La Cour des comptes s'interroge sur le réel intérêt des entreprises en matière d’adoption de la 5G. Les bénéfices pour le grand public ne sont pas suffisamment visibles et trop éloignés des promesses. Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire a tout de même répondu.
L’industrie française se désintéresse de la 5G
Le 2 mai dernier, la Cour des comptes a envoyé un rapport au ministère de l'Économie, des Finances et du Numérique, en lien avec les promesses non tenues de la 5G. Décrivant “les bénéfices de la 5G pour le grand public jusqu’à présent relativement limités.” La cause vient selon la Cour des comptes du manque d’implication des entreprises vers un développement de la 5G industrielle.
La France est aujourd’hui en retard sur ses voisins en matière de développement de technologies applicables au quotidien. Pourtant, la France a beaucoup investi lors de la création de la nouvelle norme de communication 5G.
Les quatre grands opérateurs ont ainsi reçu un bloc de bande passante de 70 à 90 MHz, soit une augmentation de 50%. En échange, ils versent 2,8 milliards d’euros à l’État français. Les bénéfices sont donc très importants pour les quatre opérateurs (Orange, Bouygues Telecom, Free et SFR). Si la Cour des comptes ne remet pas en cause le rythme de déploiement, qui est respecté, c’est l’aspect investissement vers de nouvelles technologies qui est dénoncé. On peut ainsi lire : “le succès global de l’opération ne pourra être apprécié qu’au regard des performances finalement offertes et des services proposés.”
Ce qui est regretté c’est le peu de promesses tenu en matière d’innovation technologique 5G pour le grand public. Aujourd’hui, la 5G n’est là que pour remplacer la bande passante saturée de la 4G. Les bénéfices réels sont très minces, hormis une augmentation de la vitesse Internet, dépendant de chaque opérateur. Nous sommes encore loin du projet de ville connectée d'ici à 2025.
Une réponse sans réponse du Gouvernement
Le 20 juillet dernier, le ministre Bruno Le Maire a répondu dans un communiqué publié par la Cour de comptes. Ce qu’il faut retenir c’est qu’il se félicite de la bonne organisation lors de la procédure d’attribution des fréquences 5G. Dans un second temps, il détaille toutes les mesures prises pour développer la 5G auprès des entreprises. Il s’agit en grande partie d’appels à projets dans divers secteurs.
On retrouve ensuite “les nombreuses actions supplémentaires” à venir pour le second semestre :
- L'arrivée d’un programme et de l’équipement de recherche prioritaire.
- Un appel à projets franco-allemand pour la recherche et développement de la 6G.
- Le lancement d’un plan de recherche et d’innovation sur la 6G. Le début est prévu pour le premier semestre 2023.
On ne retrouve donc aucun détail sur la stratégie concrète mise en place. Le reste du document est plutôt similaire et ne rentre pas dans le fond des actions menées ou à venir. Surtout que les deux derniers points ne sont pas sur la 5G, mais la 6G prévue pour 2030 minimum…
Difficile donc pour les consommateurs de se faire une idée de l’avancée concrète du futur de la 5G. La Cour des comptes recommande de rendre régulièrement publiques les actions entreprises par le Gouvernement.