29 janvier 1996. Après des mois de labeur, le troisième épisode des aventures de Duke Nukem s’apprête à être lâché dans la nature ! Pour la première fois, le blondinet bourrin évolue dans un univers 3D et part à l’assaut d’extra-terrestres belliqueux dans un monde contemporain incroyable d’immersion ! Pour l’équipe d’Apogee Software, qui deviendra 3D Realms, le travail n’est pas terminé, mais tous le savent : ils ont créé un monstre !
Avant de devenir le héros badass que l’on connaît, Duke Nukem a démarré sa carrière sous la forme d’un héros de jeux à défilement horizontal. À l’époque, George Broussard et Scott Miller, des passionnés de jeux vidéo depuis l’époque de Space Invaders et fondateurs du studio Apogee, commencent à réfléchir à un jeu pouvant se démarquer de la concurrence. Ils imaginent alors un titre d’action appelé « Heavy Metal » dans lequel un anti-héros, sorte de renégat de la société, affronte une armée de robots. Leur but ? Attirer l’attention du joueur sur le personnage et non sur la technique du moment qui est assez sommaire. En s’inspirant de Turrican et Mega Man, les développeurs parviennent à créer une ambiance accrocheuse et le jeu rencontre un beau succès (entre 60 000 et 70 000 exemplaires vendus selon les intéressés). Appelé Duke Nukem, il est renommé temporairement Duke Nukum pour la version 2.0 (une mise à jour apportant des correctifs). Après la sortie du jeu, Apogee Software découvre que le dessin animé Captain Planet comporte un personnage qui porte le nom de Duke Nukem. Pour éviter le procès, le studio choisit donc de le modifier. Plus tard, il s’aperçoit que le terme Duke Nukem n’est pas déposé et comprend qu’il peut l’utiliser définitivement.
UNE SUITE ET LA RÉVÉLATION
Conscient de tenir un personnage qui dépote, Apogee Software réalise une suite sobrement intitulée Duke Nukem II. Elle reprend le gameplay horizontal de l’original et l’accueil est plutôt positif, mais moins retentissant qu’auparavant. Et pour cause, en 1991, la 3D n’était pas encore dans tous les esprits. Deux ans plus tard, alors que Sony s’apprête à se lancer dans la bataille et que SEGA est sur le point de lancer Virtua Fighter, c’est une autre histoire. Apogee Software a conscience du profond changement qui s’opère et décide de récupérer son héros bodybuildé en modernisant la formule ! Après Wolfenstein 3D et le tout récent Doom, celle-ci est toute trouvée !
Il faudrait un article complet (ça pourrait être intéressant, non ?) pour revenir sur l’intégralité du développement de Duke Nukem 3D, mais c’est à force d’itération et de polissage que l’équipe est parvenue à modeler peu à peu l’identité du jeu. Ils ont ainsi puisé dans de multiples références cinématographiques ou encore des bouquins pour obtenir un monde contemporain en proie à une invasion d’aliens. Il suffit de voir le prototype à la Doom pour s’en convaincre ! C’est complètement fou quand on compare ce prototype à la version finale !
https://www.youtube.com/watch?v=AIswGsuk3gAJusqu’au dernier moment, le gars Duke était muet. À l’époque, c’était monnaie courante dans les jeux, mais c’est finalement George Broussard qui va changer la donne. Grand fan des jeux LucasArts, le co-fondateur d’Apogee découvre l’excellent Full Throttle et en discute avec l’un de ses amis. Au cours de la conversation, ils se disent que Ben, le héros de Full Throttle, a décidément tout pour ressembler à Duke. Et là, c’est l’illumination ! Brossard s’empresse de faire des recherches et tombe sur l’une des pontes du casting de Full Throttle, la doubleuse et directrice Lani Minella. Il lui fait écouter l’intro dudit jeu et lui explique qu’il lui faut une voix qui sonne comme ça. Minella a des connaissances dans le métier et pense à un DJ d’une radio locale de San Diego. Il se nomme Jon St. John. Et la suite de l’histoire, on la connaît. Il fait un essai, la cassette est envoyée à Apogee et Brossard tombe immédiatement sous le charme de cette voix rocailleuse et ténébreuse. Il ne manquait plus que cette voix pour que Duke Nukem s’affirme et devienne le héros tranchant et hilarant.
L'ANCÊTRE DU FPS MODERNE
D’abord paru sous la forme d’un shareware (programme commercial gratuit) en janvier 1996, Duke Nukem sera proposé quelques mois plus tard en version complète. À sa sortie, une partie de la presse note que le côté offensant du jeu est déplacé et qu’il n’a pas sa place dans les étals. En réalité, le titre final aurait pu aller encore plus loin. Une section entière du jeu comportait une référence à l’attentat d’Oklahoma City survenu en 1995. Ce jour-là, l’explosion causa la mort de 168 personnes (et plus de 680 blessés) et rendit méconnaissable un quartier entier. En concertation avec ses employés, Apogee décida de supprimer ce passage qui aurait causé un véritable scandale.
L’équipe a souffert pour terminer Duke Nukem 3D, mais la suite des évènements leur a donné raison. Le héros badass est devenu l’icône d’un jeu absolument culte qui a été ensuite adapté sur plusieurs supports, et certains de ces portages – notamment ceux de la Nintendo 64 et la Saturn – sont absolument à essayer. Et mine de rien, cela fait maintenant plus de trente ans que Duke a commencé ses aventures et plus de 25 ans qu’il a gravé son nom dans l’Histoire du jeu vidéo. Les années passent, mais les souvenirs restent.
It’s time to kick ass and chew bubble gum, and I’m all outta gum !
Source : PCGamesn.com