Si le jeu PS5, PS4 et PC Stray a monopolisé l’attention, un autre jeu qui vaut le détour vous propose aujourd’hui d’incarner un animal encore plus mignon. Ce jeu c’est Endling et il m’a transporté à travers une fable émouvante et écologique.
Je ne suis pas une mère, encore moins une renarde. Et pourtant, c’est étrange, dès que j’ai entendu parler d’Endling lors de l’E3 dernier, il m’a tout de suite parlé. Je ne sais pas si ce sont les petits renardeaux tout penauds ou cette bande-son qui me foutait déjà les poils. Ou bien peut-être était-ce ce monde dévoré par les flammes et cette nature souillée par la bêtise humaine, cette gravité retransmise par une DA pourtant si épurée ? Je ne sais pas, mais ce qui est sûr c’est que ce jeu a réussi à faire vibrer ma corde sensible (et ce n’était que le début). Petit à petit, la date de sortie s’annonce et voilà qu’Endling : Extinction is forever se retrouve en compétition avec un autre jeu qui vous propose d’incarner un petit animal tout mignon, et un chat par-dessus le marché : Stray. Autant dire que les amateurs de petites bêtes se tourneront sans doute vers ce jeu, plus médiatisé et plus ambitieux. Mais moi, je n’en démords pas : j’ai décidé de lancer Endling pour une aventure poignante au cours de laquelle j’ai perdu quelques poils et que je vais vous conter aujourd’hui.
Il y a Wanted, votre nouvelle chronique qui parle de jeux indés décalés et amusant, et il y a cette chronique. Elle est dédiée aux jeux narratifs qu'on a à cœur de vous faire découvrir, dans un registre un peu plus personnel, à la manière d'un billet et avec quelques extraits vidéo.
Le dernier des renards
Quelques notes de guitare, une forêt en flamme et une renarde fuyant pour sa vie, seule. C’est ainsi que s’ouvre le jeu d’Herobeat Studios pour nous emporter dans un chaos saisissant et une menace permanente. Visuellement, Endling ne fait pas dans le réalisme. Et pourtant, j’avoue être séduite par sa direction artistique épurée, aussi bien au niveau des décors que de ma petite renarde. Si je dis “ma”, c’est bien que c’est elle notre protagoniste. Une renarde aussi futée qu’adroite que le jeu nous invite à sauver sans prendre la peine d’une introduction en bonne et due forme. Il y a urgence, et ça se ressent ! Alors, je plonge ! Je cours, je creuse, je saute pour ma vie, sa vie, la vie de toute une espèce. Je comprends vite que cette renarde est la dernière rescapée de son espèce, ou presque. Une fois à l’abri dans ma tanière, je découvre en effet quatre petits renardeaux, aussi mignons et attachants que frêles et dépendants. C’est pour eux que je vais devoir survivre, et autour d’eux que va donc s’articuler mon heure de jeu. De tanière en tanière, il va falloir les faire grandir, les nourrir et les protéger d’une nature qui se révèle de plus en plus hostile. La survie est là et elle se ressent dans les moindres recoins, que ce soit dans les mécaniques de jeu, les environnements changeants et la patte sonore particulièrement bien maniée. Même la narration, bien que discrète, transpire l’urgence. Tout au long de cette heure de jeu, notre fil rouge sera en effet de retrouver, petit à petit, la trace de l’un de nos enfants, emporté à la manière du petit de Marin dans Nemo.
