Une étude menée dans des pays d’Amérique Latine met en lien le piratage de logiciels informatiques et la réduction de la pauvreté dans certains territoires. Une analyse qui devrait faire grincer les dents de certains ayants droit.
A première vue, on pourrait faire le lien entre piratage en ligne et pauvreté en partant du principe que plus un internaute est pauvre, et plus il va avoir tendance à télécharger les logiciels et d’autres contenus sans les payer. Mais une étude menée par le Balkan Journal of Social Sciences et relevée par le site TorrentFreak prend la question dans le sens inverse.
L’article, publié le 1er juillet dernier, fait donc le lien entre le piratage de logiciels informatiques et la baisse de la pauvreté. Les chercheurs à l’origine de l’étude se sont intéressés à la situation dans différents pays en voie de développement en Amérique Latine, entre 2003 et 2017.
Plus de piratage, moins de pauvreté ?
L’étude s’est penchée sur six indicateurs pour déterminer le niveau de pauvreté des populations concernées :
- Le seuil de pauvreté dans les différents pays,
- L’indice de développement humain (HDI),
- La moyenne de l’écart de pauvreté,
- L’indice de Watts,
- L’indice de Gini,
- L’écart moyen logarithmique.
Ensuite, les chercheurs ont mis ces informations en lien avec :
- L’étude IDC sur le recours au piratage,
- Le niveau de chômage dans les pays concernés,
- Le pourcentage du PIB du pays dédié à la santé,
- L’indice de capital humain.
L’analyse de ces différents points a permis aux chercheurs de trouver une corrélation entre le niveau de pauvreté des populations et le niveau de piratage dans les différents pays : plus le niveau de piratage est élevé, et moins la population est pauvre. L’étude souligne que cet effet est constant : « Il existe une relation inverse statistiquement significative entre l’utilisation de logiciels piratés et la pauvreté dans les six modèles de pauvreté rencontrés dans les pays émergents d’Amérique Latine », peut-on notamment lire. Cependant, l’étude souligne tout de même qu’un taux de chômage élevé est également associé à un recours au piratage important.
Une étude à la méthodologie incomplète
Si cette étude peut être prise pour argent comptant, elle reste à relativiser. Car la méthodologie utilisée par les chercheurs qui en sont à l’origine est incomplète ou, en tout cas, pas assez détaillée pour en tirer des conclusions concrètes.
Comme l’étude ne concerne que le piratage de logiciels informatiques, on peut tout simplement considérer que des personnes pauvres n’ont pas la nécessité de télécharger illégalement des logiciels coûteux. Pirater Photoshop, Windows ou la suite Office n’a d’intérêt que s’il y a besoin de les utiliser. Il est fort possible qu’en incluant les films, les séries ou encore la musique, le résultat ait été différent.
Pour autant, l’étude n’est pas dénuée d’intérêt, mais elle mériterait d’être fortement étoffée pour que ses conclusions soient utiles. Et, accessoirement, inclure des pays développés pourrait être une bonne idée pour voir un peu plus loin sur ce sujet toujours aussi épineux.