Amazon se trouve en mauvaise posture dans le cadre d’une affaire judiciaire américaine. En effet, le site de vente en ligne a admis avoir fourni à la police des images filmées par ses caméras de surveillance, sans l’accord de leurs propriétaires. Un aveu qui pose question.
Amazon n’est pas uniquement un cybermarchand qui se contente de vendre des dizaines de millions de produits aux internautes du monde entier. En effet, cela fait bien longtemps que la plateforme développe ses propres gammes d’articles, notamment dans le domaine du high-tech. Si l’on connaît bien les enceintes connectées Echo, Amazon s’illustre aussi dans le domaine de la sécurité à domicile avec ses produits Ring.
Dans ses rayons, le site propose des caméras de surveillance connectées, mais aussi des sonnettes intelligentes, équipées d’une caméra permettant de filmer le pas de la porte en temps réel. Si cela permet aux utilisateurs de savoir qui se trouve devant chez eux, les vidéos enregistrées peuvent aussi être utiles en cas d’intrusion. Seulement, Amazon vient de faire un aveu aux États-Unis qui a un peu de mal à passer.
Oui, Amazon transmet des données filmées à la police
Très intéressé par la question de la surveillance des Américains par le biais de la technologie, le sénateur Ed Markey a mené l’enquête auprès d’Amazon, pour savoir ce que le géant du e-commerce était susceptible de faire des vidéos enregistrées par ses caméras. Et la réponse donnée ne plaît pas à tout le monde.
En effet, Amazon admet que, dans des « demandes urgentes » faites par la police, elle avait transmis des vidéos aux autorités sans avoir demandé l’accord des propriétaires des caméras ou des sonnettes. Une situation survenue 11 fois depuis le début de l’année 2022 aux États-Unis.
Une collaboration justifiée par les enquêtes
Amazon se défend en expliquant qu’à chaque fois, l’affaire représentait un danger de mort de ou de blessure physique grave. Chaque cas est étudié en vue de déterminer la « bonne foi » de l’investigation. On peut donc estimer qu’Amazon contribue à faire avancer les enquêtes de police avec des informations qui peuvent être essentielles.
Mais pour Ed Markey, le cœur du problème, c’est que la police peut obtenir des données privées sur simple demande auprès d’Amazon, sans même disposer d’un mandat. « La demande de ces informations devrait passer par le même processus légal que toute autre perquisition de propriété privée réalisée dans notre pays. Cela ne peut pas être une exception basée sur le site fait que l’information est disponible », estime le sénateur. « La police devrait avoir un mandat pour récupérer ces données. Un juge peut délivrer un mandat d’urgence si nécessaire. »
Une dérive d'Amazon qui inquiète
Toujours pour Ed Markey, cette situation, facilement avouée par Amazon, pose de graves questions pour l’avenir. « Ma crainte, c’est que nous nous transformions en une société de surveillance, et que tout le monde soit contraint d’accepter cela, tout simplement. Il risque de devenir de plus en plus difficile pour le public de se déplacer, de se rassembler, de discuter en public sans être suivi et enregistré. »
De son côté, Amazon ajoute qu’il lui est impossible de s’engager à ne plus partager ses données avec les autorités dans le cadre d’enquêtes de police. L’entreprise indique qu’il n’est pas non plus possible de désactiver l’enregistrement audio lorsque ses caméras filment. En revanche, le cybermarchand le répète, il contrôle à chaque fois la demande de la police, pour s’assurer qu’elle est légitime. Pas sûr que cela suffise à convaincre les défenseurs de la vie privée.