Pour faire face aux vagues de chaleur toujours plus importantes, la ville de Paris emploie depuis près de vingt ans un réseau de froid innovant, qui utilise l’eau de la Seine pour rafraîchir les bâtiments sans réchauffer l’air extérieur. D’ici 2042, tous les arrondissements parisiens pourraient être raccordés à ce système de climatisation au faible impact environnemental.
Un immense réseau de froid sous les pieds des Parisiens
C’est à une trentaine de mètres de profondeur sous le pont des Invalides que se trouve cette centrale de froid. Gérée par la société Fraîcheur de Paris, dont Engie et la RATP sont les deux principaux actionnaires, celle-ci est le point de rencontre de plus de 80 kilomètres de tuyaux d’eau.
Ces canalisations permettent de drainer l’eau de la Seine. L’eau ainsi pompée est ensuite refroidie par des réfrigérateurs puissants, alimentés à l’énergie renouvelable. Cette eau fraîche, à environ 4°C, sert alors à baisser la température de l’eau du réseau de distribution.
« Là où l’eau du fleuve est froide, c'est là où il va y avoir un échange thermique avec le réseau de distribution. (Ce dernier), qui transporte une eau différente de celle de la Seine, va ainsi capter la fraîcheur du fleuve produite au niveau du frigo et repartir vers les abonnés. » — Raphaëlle Nayral, secrétaire générale de la société Fraîcheur de Paris
Après ce transfert, l’eau de la Seine repart ensuite dans le fleuve, à une température un peu plus élevée. Une alternative plus écologique aux systèmes de climatisation habituels : celui-ci rejette la chaleur dans l’eau de la Seine plutôt que de réchauffer l’air de Paris. Le coût énergivore est deux fois moins important que celui d’une climatisation individuelle.
Un raccordement à tout Paris d’ici 2042
Ce système de refroidissement, employé depuis près de deux décennies, est raccordé à différents sites phares de la capitale, comme le Louvre, l’Assemblée nationale, les Halles, mais aussi certains établissements de santé.
Le réseau comprend actuellement environ 800 abonnés, qui paient chacun 135 euros le mètre watt heure. À terme, la ville de Paris espère raccorder le maximum de bâtiments, institutionnels et particuliers.
« Tous les arrondissements seront desservis en 2042. (…) Nous allons tripler (la taille du réseau) pour raccorder des crèches, des Ehpads et des bibliothèques. Les solutions autonomes de climatisation sont une aberration environnementale puisqu'on réchauffe l'air extérieur pour refroidir l'intérieur. » — Dan Lert, adjoint à la maire de Paris chargé de l’énergie
Alors que les épisodes de chaleur se multiplient, les grandes métropoles mondiales ont tout intérêt à se tourner vers ce genre de solutions collectives et durables. Une ville telle que Paris pourrait voir sa température augmenter jusqu’à 4 degrés d’ici 2030 si la quantité de climatiseurs individuels venait à doubler.