeresse, mais pas que. De fougueux jeune homme à sage père de famille, Ezio a eu le droit à une évolution intéressante et un développement sacrément poussé de la part d’Ubisoft qui lui a consacré trois jeux (dans la trame principale). Ajoutez à cela des antagonistes particulièrement détestables (quel plaisir d’assassiner l’arrogant Vieri de' Pazzi ou le vil Uberto Alberti) et vous obtenez un récit qu’on se plaît à parcourir de bout en bout. Sans oublier les moments avec Desmond, personnage également emblématique de la licence.
Et puis il y a la période et le lieu : Florence (et d’autres villes italiennes) durant la Renaissance Italienne. Contrairement au Moyen-Orient d’Assassin’s Creed, le contexte exploré par le deuxième opus parle aux Occidentaux. Je me souviens encore de mes cours de CM2 où on évoquait François Ier et son amour pour les idées de la Renaissance italienne, faisant venir à sa cour des acteurs importants de cette période comme Léonard de Vinci. De façon générale, tout le monde connaît le peintre/inventeur, au moins pour La Joconde, sans doute aussi pour La Cène, l’Homme de Vitruve ou ses nombreuses inventions ingénieuses. Forcément, voir cette figure historique débarquer dans un jeu, ça fait tout drôle. En exploitant à fond le potentiel historique de l’époque, Ubisoft nous a fait cadeau d’un jeu à la fois parlant et intriguant. Explorer les mystères de la Renaissance Italienne, utiliser les créations de Léonard de Vinci, infiltrer le Palais du Vatican… Assassin’s Creed II nous faisait de bien alléchantes promesses et la réalisation était à la hauteur.
Je sais bien que je l’ai déjà évoqué, mais il y a peu de jeux qui m’ont autant donné l’impression exaltante de voyager qu’Assassin’s Creed II. Même les immenses plaines des open world modernes n’ont pas réussi à me produire le même effet. Parce qu’à l’époque, Assassin’s Creed II était un précurseur dans son genre. Peu de jeux avaient réussi à atteindre un tel niveau de réalisme et ils étaient encore moins nombreux à consacrer une bonne partie de leur développement à la recherche pour s’en assurer. Certes c’était déjà le cas dans le premier opus, mais la beauté de Florence a permis aux aventures d’Ezio de se démarquer de son prédécesseur et il faut dire que le travail de reconstitution a été beaucoup plus conséquent (recherches, visites sur place…) Surtout qu’avec sa formule retravaillée Assassin’s Creed II nous a offert la possibilité de pleinement profiter de ce voyage numérique, et forcément ça joue énormément sur le souvenir que cela m'a laissé et a certainement laissé à de nombreux joueurs.
Le véritable premier Assassin’s Creed ?
Vous connaissez très certainement le principe d’Assassin’s Creed. Composée de jeux d’action aventure basés sur l’infiltration et le parkour, la licence nous raconte le conflit sans fin de deux confréries ennemies : les Assassins et les Templiers. Le tout se fait sur fond de périodes historiques marquantes avec une liste de personnages à assassiner. Dans les grandes lignes, voilà ce que nous a introduit le premier opus de la licence, sorti en 2007. Sur bien des points, le titre se montrait donc déjà innovant. Le scénario (surtout avec l'inattendue double temporalité) est surprenant, les déplacements sont agréables et apportent des sensations nouvelles tandis que le travail sur la reconstitution est fou pour l’époque. Mais alors pourquoi n’est-ce pas de lui dont nous parlons aujourd'hui ?
Et bien parce que la formule d’Assassin’s Creed a réellement pris forme avec Assassin’s Creed II. Ce dernier a certes repris les bases particulièrement prometteuses de son prédécesseur mais leur a donné une autre ligne directrice. Moins dirigiste, le titre propose plus de liberté aux joueurs qui ne sont plus obligés d’enchaîner les quêtes une à une. Ce sentiment s’accompagne de zones plus vastes à explorer, des quêtes secondaires variées, de nombreux secrets à dénicher, des approches différentes avec les groupes de personnages à recruter… Oui, c’est bien avec Assassin’s Creed II que la licence vient intégrer le mot liberté à son credo. Un point qui, à mes yeux, est l’une des choses les plus appréciables dans cette licence et est donc indispensable à tout bon Assassin’s Creed.
