Chine : Les restrictions et le gel des approbations de jeux causent la fermeture de nombreux studios

Cela fait déjà six mois que le gouvernement chinois a gelé toutes les approbations de jeu sur le territoire. Alors que les grands studios chinois commencent à exporter leurs productions à travers le monde, et d'autres, à l'image de Black Myth : Wukong, font désormais partie des jeux attendus. Mais à l'intérieur des frontières, la situation est beaucoup plus complexe. Le gouvernement a récemment durci les mesures visant à limiter la pratique du jeu vidéo par les mineurs, en réduisant à 3 heures le temps accordé par semaine, et à 1 heure par jour durant les vacances. Si le gel des approbations bloque les jeux étrangers tentant de pénétrer le marché chinois, il a aussi eu de lourdes conséquences sur les studios locaux, les entreprises de relations presse, les publicitaires et les éditeurs.

Les plus gros acteurs du marché ont pu s'adapter en licenciant un certain nombre de salariés, mais d'autres structures n'ont pas eu d'autre choix que de mettre la clé sous la porte. D'après les données officielles du journal Securities Daily, 14 000 studios auraient fermé leurs portes en 2021, contre 18 000 en 2020.

Cependant, Daniel Ahmad, analyste pour Niko Partner, remet en perspective ces chiffres. Ils sont certes importants et posent de réelles questions quant à la stabilité du marché, mais sur le total, seules 850 structures avaient enregistré un produit auprès des autorités. Les projections sur 2022 sont actuellement inquiétantes, et de nombreuses autres structures pourraient fermer si le dégel n'est pas annoncé.

Call of Duty Warzone : Les salariés de Raven Software poursuivent la grève, Activision réagit

Il y a trois semaines environ, nous apprenions qu'une douzaine de personnes liées au service d'assurance qualité chez Raven Software (Call of Duty : Warzone), allaient être licenciées dans le cadre d'une restructuration des ressources globales. Cependant, l'affaire a pris une toute autre tournure lorsque Austin O'Brien, responsable de la communauté, a indiqué qu'il était "dégoûté" de ce qu'il se passait, et qu'Activision avait fait de fausses promesses aux personnes concernées en leur annonçant une hausse des salaires et un emploi à temps plein.

Les travailleurs auraient été convoqués un par un pour savoir s'ils étaient ou non licenciés. Face à la situation, le groupement de salariés dénommé ABK Workers a déclenché un mouvement de grève, qui se poursuit encore à l'heure où sont écrites ces lignes (vendredi 7 janvier). Le 5 janvier dernier, les représentants du groupe ont déclaré qu'ils n'avaient eu aucun contact avec les représentants directs d'Activision-Blizzard-King après l'envoi d'un message, demandant notamment à ce que toutes les personnes concernées se voient proposer un emploi à temps plein.

Nous avons souligné que notre démonstration est faite dans le meilleur intérêt du studio (et de tous les projets sur lesquels le studio travaille). La réduction des effectifs du service d'assurance qualité de Raven sans la contribution de quiconque au sein du service nous préoccupe, ainsi que d'autres dans l'ensemble de l'entreprise. Dans l'intérêt d'apporter un changement positif pour Raven, nous aimerions contacter la direction pour discuter de la situation actuelle.

Le lendemain, le 6 janvier, Activision s'est exprimé, déclarant que la direction de Raven Software s'était adressée aux employés, et que des discussions avaient été engagées. Dans un communiqué, l'entreprise a déclaré :

Activision est profondément attachée au bien-être de toutes nos équipes, y compris notre personnel d'assurance qualité. La direction de Raven a engagé un dialogue avec son personnel pour entendre les préoccupations et expliquer l'investissement global de l'entreprise dans les ressources de développement. Comme annoncé précédemment, nous augmentons notre investissement global dans les ressources de développement et d'exploitation et convertissons près de 500 travailleurs temporaires en employés à temps plein à travers nos studios, la plus grande conversion de l'histoire d'Activision.

