Il faut parfois du temps pour que les histoires gravitant autour de certains jeux vidéo soient exhumées et The Legend of Zelda : The Wind Waker en est une nouvelle preuve. Oui, malgré ce qu’on pouvait penser depuis un moment, il semblerait que Shigeru Miyamoto ait fait des déclarations allant contre sa propre opinion !
Le mécontentement des fans
Pour celles et ceux n’ayant pas vécu le début des années 2000, un retour en arrière s’impose. Lors du Space World 2000 (un salon dédié aux consoles et jeux Nintendo), le constructeur japonais révèle pour la première fois sa console Gamecube et présente plusieurs démos technologiques. Les spectateurs découvrent ainsi plusieurs extraits et l’un d’entre eux fait sensation. Il s’agit d’un combat furtif opposant un Link adulte à son rival de toujours, Ganondorf. Tout le monde se met alors à espérer d’un rendu équivalent pour le futur Zelda. Un an plus tard, c’est la douche froide pour la plupart des fans de Nintendo. Lors de l'édition 2001 de ce même salon, la firme de Kyoto révèle les toutes premières images de The Legend of Zelda : The Wind Waker avec un Link en « toon shading », c’est-à-dire avec un look de dessin animé enfantin. Et la colère grogne…
Shigeru Miyamoto était du même avis que les fans !
Dans la foulée d’un sondage publié sur le site officiel de Nintendo, où l’on découvre que 8,27 % des sondés accroche à cette direction artistique, Shigeru Miyamoto monte au créneau pour défendre le choix de l’équipe. Il explique alors qu’il faut attendre d’avoir le jeu en main pour juger pleinement et ne ménage pas ses efforts pour défendre cette approche artistique. Sauf qu’il est d’accord avec les fans, mais il ne le dit bien sûr pas publiquement…
L’émission DidYouKnowGaming diffusée sur YouTube vient en effet d’exhumer des déclarations d’Eiji Aonuma (publiée dans le magazine japonais Nintendo Dream), l’homme derrière la série Zelda depuis de très nombreuses années, et certaines, pourtant passées sous le radar, en dise long sur ce qu’il se passait en coulisses à l’époque. Selon l’intéressé, l’équipe a volontairement attendu avant de présenter le look cel-shading (dessin animé) du jeu à Miyamoto. Et lorsque le moment survint, le papa de Mario, Link et Donkey Kong détestait les graphismes cartoon !
Si j’étais allé lui parler dès le début, je pense qu’il aurait dit « Comment ça va avec Zelda ? » Jusqu’à la fin du développement, Miyamoto a eu du mal à abandonner le style artistique réaliste de Link. À un moment donné, il a dû faire une présentation contre son gré. C’est alors qu’il m’a glissé : « Tu sais, il n’est pas trop tard pour changer de cap et faire un Zelda réaliste. »
Cela peut sembler surprenant que le créateur de Link n’ait pas jeté un œil avant sur ce projet canonique, mais c’est symbolique des entreprises japonaises. Après avoir été un créateur de génie, Miyamoto est devenu producteur pour superviser plusieurs projets. Mais lorsqu’il avait un projet de grande envergure qui lui tenait à cœur, il n’était pas rare qu’il ne s'occupe plus que timidement des autres projets.
Takashi Tezuka avait ainsi profité que son collègue soit bien occupé (par un autre projet) pour mettre sur pied l’incroyable The Legend of Zelda : Link's Awakening sur Game Boy. Pour The Wind Waker, Eiji Aonuma a sans doute profiter que Miyamoto était en pleine réflexion sur sa nouvelle licence Pikmin, pour en faire de même et développer sa propre vision de la série.
Finalement, et même s’il était contre ce design pendant très longtemps, Shigeru Miyamoto a fini par accrocher à ce look très original et The Wind Waker a pu sortir, embarquant avec lui une (très) grande communauté conquise par cet épisode unique.