La quête d’une mère qui cherche à retrouver son enfant, y a-t-il meilleur moyen de m’émouvoir ? Difficilement je l’admets. Endling partait donc avec une longueur d’avance… et pour mon plus grand plaisir, il ne se laisse pas rattraper. Vu le ton dramatique et l’enjeu, j’ai le cœur serré à chaque nouvelle piste. Je redoute de le découvrir un jour sur le bord d’un chemin, laissé là par ce vil homme qui l’a arraché à moi. Que lui veut-il ? Où est-il ? Le reverrai-je un jour ? Est-il perdu pour toujours ? Dans l’espoir de réponses, j’enchaîne les nuits, de façon presque mécanique. Il faut dire que les nuits passent et se ressemblent. En vadrouille avec mes petits, je dois explorer, me cacher et, surtout, leur trouver à manger. Petit à petit, la nourriture se fait plus rare et les menaces, elles, plus nombreuses. Mais je m’en sors toujours assez facilement, trop facilement peut-être… Certes, je reste constamment sur mes gardes, survie oblige, mais mes quelques moments de relâchement ne suffisent pas à éradiquer les renards de la surface de la planète. En revanche, le sentiment d’urgence qui émerge alors que le lever du soleil approche, la peur de perdre un nouveau petit et l’envie de retrouver celui qui est loin sont toujours aussi forts à chaque fois. Avec le recul, peut-être qu’il faudrait d’autres événements aléatoires, plus de choses à faire au cours de la nuit ou même des ennemis plus coriaces. Pourtant, malgré ces manques et autres répétitions, je suis dedans et ne vois pas le temps passer. Je donnerais tout pour retrouver mon petit, protéger les miens et leur apporter un peu de douceur dans ce monde à la fois dystopique et tristement possible.
Une fable écologique
Jamais le propos d’Endling n’a semblé si proche, si palpable. Cela fait plusieurs années que de nombreuses personnes nous alertent sur la question de l’écologie et du réchauffement climatique. Les canicules sont devenues courantes, les incendies anéantissent des hectares et des hectares de forêt, les animaux sont désorientés… Même le ZEvent a fait de l’écologie sa prochaine grande cause. Dans ma peau de renarde, je ne peux pas m’empêcher de penser qu’Endling serait un jeu parfait à streamer pendant l’événement, tant il est un véritable cri de détresse à l'intention de toute l’humanité. Le sous-titre du jeu n’est pas trompeur : l’extinction est en marche et elle sera irrévocable . Les environnements boisés qui me faisaient penser à Atrebois dans Outer Wilds lors de mes premières virées nocturnes se rapprochent peu à peu de Sombronces. La végétation disparaît, les couleurs se ternissent et même les bâtiments industriels se dégradent et tombent peu à peu en ruines. La nature souffre autant que l’humanité… sauf que cette dernière a dans ses rangs les pires bourreaux.
Quelle ne fut pas ma surprise, au bout de quelques nuits, de découvrir que les chouettes et autres blaireaux n’étaient pas les seuls ennemis. Non-contents de massacrer la nature, les humains veulent ma peau, notre peau. Muni de son masque à gaz, l’un d’entre eux essaye même de nous tirer comme des lapins. Qu’ils soient armés ou non, les humains constituent de nouveaux obstacles à la survie. Peu à peu, ils deviennent les antagonistes. Les attaquer (et prendre le risque de se retrouver diminuer) ou les contourner grâce aux différents chemins se débloquant au fil de l'aventure, j’ai le choix. Mais pour obtenir la nourriture qui se fait de plus en plus rare, je ne l’ai, au final, pas tant que ça et il va falloir prendre des risques. Au fur et à mesure, je commence à réellement détester ces vils humains, de façon presque viscérale tant ils rendent la survie moins évidente. Mais tout n’est pas tout noir ou tout blanc dans ce Endling, ce que nous vous laisserons découvrir pour ne pas gâcher la surprise. Tout ce que l’on peut vous dire à ce niveau, c’est que l’histoire d’Endling ne s'en révèle que plus touchante. De ce que l'on me murmure dans l'oreillette, il ne vous faudra pas longtemps pour en découvrir la conclusion (trois heures environ). Préparez les mouchoirs, de mon côté j’en ai eu besoin.
Amateurs d’animaux mignons et de récits déchirants (et engagés), Endling risque de vous apporter bien plus de satisfaction que ce fameux Stray qui est sur toutes les lèvres actuellement. Le jeu est d’ores et déjà disponible sur PC, Nintendo Switch, PS4 et Xbox One, avec une démo téléchargeable sur Steam pour vous y essayer.
- Télécharger la démo d’Endling