Alors que Sorare vient de signer de récents partenariats de renom avec Zidane ou encore Mbappe, il se pourrait que le jeu basé sur la blockchain soit face à un obstacle dans son évolution. Le play-to-earn de cartes de foot à collectionner en NFT est soupçonné d’utiliser les mêmes procédés que les paris sportifs.
Sorare et son mode de jeu play-to-earn
Sorare a récemment reçu un avertissement sur la nature de son jeu de la part de l’Autorité nationale des jeux. En cause : son mode de jeu serait similaire à une plateforme de pari sportif, selon l’ANJ.
Lancé en 2019 par deux entrepreneurs français : Nicolas Julia et Adrien Montfort, Sorare est un jeu de « fantasy football » aux airs de football manager. Dans Sorare, vous collectionnez des cartes virtuelles de joueurs de foot en NFT que vous pouvez mettre à profit dans des compétitions. À l’issue de celles-ci, vous recevez des récompenses en cryptomonnaie (Ethereum) ou des cartes à collectionner en NFT selon les résultats de l’ensemble de vos joueurs. Ce mode de jeu est basé sur les performances des joueurs dans les matchs réels, et c’est précisément ce point qui peut jouer en la défaveur de Sorare…
Sorare sous l’œil attentif de l’Autorité nationale des jeux (ANJ)
En effet, selon l’Autorité nationale des jeux, cet usage s’apparente en quelques sortes à du pari sportif. Ainsi, elle somme l’entreprise Sorare de justifier ses activités d’ici l’automne 2022.
« Nous avons déjà reçu une série d’arguments de leur part, sur lesquels nous conservons de sérieux doutes. Nous attendons de voir à la rentrée ce que les représentants de Sorare vont nous présenter. Si cette difficulté venait à persister, nous serions amenés à prendre une position », explique l’ANJ.
En d’autres termes, si Sorare venait à être requalifiée en tant que plateforme de paris sportif, le jeu serait dans l’obligation de réaliser une demande pour être agréé à l’instar de Winamax. Sous ce statut, le site devra également s'acquitter d’une fiscalité plus conséquente et accroître la sécurité de l’accès à son site pour écarter les mineurs.
Cette reconsidération pourrait avoir de véritables conséquences, non seulement sur le jeu Sorare et son développement à une plus grande échelle, mais également sur les nombreux jeux play-to-earn…
Les play-to-earn s’apparentent-ils à des jeux d’argent ?
En mettant à profit la blockchain pour expérimenter de nouvelles expériences de jeu, les play-to-earn (jouer pour gagner) sont une nouvelle forme de gameplay qui tend à s’imposer durablement dans le secteur du jeu vidéo. Concrètement, ces jeux boostés au cryptomonnaies et aux NFT promettent des gains aux joueurs en échange de leur temps de jeu.
À titre d’exemple, bien que le gameplay soit totalement différent, Sorare s’apparente en quelques sortes au mode de jeu Fifa Ultimate Team. Chaque année, dans FUT vous avez la possibilité d’acheter des cartes avec des crédits virtuels pour bâtir votre équipe de rêve et affronter d’autres joueurs dans le but de gagner des récompenses. Seulement, ces crédits virtuels et ces packs appartiennent au jeu et n’ont aucune valeur en dehors de celui-ci. Dès lors, l’argent qui est dépensé dans ces jeux est souvent perdu à tout jamais.
À l’inverse, dans Sorare, les récompenses reçues vous appartiennent et son monnayables puisqu’elle sont en cryptomonnaie ou en NFT. En tant que propriétaire numérique, vous pouvez stocker ces « consommables » en dehors du jeu et les revendre à votre guise contre des cryptomonnaies (en l'occurrence de l'ethereum).
L’idée des play-to-earn n’est donc pas nécessairement mauvaise puisqu’en réalité ces nouvelles manières d’aborder le jeux vidéo offre plus de possibilité aux joueurs quant à leurs acquisitions dans les jeux. De plus, il est important de rappeler que la plupart de ces jeux play-to-earn propose régulièrement une expérience gratuite. C’est le cas de Sorare qui met à disposition des cartes gratuites appelées « common ».
Néanmoins, au vu du caractère nouveau de ce type de jeu, il est important pour les régulateurs d’en comprendre les enjeux et de les traiter comme de nouveaux cas à étudier pour les encadrer.
Le fondateur de Sorare, à l’origine de la plus grosse levée de fonds de la French Tech, en a bien conscience :
Lorsqu'une entreprise invente un nouveau modèle en se fondant sur une technologie naissante (ici le web3), et connaît le succès, il n'est pas surprenant que cela soulève des questions. C’est un des signes qui démontre que nous faisons bouger les lignes.
— Nicolas Julia (@ni2las) July 29, 2022
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Cette mise en garde constitue un frein pour le jeu qui vient de conclure des partenariats d’envergure dans l'objectif de se développer auprès du grand public. Sorare fait face à plusieurs régulateurs puisqu'en octobre dernier, un homologue britannique de l'ANJ a également averti la start-up française valorisée à près de 4,3 milliards de dollars, pour les mêmes raisons.