Il y a quelques années, on parlait seulement de fake news. Aujourd’hui, on s’inquiète des deepfakes : des vidéos trafiquées, plus vraies que nature, qui font dire n’importe quoi à n’importe qui, et qui, une fois mises en ligne sur Internet, peuvent répandre des rumeurs à vitesse grand V. Pour lutter contre la désinformation, l’Union européenne entend responsabiliser les géants du Web, à commencer par Google, Twitter et Facebook, les trois plateformes les plus concernées par le problème.
Les deepfakes, c’est quoi ?
Les réseaux sociaux n’ont pas que du bon. S’ils contribuent largement à ce que l’information circule plus vite, ils offrent aussi aux propos trompeurs et mensongers une opportunité de se propager dans la nature. Certains acteurs du numérique l’ont bien compris, et prennent d’ores et déjà des mesures pour, notamment, permettre de vérifier si une image a été retouchée.
Mais un phénomène plus préoccupant encore que le montage photo est aujourd’hui pointé du doigt par l’Union européenne : il s’agit des deepfakes. Ces vidéos emploient des techniques d’intelligence artificielle sophistiquées, pour apposer le visage d’une personne sur celui d’une autre, ou imiter les expressions faciales et les mimiques d’un individu.
Le résultat : des images souvent très convaincantes, dans lesquelles des personnalités politiques, des chefs d’entreprise, des responsables influents, sont mises en scène en train de tenir des propos qu’ils n’ont jamais prononcés en réalité.
A deepfake of Ukrainian President Volodymyr Zelensky calling on his soldiers to lay down their weapons was reportedly uploaded to a hacked Ukrainian news website today, per @Shayan86 pic.twitter.com/tXLrYECGY4
— Mikael Thalen (@MikaelThalen) March 16, 2022
Ces vidéos contrefaites ont un grand pouvoir de viralité et de désinformation, et elles peuvent avoir de sévères conséquences sur la démocratie et, plus globalement, sur le droit de chaque citoyen à une information saine et avisée.
De nouvelles normes européennes… Et des sanctions
Dans ce contexte, la Commission européenne s’apprête à publier, ce jeudi 16 juin, une mise à jour de son Code de bonnes pratiques contre la désinformation, un document initié en 2018 pour inviter les éditeurs de presse et les acteurs du Web à se saisir du sujet.
Cette nouvelle mouture du Code fait suite à l’adoption, en début d’année, du Digital Services Act (DSA). Ce texte, désormais en vigueur dans les 27 pays de l’Union, vise précisément à responsabiliser les géants du Web face à la haine en ligne et à la désinformation. Thierry Breton, en charge de ce sujet, a déclaré à l’agence Reuters :
« La DSA fournit une colonne vertébrale juridique au Code de bonnes pratiques contre la désinformation — y compris des sanctions lourdes et dissuasives »
En effet, ce Code ne se contente pas de détailler les mesures à prendre pour prévenir les deepfakes et la désinformation : il prévoit surtout des sanctions pour les entreprises signataires qui manqueraient à ces obligations — sous la forme d’une amende pouvant grimper jusqu’à 6 % de leur chiffre d’affaires mondial.
De quoi inciter les géants du Web à plus de responsabilité en la matière, et à se montrer davantage exemplaires pour empêcher la prolifération de contenus malveillants et trompeurs sur leurs plateformes.