Chiffres de ventes, rachats de studios, bilans financiers, mercato des développeurs, investissements… si ces sujets vous intéressent, vous êtes au bon endroit. Nous vous proposons un point sur l'actualité business de la semaine écoulée.
Sommaire
- Le Royaume-Uni évoque une réglementation des lootboxes mais ne s'y risque pas
- Rachat d'Activision-Blizzard : La FTC pourrait donner son accord dans les prochaines semaines
- Ubisoft : Un objectif légèrement dépassé, mais un report majeur et 4 jeux annulés
- Un ancien cadre de Naughty Dog lance son propre studio
- Sony PlayStation renforce sa position dans l'esport et se lance dans les jouets
- Minecraft : Microsoft et Mojang prennent position sur les NFT
- En bref dans l'actualité business de la semaine
Le Royaume-Uni évoque une réglementation des lootboxes mais ne s'y risque pas
Le sujet des lootboxes, ces boîtes à butin régies par des algorithmes aléatoires, est un peu en retrait ces derniers temps après de vifs débats et une vague de lois promulguées dans certains pays. Pour autant, de nombreux pays continuent d'étudier la question, interrogeant associations de consommateurs, acteurs de l'industrie, et évaluant les risques. En juin 2020, le Royaume-Uni avait lancé un appel sur le sujet.
Le résultat a donné naissance à un rapport qui crée une "association" entre les lootboxes et des conséquences néfastes, sans avoir pu déterminer une causalité directe. Autrement dit, les lootboxes représentent visiblement un danger, mais rien ne permet de le prouver pour le moment. En conséquence, le gouvernement britannique, actuellement secoué, ne souhaite pas légiférer, mais demande aux éditeurs de réguler eux-même la pratique. Le rapport insiste également sur la nécessité de protéger les jeunes en les empêchant d'acheter des lootboxes sans l'accord des parents.
En réponse à nos conclusions, nous estimons que les enfants et les jeunes ne devraient pas être en mesure d'acheter des boîtes à butin sans l'accord de leurs parents. En outre, tous les joueurs devraient avoir accès à un contrôle des dépenses et à des informations transparentes pour les aider à jouer. Ces dernières années, nous avons vu certaines sociétés et plateformes de jeux prendre des mesures importantes pour renforcer les protections des enfants et des jeunes, ainsi que des adultes.
Nous nous en félicitons, ainsi que de l'engagement de l'Association for UK Interactive Entertainment (Ukie) et de ses membres à aller plus loin. Les développeurs, éditeurs et plateformes de jeux opérant au Royaume-Uni doivent assumer la responsabilité de garantir la sécurité des joueurs et travailler en collaboration pour trouver des solutions tangibles, pilotées par l'industrie, indique la députée Nadine Dorries, secrétaire d'État au numérique, à la culture, aux médias et aux sports.
Cela ne signifie pas pour autant que nos voisins d'Outre-Man ne légifèreront jamais. Dans son rapport, le gouvernement indique qu'une telle décision serait simplement prématurée. D'ici là, universitaires, politiques et acteurs industriels travailleront de concert pour lancer de nouvelles études et faire en sorte que l'usage des lootboxes ne franchisse pas la ligne rouge :
Comme la base de preuves sur les boîtes à butin est encore en train d'émerger et qu'une intervention directe du gouvernement peut entraîner des conséquences imprévues, nous estimons qu'il serait prématuré de prendre des mesures législatives sans d'abord poursuivre des mesures renforcées dirigées par l'industrie pour assurer la protection des enfants et des jeunes et tous les joueurs. En conséquence, le gouvernement n'a pas l'intention d'apporter des modifications à la loi sur les jeux de hasard ou à d'autres protections légales des consommateurs en ce qui concerne les loot boxes pour le moment.
Rachat d'Activision-Blizzard : La FTC pourrait donner son accord dans les prochaines semaines
Les mois passent et on a l'impression qu'il ne se passe plus grand-chose depuis l'annonce et les déclarations entourant le rachat à venir d'Activision-Blizzard-King par Microsoft. Pourtant, en coulisses, tout le monde travaille au bon déroulé de l'opération, scrutée par les différentes autorités financières et commerciales. Estimé à près de 70 milliards de dollars, ce rachat nécessite des enquêtes approfondies, afin de s'assurer que cette fusion ne risque pas de mettre Microsoft dans une position de dominance abusive vis-à-vis de la concurrence
La finalisation des opérations aura lieu avant juin 2023, à condition que les autorités telles que la Federal Trade Commission, et d'autres, donnent leur accord. Et c'est de la FTC dont on va parler, puisque celle-ci pourrait donner son accord dès le mois d'août ! En mars, la FTC avait demandé des documents supplémentaires, qui ont désormais été fournis. C'est important puisqu'à compter du jour de réception, la FTC a 30 jours pour contester, sans quoi l'opération de rachat se poursuivra comme prévu. Il y a cependant une subtilité : l'acheteur ET l'acheté doivent avoir fourni les papiers.
