Plus de quatre années après la sortie chahutée de GT Sport, Polyphony Digital fonce vers la ligne d’arrivée tout en ayant les yeux rivés sur le rétroviseur. Avec Gran Turismo 7, Kazunori Yamauchi agite le drapeau du retour aux sources afin de mieux raviver la flamme des fans. Le studio désire en effet retrouver l’essence d’une franchise qui a connu son âge d’or entre 1997 et 2007. L’objectif des concepteurs ? Faire le lien entre le passé et le présent. Pour un futur victorieux ?
C’était mieux avant, donc ce sera mieux maintenant
Elles sont nombreuses ces séries de jeux vidéo à avoir promis un retour aux sources pour vendre un nouvel épisode à leur fanbase. Rien que ces dernières années, Halo Infinite, Saints Row ou encore Diablo IV ont joué ce mélancolique couplet. Neil Bissoondath écrivait que la nostalgie s’imposait “quand le présent n'est pas à la hauteur des promesses du passé”. Nous étions habitués aux joueurs qui répétaient que “c’était mieux avant”. Aujourd’hui, ce sont les créateurs qui emboîtent le pas. Interrogé par nos soins, Kazunori Yamauchi déclarait que Gran Turismo 7 aurait pour mission de connecter le passé avec le présent, et le présent avec le futur. Dans les lignes du site japonais Octane, le développeur expliquait que “les fans des anciens Gran Turismo ressentiront un peu de nostalgie”.
Histoire de se mettre les fans des anciens volets dans la poche, ou plutôt dans la boîte à gants, Polyphony Digital annonce un monde hub prenant la forme d’une ville, comme dans les anciens épisodes. Le studio révèle le retour du marché des voitures d’occasion ainsi que le come-back de certains circuits emblématiques, tels que High-Speed Ring ou encore Trial Mountain. En ce qui concerne le mode solo, il devrait faire la part belle à tout ce qui a fait le charme des carrières d’antan, avec la gestion de l’argent et le déblocage de championnats selon le type de voiture possédée. Quoi de plus normal dans ces conditions que de retrouver certains des plans iconiques des cinématiques d’introduction des quatre premiers opus dans le trailer diffusé au PlayStation Showcase 2021 ? L’heure est à l’hommage.
Une conduite sans prise de risques ?
S’il regarde bien dans le rétro, Gran Turismo 7 n’en oublie pas les nouveautés. En plus des habituels nouveaux circuits et véhicules, le titre de Polyphony Digital intègre une météo dynamique, des points de rassemblement en ligne, et surtout de nouveaux modes de jeu. Il y a tout d’abord le GT Café, mode où le joueur peut en apprendre plus sur sa collection. Une trentaine de quêtes sera disponible dans cette rubrique, passage obligé pour accéder à la fin de la campagne. Il y a également le Rallye Musical, un mode avec des défis liés à la bande sonore du jeu. Récemment, Sony a dévoilé Sony AI, une intelligence artificielle décrite comme bluffante qui sera intégrée sous la forme de “GT Sophy” dans GT Sport, et normalement dans les futurs titres de la franchise. De quoi faire claquer des dents les Drivatars de Forza ?
Ce qui est certain, c’est que depuis Gran Turismo 4, sorti en 2005 (en Europe), la série a bien du mal à repartir sur les chapeaux de roue. Pour rappel, Gran Turismo 5 a mis du temps à se rendre disponible, et quand il est arrivé, il s’est retrouvé doublé par Forza Motorsport 3 sur de nombreux points. Gran Turismo 6 est sorti dans une certaine indifférence à la fin de vie de la PlayStation 3, amputé de son mode carrière. Gran Turismo Sport, quant à lui, n’était pas ce que les fans espéraient d’un potentiel GT7. Pensé avant tout pour une expérience en ligne, il a mis les fans de longue date sur le bas-côté. Dans l’inconscient collectif, cela fait maintenant presque 17 ans que Yamauchi n’a pas réussi à redonner les lettres de noblesse à sa création. En réalité, la série de Gran Turismo se heurte à plusieurs obstacles. Le premier est la perte générale d’intérêt du grand public pour les simulations de sport automobile. Oui, les jeux de courses classiques ne se vendent plus aussi bien qu’avant. Ben Ward de Bizarre Creation (Blur, Project Gotham Racing) s’était d’ailleurs exprimé à ce sujet peu avant la fermeture de son studio. Cela peut être imputé à un changement de goûts du jeune public, plus intéressé par les jeux d’action que par les joies du pilotage sur circuits. Le deuxième vient du virage online qui a mis quelques joueurs 100 % solo sur le carreau à cause de la disparition de modes pensés pour eux. Enfin, la concurrence est féroce. Gran Turismo fait face à des bolides teigneux tels que Project CARS, Assetto Corsa, et surtout Forza Motorsport. À force d’améliorer sa technique, son pilotage, ses options d'accessibilité et surtout son contenu, la licence de Turn 10 a gagné les faveurs de la critique. La moyenne MetaCritic des 5 derniers épisodes de Forza Motorsport s’élève à 87, contre 80 pour les trois derniers volets de Gran Turismo. Sans parler de désamour des professionnels pour GT, les Forza ont indéniablement le vent dans le dos.
Tandis que Gran Turismo 7 s’annonce comme un retour aux sources disposant de quelques modes inédits, la concurrence est dans les starting-blocks. Le prochain Forza Motorsport, de son côté, ne regarde aucunement derrière lui. Contrairement à Yamauchi et à son écurie, Dan Greenawalt et Turn 10 ont souhaité repartir de zéro pour établir un châssis de ce qui s’agira d’une nouvelle expérience 100 % next-gen. Il reste à espérer que les choix opérés par Polyphony Digital soient les bons. En cas de déconvenue, il n’est pas certain que les passionnés lui accordent une nouvelle chance.