Connu sous le nom Blast Dozer au Japon, Blast Corps est l’un des premiers titres sortis sur Nintendo 64. Il s’agit d’un jeu d’action dans lequel le joueur utilise différents types de véhicules (et même des méchas) pour détruire des bâtiments afin de frayer le chemin à un porte-missiles. Le principe est complètement loufoque et mise avant tout sur le fun. Aujourd’hui, la cartouche fête son 25ème anniversaire et on vous en dit plus sur sa création.
Tout commence en 1994. À l’époque, le studio Rare est l’un des rares à détenir des kits de développement Nintendo 64 (en l’occurrence, il s’agit de deux machines uniquement et on parle alors d’Ultra 64). Comme à leur habitude, les frères Stamper, les fondateurs de Rare, plongent dans les entrailles de l’appareil et Chris Stamper, l’aîné du duo, décide d’utiliser un vieux concept dont il a eu l’idée en 1992. Le projet consiste alors à mettre en scène des destructions de bâtiments en profitant de la puissance de la nouvelle console. Il confie le projet à Martin Wakeley, un jeune développeur ayant œuvré sur Donkey Kong Land sur Game Boy. Dans l’Histoire de Rare édité chez Pix’n Love, il se souvient :
Blast Corps avait comme nom de code « Bull » durant son développement. Je suis presque sûr qu’il s’agissait d’un diminutif pour Bulldozer. Ensuite, il y a eu une version appelée Blast Radius, puis ce fut au tour de Blast Dozer. Le jeu a été annoncé durant le Shoshinkai, en 1995. Mais on a eu un problème, car le nom n’était pas exploitable au niveau mondial. Alors, les versions américaines et européennes sont devenues Blast Corps.
Au début du développement, la toute petite équipe de développeurs tâtonne pour maîtriser les caractéristiques de la future console de Nintendo. Mais le travail est délicat et le titre n’a, au départ, aucune identité. Pire, le camion qui sert d’avatar ressemble plus à un transport de saucisses. C’est finalement en s’inspirant de la série télévisée Les Sentinelles de l’Air (la même qui a inspiré Shigeru Miyamoto pour Starfox) que le staff trouve peu à peu une direction à faire prendre au projet. Chaque mission correspond à un type de véhicule et il faut alors s’adapter à chacun pour ouvrir la voie au porte-missiles, un peu comme dans Lemmings.
Parmi les bizarreries que comportent Blast Corps, on peut notamment parler de Thunderfist, un robot qui ne possède qu’un seul bras… car il n’y avait plus assez de mémoire pour afficher le second. Il faut aussi dire que l’équipe s’est fait plaisir en mettant le paquet sur les explosions. À elles-seules, elles représentent… 1 Mo sur les 8 contenus dans la cartouche ! Conçu en treize mois, avec notamment l’apport de Shigeru Miyamoto (qui donnait des indications aux développeurs de Rare), Blast Corps est le tout premier jeu Nintendo 64 de Rare et il est considéré, par certaines personnes, comme un classique de sa ludothèque. Il s’est écoulé à près d’un million d’exemplaires. Le mot de la fin ira à son créateur :
Il est difficile de dire si c’est un inclassable, même si j’ai toujours pensé que Blast Corps était un casse-tête. Je peux tout à fait comprendre pourquoi certains le considéraient comme un jeu d’action, voire un jeu de course, etc. Vous savez, une de mes inspirations personnelles était un titre de Nintendo : Donkey Kong’ 94. L’idée était que vous disposiez de tous les éléments nécessaires pour résoudre chaque énigme dès le début de chaque niveau. Le défi consistait à déterminer l’ordre dans lequel les utiliser. Fondamentalement, voilà ce que représente Blast Corps.