Comme depuis un petit moment maintenant, les sites pornographiques sont dans le viseur de l’autorité publique française de régulation de la communication audiovisuelle et numérique. Et cette dernière ne lâche pas l'affaire puisqu'elle vient d’assigner de nouveau les fournisseurs d’accès Internet au sujet des blocages de ces sites.
Une affaire en plusieurs temps
Pour comprendre le tournant auquel nous sommes en train d’assister, il faut un peu remonter dans le temps. Nous sommes en 2017 et Emmanuel Macron prononce alors les mots suivants :
Aujourd’hui, la pornographie a franchi la porte des établissements scolaires comme naguère l’alcool ou la drogue. Nous ne pouvons pas d’un côté déplorer les violences faites aux femmes et, de l’autre, fermer les yeux sur l’influence que peut exercer sur de jeunes esprits, un genre qui fait de la sexualité un théâtre d’humiliation et de violences faites à des femmes qui passent pour consentantes […] Unissant monde virtuel, stéréotypes, domination et violence, la pornographie a trouvé, grâce aux outils numériques, un droit de cité dans nos écoles.
Difficile de ne pas être en accord, encore aujourd’hui, avec les propos du président de la République. En effet, est-ce qu’il vous est déjà arrivé de rebrousser chemin à la vision du célèbre message d’alerte vous demandant de confirmer votre majorité ? La question est vite répondue - oui oui, on vous voit dans les commentaires avec vos “Gne Gne Gne, c’est pas vrai moi j'ai pas cliqué”. Vous mentez sûrement, voilà tout !
Plus sérieusement, c’est en 2020 que les choses ont vraiment commencé à bouger. En novembre de la même année, trois associations ont saisi le CSA (à l’époque) pour réclamer une procédure pour signaler la fermeture des cinq plus gros sites pornographiques - Pornhub, Xvideos, XNXX, Tukif et Xhamster.
Un premier pas qui a été suivi par un second vrai pas, le 24 mai dernier (près de deux ans après). Une date qui était censée dresser la stratégie qui allait mettre dans la tourmente les principales cibles de l’opération. Spoiler : il n’en fut rien !
Rendez-vous en septembre pour les fournisseurs d’accès Internet
Si nous ne sommes toujours pas plus avancés depuis le mois de mai dernier, c’est principalement à cause d’une erreur de l’ARCOM. Elle avait en effet oublié de confirmer au tribunal judiciaire l’assignation à comparaître des cinq sites visés la veille de l’audience ; rendant ainsi l’assignation caduque.
Comment limiter l’accès à ces sites pornographiques ? La question est beaucoup moins vite répondue ! Ce qui est sûr, c’est que les FAI (Fournisseur d’Accès Internet) devront trouver des solutions plus fiables qu’une simple question. Si aucune solution n’est trouvée, l’ARCOM sera en droit de solliciter un blocage judiciaire des sites en question.
Rappelons également que les sites à caractère pornographique figurent chaque année dans le classement des URL les plus consultées au monde. Xvideos, l’une des principales cibles, se hisse même dans le Top 10 des sites les plus visités de l’histoire. Pour protéger les plus jeunes mais pas seulement, des solutions devront donc être trouvées pour sécuriser de façon plus durable l’accès à ce genre de contenus.