La Commission européenne met la pression à WhatsApp. L’application de messagerie, propriété de Meta (Facebook) est dans le collimateur de Bruxelles, en raison d’un manque de transparence concernant l’utilisation qui est faite des données personnelles de ses utilisateurs.
Vous êtes-vous déjà demandé ce que WhatsApp faisait de vos données personnelles ? Si vous utilisez régulièrement la messagerie de Meta, vous mettez vos messages entre ses mains virtuelles. Cela peut lui servir de différentes manières, à commencer par du ciblage publicitaire. Et normalement, vous le savez, puisque vous avez accepté les conditions d'utilisation du service. Il est cependant possible que tout ne soit pas très clair pour vous : c'est normal.
En mai 2021, WhatsApp a mis à jour ses conditions d’utilisation dans l’optique de devenir un outil plus commercial pour Meta, et donc, plus rentable, via le partage des données personnelles entre les deux plateformes. Concrètement, en partageant des informations sur WhatsApp, Meta les récupère et peut notamment les revendre. Il est possible de refuser ces conditions, mais ce faisant, la messagerie se retrouve vidée de sa substance. Mais ce n'est même pas le coeur du problème : le souci majeur, c'est que WhatsApp laisse planer le doute quant à la manière dont les données récoltées sont utilisées. Et ça, ça ne plait pas beaucoup aux autorités compétentes.
Quand l’Europe s’en mêle
Dès l’été 2021, des consommateurs se sont dressés face à cette situation et des plaintes ont été déposées, notamment auprès du Bureau européen des unions de consommateurs (BUEC), basé à Bruxelles. Mais WhatsApp n’a pas réagi, ce qui a obligé la Commission européenne, par le biais du réseau de coopération en matière de protection des consommateurs (CPC) à mettre les pieds dans le plat : en janvier 2022, elle a envoyé une lettre à la plateforme, en lui demandant de clarifier différents points en lien avec ses conditions d’utilisation et sa politique de confidentialité. Ces points, détaillés par l’UE, sont les suivants :
- De quelle manière WhatsApp s’assure-t-il que les consommateurs peuvent comprendre les conséquences de l’acceptation des conditions d’utilisation mises à jour ?
- De quelle façon WhatsApp utilise les données personnelles des consommateurs à des fins commerciales, et comment l’application explique aux consommateurs la manière dont elle partage ces données avec d’autres sociétés Facebook/Meta ou des tiers ?
- Comment WhatsApp garantit-il que les consommateurs peuvent rejeter les nouvelles conditions d’utilisation, sachant que des notifications persistantes dans l’application incitent les consommateurs à accepter les modifications respectives ?
- Quelles sont les mesures que WhatsApp compte prendre concernant les consommateurs qui ont déjà accepté les conditions d’utilisation de la mise à jour, sur la fausse présomption que c’était nécessaire pour pouvoir continuer à utiliser l’application ?
En somme, le problème n’est pas que WhatsApp utilise les données de ses utilisateurs. Le problème, c’est que sa manière de procéder n’est pas conforme au Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) : la plateforme se doit de donner des informations claires et précises pour permettre à l’utilisateur de savoir, concrètement, à quoi il s’engage en acceptant les conditions imposées par WhatsApp. « WhatsApp doit veiller à ce que les utilisateurs comprennent ce qu’ils acceptent et comment leurs données à caractère personnel sont utilisées à des fins commerciales », explique simplement Didier Reynders, commissaire responsable de la justice au sein de la Commission européenne.
Une réponse peu satisfaisante de WhatsApp
La Commission européenne souligne aujourd’hui que si WhatsApp a répondu à cette demande en mars 2022, le retour effectué n’était pas satisfaisant. « Après avoir soigneusement évalué la soumission de WhatsApp, le réseau CPC n’a pas été convaincu par les clarifications de l’entreprise sur les préoccupations soulevées », explique le communiqué publié le 9 juin.
L’entreprise a désormais jusqu’en juillet pour apporter de nouvelles réponses, capables de satisfaire Bruxelles. Pour l’heure, on ne sait pas ce qu’il pourrait se passer si WhatsApp décidait de ne pas coopérer : il va falloir attendre la fin de cet ultimatum pour le savoir.