L’information - aussi surprenante soit-elle - est tombée hier : Sony obligerait bientôt les développeurs de “gros jeux” à proposer des démos d’au moins deux heures sur PS4 et PS5, dans le cadre de la refonte du PlayStation Plus. Une bonne nouvelle en apparence mais qui peut poser divers problèmes au cas par cas.
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Alors oui, le nom de code du nouveau PS Plus (Spartacus) laissait sous-entendre une stratégie agressive du côté de Sony, cherchant à challenger un Xbox Game Pass toujours plus puissant. Mais il semblerait que la société soit aussi prête à serrer la vis pour ses propres développeurs. Le média Game Developer, contacté par plusieurs studios, soutient que PlayStation obligerait désormais les créateurs de “gros jeux” PS4 et PS5, dont le prix négocié avec Sony est égal ou supérieur à 34$ (33€), à produire des démos d’au moins deux heures. Une nouvelle qui serait apparue dans les lignes du portail des développeurs PlayStation. Toutefois, Kotaku et Gauthier Gautoz Andres, ex-journaliste à Gamekult, affirment que PlayStation prendrait en charge “par défaut” ces démos, afin de ne pas imposer de travail supplémentaire aux studios. Contacté par JV, Sony n’a pas souhaité commenter ces rumeurs.
Dans un cas comme dans l’autre, ces versions d’évaluation rejoindraient à terme le PlayStation Plus Premium, palier maximum de la nouvelle offre par abonnement présentée récemment par Sony. Toujours selon différentes sources, les démos devront être disponibles au maximum trois mois après la sortie du dit jeu et pour une durée d’au moins un an. Enfin, les titres en réalité virtuelle ou à prix moindre (en dessous de 34$) ne seraient pas concernés.
Démos, démodées ?
En tant que joueur, la nouvelle est forcément réjouissante. Même si l’âge d’or des démos est loin derrière nous, les versions d'évaluation - ou l’accès à une bêta - sont encore le meilleur moyen de se faire un avis sur un jeu. C’est un peu la déclinaison logique des bandes-annonces pour le cinéma. Si un avant-goût d’un film se doit d’être vu, le jeu vidéo exige d’être pris en main pour constater toute sa dimension ludique. Malheureusement, aujourd’hui, les démos sont de plus en plus rares, en particulier sur console. À tel point qu’il existe maintenant des événements qui leur sont dédiés : le Steam Next Fest ou les versions d'évaluation des Game Awards.
Les démos, un objet de communication relativement chamboulé par l’arrivée de formule par abonnement comme le Xbox Game Pass. Mieux que d’essayer quelques minutes un jeu qui vous fait envie, pourquoi ne pas débourser une poignée d’euros et jouer à sa version complète ? PlayStation l’a bien compris. Mais contrairement à Microsoft, la société n’est pas prête à intégrer ses blockbusters dès le jour de leur sortie dans son nouveau PS Plus. Sa solution : offrir à ses abonnés Premium un accès limité aux derniers triple-A Sony, comme on l’a appris le mois dernier. Il semblerait donc que ce bonus s’applique dorénavant à tous les titres dont le prix est supérieur ou égal à 34 $. De quoi faire du PlayStation Plus Premium une offre plus attractive que jamais.
Bon et du mauvais
Cependant, une démo, ça ne se fait pas tout seul, souligne Game Developer. “D'une part, les grands éditeurs comme Activision Blizzard, 2K Games ou les studios internes de Sony auront probablement les ressources nécessaires pour créer ces essais de jeux limités dans le temps (...) D'un autre côté, si votre jeu se situe juste au-dessus de 34 $, vous travaillez probablement avec moins de ressources que vos concurrents” précise le média. La directive de PlayStation pourrait alors être perçue comme bien unilatérale, ce qui est contre-balancé par le second volet d’information sur le sujet, qui voudrait que Sony prenne en charge les démos “par défaut”. Bien sûr, cette solution serait la meilleure. En juillet dernier, de nombreux studios modestes dénonçaient déjà des contacts trop épars avec PlayStation et un manque de visibilité notable sur le PS Store.
“Par défaut” car les développeurs auraient aussi la possibilité de proposer leur propre démo, qui serait alors validée au cas par cas par Sony. Une solution bienvenue, qui demanderait toutefois un investissement plus important des développeurs. Car les deux premières heures d’un titre ne sont souvent pas représentatives de l’expérience finale, en bien comme en mal. On parle par exemple de “First Hour Experience” (expérience de la première heure) pour un titre au début très intense et marquant mais à la suite plus lente. À l’inverse, il y a des jeux à l’introduction longue qui se révèlent après plus de deux heures : Red Dead Redemption II. Ainsi que les softs avec une petite durée de vie, où une telle portion représenterait une - trop - grosse part du jeu final.
La règle pourra donc avoir des effets divers en fonction des cas. “Les studios avertis peuvent maximiser ces essais en opportunités d'acquérir de nouveaux joueurs, mais sans promesse de paiement à la fin, cela pourrait représenter beaucoup de travail pour un gain limité” note de plus Game Developer. De son côté, Ethan Gach, journaliste pour Kotaku, affirme avoir entendu des inquiétudes à propos de la monétisation d'un avantage par Sony mais dont les revenus ne seraient “pas partagés avec les développeurs”. Il faudra donc attendre une déclaration officielle de Sony. Le nouveau PlayStation Plus entrera en vigueur dès le mois de juin prochain.