En règle générale, une fois que les deux sociétés se sont substantiellement conformées à la deuxième demande, l'agence dispose de 30 jours supplémentaires pour examiner les documents et prendre des mesures, si nécessaire, indique RealMiCentral.
On ne sait pas encore si Activision a fourni les documents demandés. Si ce n'est pas encore le cas, le décompte des 30 jours ne débutera qu'à leur réception par la FTC. Une fois le décompte lancé, la FTC aura trois options : mettre fin à l'enquête, négocier avec les entreprises pour inclure des règles favorisant un marché concurrentiel sain, ou demander à mettre fin à la fusion en déposant un recours préliminaire devant un tribunal fédéral.
Ubisoft : Un objectif légèrement dépassé, mais un report majeur et 4 jeux annulés
Ubisoft vient de publier un nouveau rapport financier, et il est plutôt correct malgré, vous allez le voir, plusieurs mauvaises nouvelles d'un point de vue de la production. Commençons donc par l'aspect financier des choses, avec un deuxième trimestre doté d'un chiffre d'affaires de 318,2 millions d'euros, en baisse de 10% par rapport aux 352,8 millions d'euros enregistrés l'an dernier, mais qui correspond aux attentes. Quoi qu'il en soit, le netbooking est légèrement supérieur aux objectifs, avec 293,3 millions d'euros contre 280 millions attendus.
Nous avons réalisé une performance légèrement supérieure aux attentes ce trimestre, avec notamment une surperformance de Rainbow Six Siege et de la marque Assassin's Creed. Les derniers mois ont été très actifs, avec notamment les présentations des gameplays de Mario Rabbids : Sparks of Hope et Skull and Bones. Les réactions des joueurs à l’annonce de The Division Resurgence ainsi qu’aux phases de tests de Rainbow Six Mobile, The Division Heartland et XDefiant à travers le monde ont été encourageantes, indique le directeur financier Frédérick Duguet.
Dans le même temps, et avant de passer aux mauvaises nouvelles, Ubisoft souligne le fait qu'Assassin's Creed Valhalla et Rainbow Six Siege performent au-delà des attentes, et que la fin de l'année sera marquée par un Ubisoft Forward et la présentation du futur de la licence Assassin's Creed, ainsi que par les sorties de Mario + The Lapins Crétins Sparks of Hope (20 octobre) et Skull and Bones (8 novembre). Mais malheureusement, un gros projet manquera son rendez-vous avec le second opus des films Avatar. Ubisoft a en effet annoncé qu'Avatar : Frontiers of Pandora est en effet décalé au prochain exercice fiscal (fin mars 2024).
Notre objectif est de créer une expérience immersive de pointe qui tire pleinement profit de la technologie next-gen. Cette formidable marque mondiale de divertissement représente une opportunité pluriannuelle majeure pour Ubisoft.
Mais chez Ubisoft, on ne parle pas seulement de reports. En effet, quatre jeux ont été tout simplement annulés. Deux n'avaient pas encore été annoncés, mais les deux autres sont Splinter Cell VR et Ghost Recon Frontline. Le premier avait été annoncé en même temps qu'Assassin's Creed VR, tandis que le second était le premier gros projet d'Ubisoft Bucarest. Pensé comme un free to play battle royale, il avait été très mal reçu lors de son annonce. Les développeurs avaient décidé de revoir leur copie, mais il n'en auront pas l'occasion.
Un ancien cadre de Naughty Dog lance son propre studio
Bruce Straley, voilà un nom que les fans du studio Naughty Dog connaissent bien. Entré comme artiste sur Crash Team Racing en 1999, il a ensuite été codirecteur artistique sur Uncharted, réalisateur sur Uncharted 2 : Among Thieves, The Last of Us et Uncharted 4 : A Thief's End. Après de longues vacances, il quitte le studio en 2017 et laisse son binôme, Neil Druckmann, s'occuper de The Last of Us Part II.