De plus, c’est avec Assassin’s Creed II qu’Ubisoft va commencer à réellement façonner l’histoire de sa licence, ou plutôt sa métahistoire. Car dans Assassin’s Creed, il y a plusieurs couches de narration. On a d’un côté le présent avec toute la trame concernant Abstergo, le passé que l’on vit dans la peau d’un assassin, mais aussi un passé plus lointain encore avec l’histoire des Isus. Elle est parsemée de façon sporadique dans la plupart des jeux Assassin’s Creed et vous ne pouvez pas la comprendre sans vous être sérieusement penché sur Assassin’s Creed II (et les autres jeux de la trilogie d’Ezio).
Ce dernier prend donc une dimension surprenante que l’on n'avait pas vraiment vu venir et à l’époque cela m’a complètement chamboulé. Surtout qu’Ubisoft a sacrément bien fait les choses sur ce coup en récompensant les petits curieux avec une présentation en images de leur mythe de la genèse revisité. C’est bien amené, c’est surprenant et surtout ça fonctionne et ça m’a donné envie d’en apprendre plus et de m’intéresser réellement à cette franchise bien plus complexe et riche qu’il n’y paraissait. Cet ADN si particulier, c’est donc bien Assassin’s Creed II qui nous l’a façonné, pour notre plus grand plaisir.
13 ans plus tard, toujours une référence
Est-ce assez pour lui octroyer le titre du meilleur jeu Assassin’s Creed ? Et bien, il a indéniablement façonné une formule à part qui s’est peaufiné au fil des années. Et si aujourd’hui la licence a pris un tournant bien différent (bien qu’on retrouve certaines notions comme le sentiment de liberté), cette ancienne formule parle encore aux nostalgiques qui demandent depuis un bout de temps un retour aux sources pour la licence. Pourtant, on pourrait objectivement avancer qu’Assassin’s Creed Odyssey est un bien meilleur jeu qu’Assassin’s Creed II. Sur certains points, notamment techniques, c’est effectivement le cas. Mais pour certains, y compris moi, cela sonne comme une véritable aberration. Pourquoi ? Et bien je suis obligée de reconnaître qu’il y a forcément une part de nostalgielà-dedans, et c’est bien normal.
Assassin’s Creed II est un peu le symbole d’une époque lointaine où le jeu vidéo était en constante progression et évolution, une époque où l’émerveillement n’avait pas la même saveur qu’aujourd’hui. Le titre est sorti il y a 13 ans. Beaucoup parmi vous l’ont certainement découvert alors qu’ils étaient enfants, adolescents ou jeunes adultes. Peut-être que comme moi, Ezio est le premier personnage auquel vous vous êtes réellement attaché, désireux de suivre toutes ses aventures et attristé quand ces dernières ont pris fin. Peut-être même avez-vous découvert la licence avec Assassin’s Creed II (d’ailleurs je ne peux que vous recommander de commencer par là si ce n’est toujours pas votre cas). En somme, il y a bien des raisons qui peuvent faire d’Assassin’s Creed II un jeu spécial pour vous, bien des raisons qui font qu’aucun autre ne pourra l’égaler. Et ce rôle si particulier qu'il a joué dans la vie de nombreux joueurs suffit à le rendre méritant du titre de meilleur jeu Assassin’s Creed. Et pour moi, Assassin's Creed II est même un concurrent sérieux pour le titre du meilleur jeu.
Si le jeu vidéo a pendant longtemps été très dirigiste, il a, au fil du temps, appris à laisser plus de liberté aux joueurs avec les mondes ouverts et les jeux dits bac à sable notamment. Assassin’s Creed II n’invente rien à ce niveau. Le monde ouvert proposé par Ubisoft arrive après des open world particulièrement ambitieux et se place simplement dans une tendance qui a particulièrement plus de l’ampleur au début des années 2000. Mais le sentiment de liberté qui s’en dégage a, lui, quelque chose d’inédit. Des déplacements à l’exploration, des tombeaux aux plumes, de la grimpette aux quêtes secondaires, les villes italiennes d’Assassin’s Creed II sont votre terrain de jeu comme cela était et reste rarement le cas.
Ambitieux, Assassin’s Creed II l’est pour sûr, que ce soit sur le sentiment de liberté, mais aussi la complexité de son récit, les risques pris, la reconstitution et cette volonté de faire du jeu vidéo quelque chose qui va plus loin que le simple divertissement (l’Histoire comme terrain de jeu) qui est devenue un véritable credo pour Ubisoft au fil des années. Pour toutes ces raisons, il s'agit d'un must-have qui se découvre encore parfaitement bien aujourd'hui. N'est-ce pas suffisant pour lui laisser sa place sur le banc des meilleurs jeux vidéo de l'Histoire ?