Fraîchement annoncée par Sony, la nouvelle offre PlayStation Plus se divise en une poignée de formules pour mieux régner. Bien étudiée au niveau tarifaire, multiple dans ses fonctionnalités, elle compte bien tirer son épingle du jeu dans la guerre des services qui s’organise. Une évolution en laquelle croit Jim Ryan (patron de Sony Interactive Entertainment), persuadé que l’écosystème mis en place facilitera le cercle vertueux investissements/succès chez PlayStation.
Le PS Now est mort, vive le PlayStation Plus Premium !
Cela fait plusieurs mois que le son des tambours du géant japonais résonne sur le champ de bataille. En décembre 2021, les rumeurs parlaient de l’arrivée d’un certain “Spartacus”, la “réponse de Sony au Game Pass”, pouvait-on lire sur Internet. Ce mardi 29 mars 2022, Jim Ryan (patron de SIE) a enfin pris la parole pour expliquer comment il s’apprête à intensifier les efforts de son groupe dans le domaine des services. À la fin du mois de juin 2022, le PlayStation Plus comptera trois formules en France auxquelles les utilisateurs pourront souscrire : l’Essential (l’offre PS Plus telle que nous la connaissions avec le jeu en ligne et les softs inclus chaque mois), l’Extra (les apports de l’Essential avec en plus l’accès à un catalogue de 400 jeux PS4 et PS5) et enfin la Premium (les avantages de l’Essential et de l’Extra, avec la possibilité de jouer à des titres PSOne, PS2, PS3, PSP et d’accéder pendant un temps limité aux dernières productions de Sony). Et la Vita dans tout ça ? Oubliée, comme d’habitude.
En réalité, il est sûrement plus judicieux de voir ce que propose Sony comme une fusion améliorée entre le PS Plus et le PS Now plutôt que comme un véritable nouveau produit. Avec le PS Plus Premium, nous retrouvons en effet le jeu en ligne et les jeux “gratuits” du PS Plus, ainsi que le vaste catalogue de softs récents et rétro à télécharger ou à faire en streaming du PS Now. L’impression d’assister à une fusion des deux services est renforcée par le prix du PlayStation Plus Premium : à peu près 120 euros par an, soit la somme du prix de l’ancien PS Plus (59,99 euros/an) et du PS Now (59,99 euros/an). Les véritables nouveautés reposent en fait sur deux points : l’arrivée d’une sélection de jeux PSOne et PSP dans le catalogue ainsi que la possibilité de découvrir des nouveautés pendant quelques minutes via un système d’accès limité. L’ambition à peine affichée du géant japonais est de pousser les abonnés au PlayStation Plus “classique” à craquer pour la formule Extra ou Premium, et donc de les encourager à dépenser un petit peu plus d’argent pour profiter de services annexes.
Le nerf de la guerre ? Le prix et les jeux ! Oui mais… les nouveaux ou les anciens ?
Qu’il semble loin le temps où Jim Ryan ne comprenait pas l’intérêt de la rétrocompatibilité, jugeant “obsolètes” les œuvres des anciennes générations de consoles. Qui aurait cru que quelques années après ces déclarations, les anciennes gloires PlayStation serviraient de produit d’appel au PlayStation Plus Premium ? Dans la guerre des services, les jeux et les prix tiennent une place importante. En cas d’engagement à l’année à la formule PS Plus Premium, l'offre qui ressemble au minimum au Game Pass Ultimate avec la possibilité de jouer en streaming sur console ou PC, le joueur paiera 119,99 euros par an, soit un peu moins de 10 euros par mois. C’est 3 euros de moins que ce qui est exigé par Microsoft pour picorer les titres du Game Pass Ultimate. Cependant, le service de Microsoft intègre dans sa proposition les jeux flambant neufs qui émanent de ses studios, en day one. Avec le rachat de Bethesda ainsi que le projet d’acquisition d’Activision-Blizzard, la proposition se veut sérieuse.
Comme précisé dans de précédents articles, le possesseur d’une PlayStation 5 abonné au PlayStation Plus Premium devra continuer à acheter les productions de Sony s’il veut les découvrir au moment de leur lancement, quand bien même des versions d’essai lui permettrait de tester les premières minutes. En d’autres termes, le PS Plus Premium est avant tout pensé pour les amoureux des anciennes gloires PlayStation là où Microsoft avec le Game Pass Ultimate base une grande partie de son argumentaire sur la disponibilité des nouveaux AAA issus de ses studios en day one. Néanmoins, le coffre de jeux PS4/PS5 accessible dès l’édition Extra apporte des titres plus récents. Il connaîtra des entrées et des sorties régulières en fonction de l'actualité.
Parts de marché et territoires
Malgré l'excitation suscitée autour de l’officialisation du projet “Spartacus”, il n’y a pour le moment aucune raison de penser que le Game Pass Ultimate est en danger. Les offres sont suffisamment différentes dans leurs approches pour ne pas se risquer à une attaque frontale. Microsoft a surtout pris beaucoup d’avance dans la course au “Netflix du jeu vidéo”. D’après Ampere Analysis, le Game Pass détiendrait 60 % de parts de marché des services d’abonnement de jeux vidéo en Amérique du Nord et en Europe, contre seulement 7 % pour le PlayStation Now.
L’objectif de Sony est donc, dans un premier temps, de grappiller quelques parts de marché en s’appuyant sur le succès du PS Plus, de simplifier la proposition en regroupant ses deux services, et d’atteindre de nouveaux territoires (avant la fin de l’année d’après la FAQ officielle). En amont de l’annonce de l’évolution du PlayStation Plus, Microsoft révélait justement que le Game Pass PC allait arriver en Indonésie, en Malaisie, aux Philippines, en Thaïlande et au Vietnam. Avec leurs services disponibles sur PC, les géants partent à la conquête des territoires qui jouent majoritairement à l’aide d’ordinateurs. Les analystes semblent pour le moment s’accorder sur le fait que la mise à niveau des abonnés PS Plus vers la formule Extra devrait être particulièrement populaire. Les grands perdants de cette mise à jour orchestrée par Sony sont les utilisateurs qui profitaient du PS Now strictement sur PC. S’ils veulent continuer de profiter des jeux PlayStation en streaming, ils devront souscrire à un abonnement deux fois plus cher.
Non, l’évolution du PS Plus présentée par Sony n’est pas encore le “Game Pass killer”, pour la simple et bonne raison qu’elle ne propose pas les grosses exclusivités PlayStation en day one, là où Microsoft (qui possède Bethesda et tente d’acquérir Activision-Blizzard) offre à son service des titres majeurs dès leur sortie. Néanmoins, ce regroupement PS Plus/PS Now allié aux différentes formules devrait permettre à la firme japonaise d’améliorer ses marges grâce aux utilisateurs qui décideront de tenter les éditions Extra et Premium. Et donc de récupérer quelques parts de marché dans le segment des services d’abonnement de jeux vidéo actuellement dominé par Microsoft.