Après les rovers destinés à explorer la surface d’autres planètes, la NASA, l’agence spatiale américaine, travaille désormais au développement d’un robot d’aller nager dans les eaux extra-terrestres. Un projet qui pourra être utile dans les prochaines décennies.
Si, aujourd’hui, la planète Mars est au cœur de nombreux enjeux en matière de conquête spatiale, les ingénieurs de la NASA anticipent déjà l’étape d’après. L’un des objectifs associés à l’exploration des planètes de notre système solaire est de chercher des traces de vie, qu’elles soient actuelles ou passées. Et l’un des meilleurs espoirs d’en trouver est de scruter l’eau présente sur certains astres.
À ce titre, on peut citer la lune glacée de Saturne, nommée Encelade. Sous une épaisse couche de glace se trouvent des étendues d’eau qui cachent peut-être des secrets. La NASA en est d’ailleurs persuadée : lorsque la sonde Cassini a survolé la région en 2004, elle a détecté des molécules intéressantes dans la brume d’Encelade : du méthane, notamment, qui est souvent associé à une présence de vie.
Mais pour espérer un jour explorer les profondeurs aquatiques d’Encelade, et d’autres astres similaires, il faut l’équipement adéquat. Et c’est sur cela que travaille actuellement la NASA.
Des robots nageurs pour explorer l’espace
L’ingénieur en mécanique robotique du Jet Propulsion Laboratory de la NASA Ethan Schaler a développé un concept composé d’une sonde destinée à faire fondre la glace à la surface d’une planète, en vue d’y déverser ensuite des drones aquatiques de la taille d’un téléphone portable. Ces derniers seraient alors en mesure de naviguer dans les eaux extra-terrestres et d’en extraire des données.
Ce projet, nommé Sensing With Independent Micro-Swimmers (SWIM) n’en est qu’à ses débuts. Sa première phase, destinée à réaliser une étude de faisabilité, a été financée à hauteur de 125 000 dollars. Désormais, une seconde phase, quant à elle financée par le programme Innovative Advanced Concepts de la NASA à hauteur de 600 000 dollars, implique de concevoir des prototypes imprimés en 3D et de les tester selon différents scénarios.
Un projet aux ambitions folles
« Avec un essaim de petits robots nageurs, nous serons en mesure d’explorer un volume d’eau océanique beaucoup plus important et d’améliorer nos mesures en ayant plusieurs robots collectant des données dans la même zone », explique Ethan Schaler dans un communiqué.
L’objectif du projet sera de « réduire les risques tout en améliorant la science », résume la NASA. Un appareil, nommé Cryobot, sera plongé dans l’eau et c’est lui qui libèrera les drones SWIM. Le Cryobot récupèrera les informations et les transmettra ensuite à une sorte de tour de transmission située à la surface de la glace. L’idée sera de permettre au Cryobot de se rendre le plus loin possible sous la glace, et donc dans l’eau, tout en emportant les drones avec lui pour collecter des informations là où il est actuellement possible d’imaginer pouvoir aller.
« Chaque robot aurait son propre système de propulsion, son ordinateur de bord et son système de communication par ultrasons, ainsi que de simples capteurs de température, de salinité, d’acidité et de pression. Des capteurs chimiques pour surveiller les biomarqueurs — signes de vie — feront partie de l’étude de phase II de Schaler », ajoute la NASA.
Les drones plongeurs bientôt dans l’Espace ?
Si la NASA nourrit de grandes ambitions pour ce projet, il n’en reste pas moins à un stade de développement encore très précoce. Pour l’instant, il n’est associé à aucune mission prévue, ce que laisse penser que s’il parvient jusqu’à l’étape de finalisation, il ne sera pas exploité avant l’horizon 2030.
En 2024, la mission Europa Clipper quittera la Terre à destination de la lune jovienne Europe, qu’elle attendra en 2030. L’objectif de cette mission sera de récolter des informations sur cet astre, que la NASA soupçonne d’abriter une forme de vie : des scientifiques du monde entier pensent que sous l’épaisse couche de glace qui recouvre Europe se cache un vaste océan. C’est peut-être sur Europe que l’ambitieux projet d’Ethan Schaler fera ses premiers pas, ou plutôt ses premières brasses, dans les décennies à venir.