Début juillet 1998, la PlayStation a accueilli une œuvre mémorable, considérée par beaucoup comme un classique incontournable de sa ludothèque. En gestation pendant des années, ce titre-arlésienne – dont les prémices remontent à 1992 – a surpris tout le monde par la qualité de sa réalisation et son aventure teintée de modernisme et de nostalgie. Ce jour-là, il y a 24 ans, Éric Chahi, l’auteur de l’extraordinaire Another World, a dû lâcher un sacré ouf de soulagement.
Un jeu d’aventure unique
Développé par une équipe d’une douzaine de personnes, Heart of Darkness relate les aventures d’Andy, un gamin qui déteste l’école et qui préfère s’amuser avec son compagnon à quatre pattes, Whisky. Un jour, alors qu’ils sont au parc pour profiter d’une éclipse solaire, Andy assiste, impuissant, à l’enlèvement de son chien par un étrange vortex. Ni une, ni deux, il fonce jusqu’à chez lui et s’empare de ses dernières inventions (un fusil plasma, une passoire faisant office de casque…) avant de grimper dans son vaisseau. Propulsé à travers une nouvelle dimension, il arrive dans un monde appelé Darklands et se fait le serment de retrouver son brave Whisky ! (oui, dit comme ça, ça fait bizarre)
Le Toy Story de la PlayStation ?
Si Heart of Darkness a marqué son époque, c’est avant tout pour sa mise en scène et ses transitions naturelles entre les phases de jeu et les cinématiques. Considéré à l’époque comme le Toy Story de la PlayStation, le titre affiche des séquences d’animation à tomber par terre ! Même si les mouvements sont légèrement hachés, la qualité des images et des doublages a fait sensation en 1998 ! Grâce à elles, le joueur est transporté dans un monde ultra immersif où chaque écran est un tableau d’artiste.
À la manière d’un Another World, le joueur doit passer les obstacles en apprenant à se défaire de tous les pièges. Reposant sur le principe du « die and retry », Heart of Darkness est une œuvre particulièrement exigeante (les phases sous-marines), mais qui pousse à se surpasser tant l’univers et les personnages sont attachants. Bourré d’humour et de moments d’anthologie, le soft d’Amazing Studio est clairement arrivé dans la douleur. Recommencé à plusieurs reprises pour le compte de différents éditeurs, il a finalement atteint les bacs avec une structure qui impose le respect : plus de 2 000 sprites pour Andy, Bruce Broughton (compositeur de renom, notamment du film d’animation Bernard et Bianca) à la musique, 30 minutes de cinématiques, 176 tableaux… Seul bémol : 9 phases pouvant se boucler en un après-midi.
Spectaculaire et passionnant, Heart of Darkness a marqué son temps. Malgré la difficulté de son développement, cette superproduction au ton unique a laissé des souvenirs impérissables. Le jeu devait sortir sur pléthore de supports (Saturn, 3DO, Amiga CD32, Game Boy Advance…), mais il n’a finalement vu le jour que sur PlayStation et PC. Cela fait 24 ans qu’il a vu le jour, mais il continue de faire résonner pas mal de souvenirs chez les joueurs.
L’avez-vous découvert à l’époque (ou plus tard) ?