Le Tactical-RPG sauce Game of Thrones

Les habitués des J-RPG le savent, le genre n’est pas nécessairement réputé pour la profondeur des scénarios, ou au moins, de leur pitch de départ. Sans vouloir entrer dans le cliché, en dehors des héros amnésique, des vils empereurs démoniaques qui veulent dominer le monde et des jeunes adolescents qui se retrouvent soudainement à la place d’élu-sur-qui-tout-repose, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Toutefois, de leur côté, les Tactical-RPG japonais proposent souvent un univers plus dense, baigné dans des conflits politiques aux rouages plus ou moins complexe. Si une série comme Fire Emblem reste légère, s’axant plutôt sur les personnages, d’autres jeux n’ont pas peur de nous plonger dans un contexte bien plus touffu. C’est justement le cas de TRIANGLE STRATEGY, qui joue cette carte à fond les ballons.

La région de Norzélia est divisée en trois nations distinctes. Le Duché d’Aefrost au Nord, le Royaume de Glenbrook à l’ouest et les terres saintes de Hyzante, à l’est. Bien que la paix règne entre ces trois nations après une guerre sanglante qui aura duré plus de 30 ans, les tensions politiques et économiques restent nombreuses. En tant que joueur, vous êtes le fils du chef de la Maison Wolffort, l’une des trois grandes maisons de Glenbrook. Bien que vous appreniez encore les rouages de la politique, vous allez très rapidement avoir un rôle à jouer dans ce grand échiquier, et vous devrez faire votre place selon vos propres valeurs. Là où tout se complique, c’est que Triangle Strategy vous laisse faire vos propres choix, sans spécialement vous forcer à choisir une direction ou une autre. Rapidement, vous comprenez la complexité des tensions internationales, mais aussi intra-nationales. A Hyzante par exemple, sept « saints » se partagent le pouvoir, mais ce système censé être équitable laisse entrevoir des dissensions claires. Le Duché d’Aefrost quand a lui est dirigé par un Intendant, qui a placé ses petits frères et sœurs autour de lui tout en traitant les membres de sa famille plus éloignés, dont sa demi-sœur bâtarde, comme des vauriens. La demi-sœur en question étant votre future épouse que vous venez de rencontrer (les joies des mariages arrangés), autant dire que ça risque de ne pas faciliter vos relations.

L'art de la diplomatie

L’aventure à peine engagée, Triangle Strategy vous noie sous les personnages à tel point qu’un bouton vous permet d’accéder à une micro-bio à chaque fois que l’un d’eux prend la parole. Croyez-nous, ce n’est pas de trop. Entre les vassaux, les ministres, les majordomes, les gardes royaux et les chefs de clan, il est difficile de se rappeler qui est qui dans les premiers instants de la partie. Dès les premiers chapitres, vous avez déjà une dizaine de personnages dans votre escouade personnelle, chacun ayant un background et un rôle à jouer dans cet univers. Mais là où Triangle Strategy se rapproche vraiment de Game of Thrones, c’est dans l’impression qu’aucun de ces personnages n’est réellement indispensable. Comprenez par là que visiblement, tout le monde ou presque peut mourir, et Triangle Strategy semble faire partie de ces jeux qui n’hésitent pas à tuer une belle partie du casting. Dans chaque dialogue, on a cette sensation que tout peut basculer très rapidement, les protagonistes pesant leurs mots avec délicatesse afin d’éviter de déclencher une guerre. Un travail de diplomatie continuel auquel le joueur prend grandement part. Ainsi vos propos accentuent votre caractère selon trois préceptes distincts et ce sont vos convictions qui décideront de qui vivra l’aventure à vos côtés ou préférera rester loin de vous. Si ce type de système pourrait être assimilé a du karma, il est en fait plus ingénieux et moins manichéen. Il n’existe pas à proprement parler de mauvais choix et, mieux encore, aucune indication ne vous indique dans quel sens vos convictions se dirigent, ni celles des autres personnages. Il va donc falloir la jouer au feeling, ce qui rajoute une tension supplémentaire à toutes ses phases de discussion, surtout quand on a l’impression que la vie ou la mort d’autres protagonistes peut en dépendre même si cela reste à voir sur les chapitres suivants.

Triangle Strategy se démarque avec un dernier point, celui de vos choix, qui vous laissent décider de ce qui se passent dans l’aventure. En effet, vous ne pourrez pas faire tous les chapitres du jeu sur une seule partie, certains choix vous fermant des portes pour en ouvrir d’autres. Mais là où tout devient stratégique, c’est que ce n’est pas directement vous qui ferez ces choix, mais vos compagnons. Puisque vous prônez la démocratie, votre rôle sera de les convaincre selon ce que vous voulez faire, ce qui sera plus simple si vous avez réussi à récolter des informations via des phases d’enquêtes. Toutefois, selon le caractère de vos compagnons et votre capacité à répondre à leurs questions, vous pouvez échouer et voir la majorité de votre équipe décider, via un système de vote, d’aller dans une ville plutôt qu’une autre ou de prendre part à une bataille que vous souhaitiez esquiver par exemple. A nouveau le système politique de Triangle Strategy est très bien fichu et l’impression de ne pas avoir la maîtrise totale des événements met encore plus de pression sur vos épaules.

Bien que Triangle Strategy n’ait dévoilé que ses trois premiers chapitres, on y entrevoit déjà un titre bien plus complet qu’un simple T-RPG qui reprendrait les codes du genre. Les tensions politiques complexes et les choix de dialogue aux conséquences parfois radicales poussent le joueur à ne jamais baisser la garde, rendant ainsi l’aventure plus intense. On s’attache aux personnages tout en essayant de discerner le vrai du faux. Il nous tarde de voir comment l’histoire va se développer afin de comprendre les conséquences de nos décisions, même si la démo nous laisse déjà comprendre que les chapitres seront parfois totalement différents selon notre orientation stratégique.

Triangle Stratégy sort le 4 mars prochain, exclusivement sur Nintendo Switch