Depuis, le créatif s'était fait très discret et c'est donc avec grande surprise qu'on a appris l'ouverture de son studio, Wildflower Interactive. D'autant plus surpris que le créateur assure que lorsqu'il est parti, il n'était pas sûr de vouloir refaire des jeux. Accompagné dans son aventure par des développeurs ayant oeuvré sur Kena : Bridge of Spirits, Abzû, Call of Duty, et The Pathless, il a annoncé que le studio travaillait déjà sur son premier jeu :
Nous travaillons sur une chose à laquelle je n'ai jamais joué auparavant. Et nous avons un partenaire passionnant qui soutient ce que nous faisons et qui va nous aider à atteindre le plus grand nombre possible de personnes. En 2017, j'ai quitté l'industrie sans être sûr de vouloir encore faire des jeux. Mais plus je m'éloignais, plus je continuais à penser à ce média, et à tout ce qui restait à faire et à tout ce que je voulais encore faire.
Et cette idée a continué à me suivre. Alors j'ai invité quelques amis et nous avons commencé à faire du prototypage. Et l'idée a commencé à devenir bonne. Elle a commencé à redevenir excitante. Et j'ai réalisé que j'avais besoin de faire ce jeu. Mais si je dois faire ce jeu, cela signifie que je dois construire une équipe. Et si je construis une équipe, je dois construire une entreprise. Et, si nous devons le faire, nous devons le faire de la bonne façon, déclare Bruce Straley
Sony PlayStation renforce sa position dans l'esport et se lance dans les jouets
Après avoir participé en tant qu'équipementier dans de nombreux tournois et organisé ses propres compétitions, Sony s'est offert l'EVO, le plus grand tournoi de jeux de combat au monde, et de loin le plus prestigieux avec la Capcom Cup, pendant que Microsoft s'offrait Smash.GG. Sony a d'ailleurs renforcé sa position dans l'esport en lançant toute une gamme d'écrans et de casques visant le marché des hardcore gamers et des joueurs compétitifs, mais ce n'était pas la fin des ambitions, loin de là. Cette semaine, on a appris que l'entreprise japonaise avait racheté la plateforme Repeat.gg, qui aide les joueurs du monde entier à organiser et structurer des tournois live ou asynchrones.
Chez PlayStation, notre vision de l’eSport a toujours consisté à faire tomber les barrières permettant aux joueurs de concourir à tous les niveaux. Avec la talentueuse équipe de Repeat.gg, nous sommes ravis d’explorer d’autres façons pour les joueurs de s’engager dans des jeux compétitifs et d’élargir l’étendue de nos offres eSportives. Ce n’est que le début de notre voyage et nous sommes impatients de partager d’autres mises à jour avec notre communauté à l’avenir. Steven Roberts, vice-président du jeu compétitif mondial chez Sony Interactive Entertainment.
Pour Repeat.gg, ce rachat permettra de bénéficier de plus de moyens, d'accéder aux jeux, aux ressources ou encore aux technologies de Sony, avec qui Repeat.gg a visiblement conçu un plan de développement sur deux ans. Du côté des habitués, on devrait donc constater une large amélioration du service proposé, mais de nouveaux joueurs vont arriver, puisque le tout sera prochainement compatible avec la PS5 et la PS4 en plus du PC et du mobile :
(...) Cela nous permettra de développer considérablement Repeat au cours des deux prochaines années avec de nombreuses nouvelles fonctionnalités, poursuivant notre mission de devenir synonyme d'eSports en créant un foyer où tout le monde a une chance de concourir et de gagner. Jeff Shull de Repeat.gg
En parallèle, Sony a annoncé une alliance avec Spin Master, une grande marque de fabricants de jouets (Pat'Patrouille, Bakugan, Hatchimals... L'entreprise va donc bientôt produire des jouets dédiés à Uncharted, Horizon, The Last of Us ou encore God of War. On retrouvera donc des figurines articulées, des jeux, des véhicules, des puzzles, des objets de collection ou encore des peluches.
Nous nous engageons à créer des expériences de jeu de la plus haute qualité pour notre communauté de fans à travers le monde et à trouver de nouvelles façons de faire découvrir nos personnages les plus aimés à de nouveaux publics. En travaillant avec Spin Master, nous sommes ravis de poursuivre ce projet en présentant nos licences à travers des jouets et des jeux authentiques et innovants à notre communauté PlayStation passionnée dans le monde entier, a déclaré Grace Chen, vice-présidente chez Sony Interactive Entertainment.
Les premiers jouets sont attendus au printemps 2024, mais on ne sait pas encore comment ces articles seront distribués ni à quel prix dans le monde et en Europe plus particulièrement.
