C’était un petit événement pour l’entreprise française spécialiste du streaming musical : Deezer s’est introduit en Bourse il y a quelques jours. Mais le titre n’a pas (encore ?) convaincu les investisseurs, et a grandement perdu de sa valeur au cours de sa première semaine de cotation.
Les premiers pas du Français Deezer en Bourse
C’est ce mardi 5 juillet que Deezer, le géant français du streaming, signait son introduction en Bourse. Le PDG de Deezer, Jeronimo Folgueira, et le ministre de l’Économie en personne, Bruno Le Maire, étaient présents au sein des locaux d’Euronext, pour sonner la cloche marquant le début des échanges.
Au cours de cette cérémonie symbolique, le ministre s’est réjoui de cette « date symbolique pour Deezer, qui va pouvoir grandir (et) avoir accès à des marchés internationaux, notamment anglo-saxons. ». Aux côtés de Jean-Noël Barrot, le tout nouveau ministre délégué au numérique en France, Bruno Le Maire a rappelé les défis de cette introduction en Bourse :
« Il y a un enjeu économique, en termes d’emplois, de créations de richesses, culturel aussi. Je crois à la souveraineté culturelle française et les plateformes de streaming, c’est une façon de défendre la culture française, la chanson française. »
Une introduction en demi-teinte
Cette fois, c’est la bonne ? En 2015, Deezer avait déjà essayé de s’introduire en Bourse, mais l’entreprise française avait dû renoncer, dans un contexte insuffisamment favorable, où toutes les conditions n’étaient pas réunies pour couronner cette opération de succès. Jeronimo Folgueira considère qu’elles le sont cette fois-ci :
« La situation est différente de ce qu’elle était en 2015, (sur un marché du) streaming musical vraiment établi. L’état dans lequel se trouve l’entreprise est aujourd’hui bien meilleur qu’il y a sept ans. (C’est) le bon moment (pour) devenir une société cotée. »
Néanmoins, tout ne s’est pas passé comme prévu. Lors de son premier jour de cotation, le titre Deezer, lancé à 8,50 €, a perdu 16 % de sa valeur vers 9h35. À 11 heures, il s’était effondré de 35 %. Durant la semaine qui a suivi, le titre a enduré une baisse continue.
De grandes ambitions à horizon 2025
Mais la chute de Deezer est à replacer dans un contexte plus large. Cité dans Le Point, Pierre Michaud, gestionnaire de portefeuille chez Monocle, évoque le cas de Spotify, dont la valeur boursière a perdu 60 % depuis le début de l’année 2022. L’indice américain du Nasdaq, référent sur le secteur du numérique, est pour sa part en chute d’environ 30 %. Selon Pierre Michaud, « Deezer arrive à un moment où les capitalisations se rationalisent. » Cette décote n’est donc pas nécessairement alarmante.
D’ailleurs, l’entreprise Deezer se fixe de grandes ambitions : d’ici 2025, elle entend doubler son chiffre d’affaires. Contrairement à Spotify, qui souhaite se diversifier grâce aux podcasts et aux livres audio, Deezer entend tout miser sur la musique, son cœur de métier, et sur des alliances avec plusieurs partenaires stratégiques, comme l’opérateur de téléphonie Orange en France.
« Notre intention est de trouver des partenaires avec lesquels nous pouvons entrer sur de nouveaux marchés, car nous avons un produit extrêmement compétitif et, avec la bonne distribution, nous savons que nous pouvons conquérir des parts de marché et rivaliser avec les grands acteurs. » — Jeronimo Folgueira, PDG de Deezer