Le gouvernement turc vient d’annoncer avoir découvert une immense réserve de terres rares dans le district de Beylikova, dans la province d’Eskişehir. Des ressources précieuses qui intéressent déjà les industries technologiques, mais les récupérer ne devrait pas être évident.
C’est le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles turc Fatih Dönmez qui a réalisé l’annonce officielle début juillet : la découverte de la deuxième plus grande réserve de terres rares au monde dans le district de Beylikova, qui se trouve en Anatolie centrale, une région de Turquie. Selon les calculs réalisés par le gouvernement du pays, cette réserve représenterait « 694 millions de tonnes d’éléments de terres rares » supplémentaires à l’échelle mondiale. Seule une réserve se positionne au-dessus : celle de Bayanoba, en Chine, qui en abrite environ 800 millions.
Les terres rares, qu’est-ce que c’est ?
Lorsque l’on parle de terres rares, on parle en réalité de 17 métaux différents : le scandium, l’yttrium, et les quinze lanthanides. Comme leur appellation générale le laisse penser, il s’agit de matériaux qui sont très difficiles à trouver dans la nature. La réserve de Beylikova en contiendrait 10 différents.
Pourtant, ils sont particulièrement stratégiques dans l’industrie des nouvelles technologies, puisqu’ils entrent dans la fabrication d’un très grand nombre d’appareils comme les dalles de téléviseurs et de moniteurs, les puces de smartphones et les LED, pour n’en citer que quelques-uns. Les secteurs de l’aérospatial, du biomédical, de l’aéronautique ou encore de la défense en ont également grand besoin.
La découverte réalisée en Turquie devrait donc avoir une importance de taille pour de nombreuses industries, mais cela ne signifie pas qu’il n’y a pas quelques problématiques à résoudre pour pouvoir mettre concrètement la main sur ces précieuses ressources.
Une extraction qui s’annonce longue… et polluante
Car pour extraire les terres rares du sol, il faut user de prudence : en effet, cela entraîne systématiquement des rejets d’éléments toxiques dans l’environnement, qui peuvent inclure des métaux lourds, de l’acide sulfurique et même, parfois, de l’uranium et du thorium. Les précautions à prendre sont énormes et les conséquences pour l’environnement immédiat peuvent être désastreuses si les procédures ne sont pas respectées.
Dans un premier temps, la Turquie compte extraire uniquement 1200 tonnes de minerai par an, le temps de tout mettre en place. Ensuite, les choses devraient fortement s’accélérer : « Nous mettons en place une installation de production qui traitera le minerai. Après les résultats de la production d’essai, nous commencerons à investir dans des installations industrielles. Notre objectif est de traiter 570 000 tonnes de minerai par an lorsque cette installation atteindra sa pleine capacité, 10 000 tonnes d’oxydes de terres rares, 72 000 tonnes de barytine, 70 000 tonnes de fluorite et 250 tonnes de thorium », a déclaré Fatih Dönmez. « Je veux surtout valoriser le thorium, un élément qui nous offrira de grandes opportunités comme combustible dans les nouvelles technologies nucléaires », a-t-il ajouté.
Vers une exportation à l’étranger
La mise en place du site d’extraction a commencé et sera terminée d’ici un an, mais il faudra bien plus longtemps pour que le site industriel soit complet. Le calendrier n’a pas été donné en détail par le gouvernement turc : celui-ci s’est contenté d’indiquer que les terres rares récupérées profiteront tout d’abord à la Turquie, mais que le pays aura « la possibilité d’exporter ». Cela pourrait notamment permettre aux pays européens d’en profiter et de réduire, de cette manière, leur dépendance vis-à-vis de la Chine.