Quand les constructeurs de smartphones décident d’arrêter de payer certaines licences d’utilisation de brevets qui appartiennent à la concurrence, cela donne des poursuites judiciaires et des interdictions de vendre dans certains pays. OnePlus et Oppo en font actuellement les frais en Allemagne.
Le monde des brevets est impitoyable, et l’affaire qui secoue actuellement le milieu du smartphone le prouve une nouvelle fois. Chaque année, les grandes entreprises du high-tech déposent des dizaines de milliers de brevets avec, pour objectif, de protéger leurs inventions et leurs innovations dans différents secteurs. Le domaine des télécoms est hautement stratégique pour les entreprises qui conçoivent des smartphones et d’autres objets connectés.
Les brevets liés à la 4G et à la 5G sont, ainsi, extrêmement nombreux, et ils sont éclatés entre plusieurs entreprises très puissantes. Cependant, ce n’est pas parce qu’une firme high-tech possède des brevets essentiels pour l’utilisation d’une technologie que ses concurrents n’ont pas le droit de les utiliser. Mais pour y avoir accès, les entreprises doivent signer un accord de licence : elles s’acquittent d’une somme d’argent pour pouvoir utiliser une technologie brevetée dans ses appareils.
OnePlus et Oppo décident de se rebeller
C’est là que nous arrivons à la situation vécue actuellement par Oppo et OnePlus, deux constructeurs chinois de smartphones qui appartiennent au même groupe. Ces derniers utilisent dans leurs terminaux mobiles, mais aussi dans leurs montres connectées, des technologies brevetées par Nokia.
L'année dernière, l’accord de licence entre Oppo, OnePlus et Nokia a pris fin. Le temps des négociations est venu, et Nokia a demandé à ses partenaires de s’acquitter d’une somme de 2,50 euros à lui reverser pour chaque smartphone vendu. Pour Oppo et OnePlus, ce tarif est « déraisonnablement élevé », et les différentes entreprises ne sont pas parvenues à trouver un accord dans les temps avant l’expiration de la licence initiale.
Dès lors qu’Oppo et OnePlus ont continué à vendre des smartphones équipés des technologies de Nokia sans accord conclu avec ce dernier, la firme finlandaise a attaqué ses concurrents et (ex) partenaires en justice dans plusieurs pays d’Europe dès l’été 2021.
Les smartphones Oppo et OnePlus interdits à la vente en Allemagne
Si des poursuites judiciaires ont été déposées en France, en Espagne, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Finlande et en Suède par Nokia, c’est en Allemagne que la décision est tombée le plus rapidement. Début juillet, le tribunal de district de Mannheim a ordonné aux différentes entreprises de trouver rapidement un accord entre elles. Mais la situation ne s’est pas améliorée. De fait, le 5 août, c’est le tribunal de district de Munich qui s’est prononcé, interdisant alors OnePlus et Oppo de vendre leurs smartphones en Allemagne.
Résultat, depuis quelques jours, les sites web allemands des deux marques ne permettent plus d’acheter de smartphones et de montres connectées. Un communiqué a été publié pour expliquer qu’Oppo et OnePlus ne quittent pas totalement le marché allemand et continuent d’y vendre, notamment, des écouteurs. Les entreprises insistent sur le fait qu’il s’agit pour le moment d’une « suspension provisoire » et que des discussions sont toujours en cours avec Nokia.
Il faut également préciser que les vendeurs tiers qui possèdent des stocks de smartphones et de montres peuvent continuer à les écouler, mais ils n’auront pas de réassort. Les terminaux qui sont en circulation vont continuer de bénéficier de mises à jour.
Quel avenir pour Oppo et OnePlus en France ?
En Allemagne, la situation actuelle peut se résoudre de deux façons :
- Soit Oppo et OnePlus parviennent à trouver un accord avec Nokia, et alors leurs smartphones pourront être remis en vente,
- Soit les deux entreprises décident de ne passer aucun accord, et la disparition des smartphones du marché allemand deviendra alors durable.
Il a cependant fort à parier que les constructeurs chinois vont plutôt tenter de trouver un compromis avec la firme finlandaise. Pourquoi ? Comme évoqué plus haut, des poursuites similaires ont lieu dans d’autres pays d’Europe, dont la France. Il est possible qu’une décision de justice identique à celle de l'Allemagne soit prise dans d’autres pays, et cela affaiblirait d’autant plus la présence d’Oppo et de OnePlus à l’international.
Certes, la décision du 5 août ne concerne donc que l’Allemagne, mais il vaudrait mieux que le conflit entre les différentes entreprises ne s’éternise pas, sans quoi d’autres territoires pourraient être touchés dans les prochains mois.
Mise à jour : Suite à la publication de note news, Oppo a réagi en nous envoyant le communiqué suivant.
« En tant que propriétaire de nombreux brevets 5G, OPPO accorde une grande importance au rôle de la propriété intellectuelle dans l'innovation. Nous avons l'habitude d'établir des accords de licences croisées avec de nombreuses entreprises de premier plan et nous nous engageons à promouvoir un écosystème de propriété intellectuelle sain. Le lendemain de l'expiration du contrat 4G d'OPPO et de Nokia, Nokia a immédiatement saisi la justice après avoir demandé des frais de renouvellement déraisonnablement élevés.
Notre engagement à long terme sur le marché allemand reste le même et nous travaillons de manière proactive avec les parties concernées pour résoudre le problème en cours. En dehors de la suspension provisoire des ventes et de la commercialisation des produits concernés par les canaux appartenant à OPPO, OPPO poursuivra ses activités en Allemagne. Pendant ce temps, les utilisateurs peuvent continuer à utiliser les produits OPPO, accéder aux services après-vente, recevoir les futures mises à jour du système d'exploitation, et plus encore. »