Les lois de l'Union européenne viennent régulièrement mettre des bâtons dans les roues des géants américains de la high tech. On en a encore eu un exemple récent avec l'imposition du chargeur universel qui va forcer Apple à se séparer de son cher port Lightning. Dans ce contexte, l'Europe ouvre une sorte d'Ambassade de la high tech aux États-Unis, au milieu des titans de la Silicon Valley.
Un rapprochement de l'Europe avec Apple, Google, Amazon et compagnie au cœur de la Californie
Nos confrères de Politico viennent de faire une révélation importante : dès le 1er Septembre 2022, l'Union européenne ouvrira une antenne dédiée à la tech en plein dans la Silicon Valley, vers la ville de San Francisco.
C'est Mr. Gerard de Graaf, directeur général des réseaux de communication du contenu et des technologies à la Commission européenne qui prendra la tête de ce nouveau bureau aux États-Unis. Il sera notre premier Ambassadeur de la high tech.
L'Europe a besoin de la tech et ambitionne de se développer en partie autour d'elles (pour alléger la fracture numérique, digitaliser les administrations, s'inscrire en tant que productrice et actrice de ce secteur...).
Malgré tout, même si la position des 27 est plutôt "pro technologie", les européen(ne)s attachent une grande importance à la régulation d'internet. Et ça, ça fait grincer des dents ces immenses entreprises qui cherchent à avoir le plus de liberté possible pour innover, et, disons-le, faire du profit.
Gerard de Graaf l'a déclaré : s'il faut que les discussions soient musclées, elles le seront. En attendant, ce rapprochement géographique entre Europe et Silicon Valley a été fait pour lancer des "discussions constructives".
"Ambassade de la high tech" aux États-Unis : l'Europe est la reine de la régulation mondiale
Le rôle principal de Gerard de Graaf sera d'ouvrir plus amplement les discussions avec Google, Meta, Amazon et autres mastodontes américains. Et ils n'ont pas beaucoup d'autres choix que d'être à l'écoute.
Il y a très peu de temps, le Digital Service Act (DSA) et le Digital Market Act (DMA) ont été votés et adoptés par Bruxelles. Dès l'année 2023, de nombreuses choses seront imposées aux acteurs des Big Tech :
- Une surveillance accrue des potentielles situation monopolistiques, d'abus de position dominante et autres pratiques qui nuisent à la saine concurrence ;
- Une modération plus efficace contre les propos haineux, les fake news et autres contenus illégaux en ligne ;
- Des interdictions strictes comme la pré-installation d'applications ou l'utilisation de données non-publiques ;
- Des sanctions plus dures contre les entreprises en cas de manquement à la loi, on peut même parler en milliards d'euros / dollars.
Avec environ 750 millions d'habitants, l'Europe constitue un marché deux fois plus grand que les États-Unis pour les géants de la tech de la Sillicon Valley. Les décisions politiques du Parlement européen peuvent donc avoir un immense impact sur les revenus de boîtes aussi grosses qu'Amazon ou Apple.
Mieux encore : l'influence de la législation de l'UE s'étend bien au delà des frontières de ses 27 membres : l'Union Européenne est le leader mondial de la régulation du numérique.
Depuis 2016 avec le Règlement Général sur la Protection des Données (le fameux RGPD), quand l'Europe prend des décisions fortes, cela influence très fortement la direction de la politiques d'autres grandes puissances. Sur la question du numérique, même le Japon, le Brésil ou l'Inde ont suivi les dernières prises de positions de l'Europe.
Pour ces entreprises du numérique américaines presque aussi puissante que des Etats, il y a donc un enjeu énorme, n'allez surtout pas croire qu'elles prendront notre ambassadeur de haut.
via Politico.