Si l’ère du stockage dans le cloud a succédé à celui de la clé USB et du CD gravé, dans certaines administrations japonaises, un support de stockage encore plus vieux fait de la résistance, et le gouvernement espère bien le faire disparaître une fois pour tous.
Aujourd’hui, il est de bon ton de disposer d’un espace de stockage dans le cloud pour y sauvegarder des données que l’on n’a pas envie de perdre. En réalité, les experts en stockage et en sécurité préconisent même d’appliquer la règle du 3-2-1 : trois sauvegardes, deux supports de stockage différents et une sauvegarde « hors site », sur un cloud, par exemple.
Que vous suiviez ou pas ces recommandations, une chose est à peu près certaine, vous ne choisiriez pas d’utiliser une disquette de 3,5 pouces pour y stocker vos précieux fichiers. Il y a plusieurs raisons à cela :
- C’est un support totalement obsolète,
- Vous n’avez probablement pas de lecteur,
- Chaque disquette peut stocker moins de 2 Mo de données.
Si elle a disparu de la circulation dans de nombreux pays il y a plusieurs années, la disquette continue cependant de faire de la résistance sur un territoire pourtant réputé pour son goût des nouvelles technologies : le Japon.
Le Japon veut voir la disquette disparaître
La situation peut s’avérer surprenante, et pourtant, c’est une réalité : « Il existe environ 1900 procédures gouvernementales qui obligent les milieux d’affaires à utiliser des disques, c’est-à-dire des disquettes, des CD ou encore des MiniDisk pour soumettre certaines demandes » au Japon, explique sur Twitter Taro Kono. Celui-ci connaît son sujet, puisqu’il s’agit du ministre japonais chargé de la Réforme administrative, de la Fonction publique, d’Okinawa et des Territoires du Nord et de la Réforme réglementaire. En résumé, il est notamment en charge de simplifier les procédures administratives du pays, dans le but de mettre le numérique en avant.
Digital Minister declares a war on floppy discs.
— KONO Taro (@konotaromp) August 31, 2022
There are about 1900 government procedures that requires business community to use discs, i. e. floppy disc, CD, MD, etc to submit applications and other forms. Digital Agency is to change those regulations so you can use online.
C’est une réalité, aujourd’hui, certaines demandes administratives japonaises doivent se faire à l’aide d’une disquette en plastique dont l’espace de stockage est limité à 1,44 Mo. C’est à peine l’espace suffisant pour y stocker un document Word, mais on imagine que ça l'est tout de même dans certaines situations. Cependant, ce système de stockage est, aujourd’hui, totalement obsolète, en plus de ne pas être sécurisé du tout.
Bloomberg, qui détaille la situation, explique qu’il serait bien possible de transformer certaines procédures pour les faire basculer sur Internet. Le problème, c’est que rien dans les différents règlements des administrations japonaises n’évoque cette possibilité. De fait, comme rien ne décrit la mise en place de telles procédures, elles ne sont légalement pas autorisées.
Bientôt un vent de modernité au Japon ?
Taro Kono a annoncé sa volonté de se débarrasser le plus rapidement possible de ces supports archaïques, mais aussi du fax, qui est un appareil encore très utilisé au Japon. Mais il risque de se frotter à des opposants qui sont toujours de fervents utilisateurs de ces machines du siècle dernier.
Le ministre japonais du numérique a cependant profité de la Digital Concept Conference pour conforter sa position : il compte bien faire changer les différentes réglementations autour du numérique au cours de son mandat, et ainsi prendre la suite de son prédécesseur Yoshihide Suga qui s’était engagé à faire de même en 2021. Cependant, la brièveté du mandat de celui-ci l’avait empêché de mener son projet jusqu’à son terme.
Le Premier ministre japonais Fumio Kishida a apporté tout son soutien à Taro Kono et s’est engagé à l’aider dans cette démarche, en posant une question pertinente à l’époque de la virtualisation intensive : « Où peut-on acheter une disquette de nos jours ? » Nous aussi, on se le demande.