Un ancien employé poursuit en justice Meta, l’actuelle maison-mère de Facebook. En 2019, il avait été renvoyé de l’entreprise, après s’être insurgé contre un protocole permettant à la société de Mark Zuckerberg d’exhumer les données personnelles prétendument supprimées par les utilisateurs.
Facebook pourrait restaurer les données personnelles supprimées à la demande de la justice
Brennan Lawson, c’est le nom de cet ancien salarié de Facebook, qui porte aujourd’hui plainte contre son ex-entreprise. Selon ses dires, il avait eu vent, en 2018, de l’existence d’un outil permettant d’accéder aux données personnelles des usagers de Messenger, l’application de chat accolée au réseau social, même lorsque celles-ci avaient été supprimées par leur propriétaire.
Selon les termes du procès, cet outil était utilisé par les employés pour « passer outre les protocoles de vie privée habituels de Facebook », et récupérer des données sans le consentement des internautes, ni même aucun avertissement préalable quant à cette possibilité. D’après Brennan Lawson, Facebook recourait à cette méthode à la demande de la justice, dans le cadre d’enquêtes policières :
« Les forces de l’ordre posaient des questions sur la manière dont un suspect utilisait (Messenger), pour savoir à qui il envoyait des messages, quels messages il envoyait, quel était le contenu de ces messages. Par souci de garder Facebook dans les bonnes grâces du gouvernement, (les équipes internes) avaient recours à ce protocole afin de fournir des réponses aux autorités.
Un employé de Facebook renvoyé pour avoir exprimé ses inquiétudes
Brennan Lawson aurait été informé de l’existence de ce protocole à l’occasion d’une réunion d’équipe, à la fin de l’année 2018. Il a aussitôt fait part de ses doutes quant à la légalité de cette méthode — et à raison. Si celle-ci s’avérait, en n’avertissant pas les utilisateurs de la possibilité de restaurer leurs données supprimées, Facebook violerait les règles de l’Union européenne en matière de vie privée en ligne, ainsi qu’une ordonnance de la Federal Trade Commission américaine.
Lawson savait qu’il s’aventurait sur « un terrain glissant » en évoquant ses inquiétudes. Cela s’est confirmé puisqu’il a été renvoyé en juin 2019, officiellement à la suite d’une mauvaise manipulation de l’un des outils d’administration de Facebook. Selon Lawson, cet argument n’était qu’un prétexte, le véritable motif étant dans son manque de loyauté vis-à-vis de l’entreprise — et de ses méthodes. Resté au chômage pendant 18 mois à la suite de cet incident, il réclame aujourd’hui 3 millions de dommages et intérêts à son ancienne société. Cette dernière, pour sa part, dément formellement, par la voix d’un de ses porte-paroles :
« Ces allégations sont infondées, et nous nous défendrons avec vigueur dans cette affaire. »