La nouvelle est tombée comme un couperet et a été un choc pour tous les observateurs et connaisseurs du jeu vidéo français. Éric Viennot, l’une des figures incontournables de ce qu’on appelait la « French Touch » dans les années 1990 nous a quittés lundi dernier. La nouvelle de son décès n’est intervenue qu’en fin de semaine dernière, faisant naître une vague de messages sur les réseaux sociaux. La disparition brutale de ce visionnaire va laisser un grand vide. Un très grand vide et ce n’est pas sans émotion que votre serviteur pose ces lignes. Éric Viennot, ce n’était pas n’importe qui. Nos pensées vont bien évidemment à sa famille et ses proches.
Un parcours hors du commun
Pour de nombreux professionnels qui gravitent dans le jeu vidéo et les expériences transmédias, Éric Viennot était un véritable mentor. Né le 10 mars 1960 à Lyon, ce dernier a d’abord suivi une formation de plasticien, ce qui lui a permis de se perfectionner dans de nombreux domaines artistiques : peinture, photographie ou encore vidéo. Il faisait notamment partie d’un groupe d’artistes multimédia appelé Équipage 10 et a ainsi pu, au gré de ses rencontres, trouver son propre style. Titulaire du Capes et d’une Agrégation (concours national) d’arts plastiques, il enseigne à l’Université Paris 1 pendant cinq ans.
En 1990, il fonde Lexis Numérique avec Marie Viennot et José Sanchis. Le studio, d’abord spécialisé dans les images de synthèse, permet à Éric Viennot de glaner de l’expérience en tant que designer graphique et directeur artistique. Il participe ainsi à de nombreux projets multimédias et obtient la consécration internationale avec Les Aventures de l’Oncle Ernest en 1998. Cette série de CD-ROM destinée à la jeunesse lui vaut de nombreuses distinctions mondiales. En 2003, il récidive avec une œuvre majeure : la trilogie In Memoriam, une expérience incroyable entre cinéma, internet et jeu vidéo. Éric Viennot a toujours aimé marier les différents types d’expressions artistiques et il a su, au fil des années, allier sa passion à son extraordinaire créativité.
Chevaliers des Arts et Lettres
En 2007, il est fait Chevalier des Arts et Lettres en compagnie de Peter Molyneux et Antoine Vilette. La même année, il sort eXperience 112, un jeu d’aventure qui tire son originalité de son système de caméras et d’équipements pilotables à distance. Le but est d’aider une jeune femme, du nom de Léa Nichols, à s’enfuir d’un cargo. Une nouvelle fois, le titre reçoit de nombreuses distinctions pour son univers et son approche originale. '
En 2012, c’est au tour d’Alt-Minds, un ambitieux thriller paranormal et inspiré de faits réels, d’émerger après plus de quatre ans de travail.' Là encore, l’œuvre est totalement hors du commun et s’appuie sur un travail d’investigation colossal (documentations sur des sujets scientifiques, historiques, ésotériques, religieux…). Sa particularité ? Le jeu se déroulait en temps réel pendant huit semaines et naviguait constamment entre réalité et fiction. Bien évidemment, on pouvait ensuite y jouer en différé. Celui-ci impliquait profondément le joueur et était très chronophage, si bien que tous n’ont pas compris son intérêt, mais il était à l’image de son créateur. Un homme adorable, passionnant et inspirant qui travaillait sur un projet totalement fou : une enquête exhaustive sur l’histoire d’un homme qui rêvait dans une langue inconnue. Un projet de livre et même de film était en cours.
On perd un très grand monsieur du jeu vidéo en plus d’une personnalité attachante. Reposez en paix Mr. Viennot.