Minecraft : Microsoft et Mojang prennent position sur les NFT
Vaste sujet que celui des NFT, de la blockchain et des cryptomonnaies. Plébiscités par certains, décriés par d'autres, ces éléments constituent un énorme champ des possibles pour l'industrie des technologies. Ces thèmes évoquent à la fois la décentralisation des richesses, la spéculation, la protection des oeuvres numériques, la vente d'articles dématérialisés uniques, les enjeux écologiques ou encore le développement des algorithmes, l'économie et même la production du hardware.
Mais, globalement, les joueurs ne semblent pas du tout prêts à accepter l'utilisation des NFT dans les jeux. Quelques projets parviennent à ramasser des dizaines de millions de dollars, mais, pour le moment, on est sur des productions très spécifiques qui ne s'adressent pas au grand public. SEGA hésite, Square Enix y croit, Ubisoft a récemment tenté sa chance, et les développeurs de STALKER ont fait machine arrière. Reste que les entreprises investissent massivement dans le domaine, et que les marchés voient dans les NFT et la blockchain un des principaux leviers de croissance pour les années à venir.
Microsoft fait partie des leaders mondiaux en termes de software, et la blockchain fait évidemment partie des choses observées et développées. Mais pas pour Minecraft. Pour le jeu de Mojang, qui s'est vendu à plus de 200 millions d'exemplaires, c'est non. Dans un long billet de blog, Mojang explique que les NFT ne sont pas quelque chose que le studio prévoit de soutenir ou d'autoriser.
Afin de garantir aux joueurs de Minecraft une expérience sûre et inclusive, les technologies blockchain ne sont pas autorisées à être intégrées dans nos applications client et serveur, et le contenu du jeu Minecraft, tels que les mondes, les skins, ou autres mods, ne peut être utilisé par la technologie blockchain pour en faire un actif numérique rare.
Pour Mojang, l'idée même d'éléments numériques exclusifs, rares, et parfois chers, va à l'encontre des valeurs prônées par le titre, qui sont l'inclusion, la créativité et le partage. Mojang refuse qu'une distinction se fasse entre les joueurs, et rejette l'idée des NFT qui, pour le moment, reposent essentiellement sur des valeurs spéculatives.
Nous craignons également que certains NFT tiers ne soient pas fiables et finissent par coûter cher aux joueurs qui en font l'acquisition. Certaines mises en oeuvre de NFT tiers sont également entièrement dépendantes de la technologie blockchain et peuvent nécessiter un gestionnaire d'actifs qui pourrait disparaître sans préavis. Il est également arrivé que des NFT soient vendus à des prix artificiellement ou frauduleusement gonflés. Nous estimons que la création à l'intérieur de notre jeu revêt une valeur intrinsèque, et nous nous efforçons de fournir un marché où ces valeurs peuvent être prises en considération.
En bref dans l'actualité business de la semaine
- Sorti le 23 avril 2021, Chivalry 2 a été vendu à 2 millions d'exemplaires sur l'ensemble des supports.
- Nicolas "Sparth" Bouvier a quitté 343 Industries après 14 ans de bons et loyaux services. Il était directeur artistique sur le Halo Infinite. Il ne reste pas chez Microsoft et n'a pas encore dévoilé sa destination. "Toutes les bonnes choses ont une fin. Après près de 14 ans sur Halo j'ai décidé de poursuivre d'autres opportunités en dehors de chez Microsoft et de 343 Industries. Ça a été un sacré voyage, j'en ai adoré chaque minute. En souhaitant le meilleur à 343, vous êtes et serez toujours incroyables." a-t-il déclaré.
- Rockstar Games est en train de recruter assez massivement. Plus de 220 postes sont actuellement à pourvoir dans tous les domaines. Accélération du développement de Grand Theft Auto VI en vue ?
- Build A Rocket Boy, le studio fondé par Leslie Benzies (GTA, Red Dead), emploie désormais plus de 400 personnes. Un effectif très important constitué sur six années pour le développement d'Everywhere. On sait également que trois vétérans l'ont récemment rejoint : Mick Hocking (SIE, Codemasters), Murray Pannell (2K, SIE, Ubisoft) et Randall Price (NCSoft, ArenaNet), tous à des postes de direction.
- Final Fantasy X et Final Fantasy X-2 ont dépassé les 20 millions de ventes. Cela comprend les jeux de base ainsi que les remasters.
- Pour la semaine 27 en France, c'est Mario Strikers : Battle League Football qui domine le marché français en valeur et en physique. Il devance Nintendo Switch Sports, qui sera bientôt doté d'une mise à jour gratuite, de Mario Kart 8 Deluxe, ainsi que par les versions PS4 et PS5 de F1 22.