Pour les 12 travailleurs temporaires de Raven dont les accords n'ont pas été prolongés, nous avons accordé une période de préavis prolongée, y compris le paiement des deux semaines de vacances, et nous travaillerons directement avec ceux qui ont besoin d'une aide au déménagement. Raven regorge de personnes dédiées à l'amélioration de la culture d'Activision, et nous sommes impatients de nous associer aux employés pour faire ce travail ensemble.

Difficile d'imaginer qu'ABK Software se contente de cette réponse, et il est possible que le mouvement de grève se poursuive dans les jours ou semaines qui viennent. Cela étant dit, la discussion est engagée, ce qui est un premier pas vers la résolution de la crise.

Sega, Square Enix, Konami : Le Japon s'intéresse de près aux NFT

Depuis la fin de l'année dernière, une partie de l'industrie du jeu vidéo dévoile ses plans concernant l'introduction des NFT, ces jetons "non fongibles" permettant d'authentifier des objets numériques dans la blockchain, dans les jeux. Ubisoft a lancé sa plateforme dédiée, GSC Game World (S.T.A.L.K.E.R. 2) a tenté sa chance avant de rapidement faire machine arrière, tandis qu'Epic Games a annoncé s'y préparer également. Plus récemment, c'est du côté du Japon que les développements ont été les plus nombreux.

Dans sa lettre de voeux, Yosuke Matsuda, P.-D.G. de Square Enix, a annoncé que l'éditeur avait un réel intérêt pour la technologie et ses applications. Selon lui, cela va permettre aux jeux concernés de connaître une croissance autonome, et d'engager les créateurs de contenu, qui travaillent le plus souvent gratuitement. S'il est conscient du risque lié à la spéculation, il espère qu'une réglementation sera rapidement mise en place afin d'éviter les dérives. Autrement dit : Square Enix va très probablement se lancer et proposer des NFT. Pour le moment, l'éditeur n'a pas présenté de plan concret pour l'introduction de ces derniers.

De son côté, SEGA se montre beaucoup plus prudent. L'éditeur souhaite expérimenter de nombreuses choses autour des NFT, mais n'a pas encore pris de décision ferme. SEGA a bien remarqué les réactions majoritairement négatives des joueurs, et ne souhaite pas utiliser la technologie comme un simple moyen de générer de l'argent. Si ces pratiques sont perçues comme telles, alors Aruki Satomi, membre de la direction du groupe, souhaite que SEGA ne s'engage pas dans cette voie. Avant d'aller de l'avant, SEGA espère trouver un moyen d'atténuer les effets négatifs des NFT, et voir comment leur utilisation peut s'insérer dans la réglementation japonaise. Concrètement, SEGA attend d'avoir un peu de recul avant, ou non, de monter à bord du train. Ce n'empêche l'entreprise d'être ambitieuse, et de souhaiter devenir le "Marvel du jeu vidéo", en exploitant de diverses manières ses licences.

La dernière actualité liant le jeu vidéo japonais et les NFT concerne Konami, qui va mettre en vente ces objets numériques uniques à l'occasion des 35 ans de la licence Castlevania . L'éditeur a en effet présenté la collection Konami Memorial NFT, qui comprend 14 oeuvres numériques liées à la licence. On pourra, sur le marché OpenSea retrouver des visuels officiels, le château de Dracula en pixel-art, des extraits vidéos et même des musiques. Visiblement, il ne s'agit que d'un premier pas :

Suite à ce premier projet dans le domaine de la technologie blockchain et des NFT, qui en sont à leurs balbutiements, KONAMI continue d’explorer de nouvelles pistes et d’écouter les retours des joueurs sur cette première collection

Days Gone : Une déception pour Sony malgré les ventes

En avril 2021, John Garvin, directeur créatif sur Days Gone, a réagi au fait que le titre n'aura probablement pas de suite. Selon lui, les joueurs ne peuvent pas se plaindre qu'un titre n'ait pas de suite s'ils attendent les soldes ou le don des jeux pour les faire. Une prise de position rare, qui n'a évidemment pas été très bien reçue par le public. Cependant, de nombreux joueurs se sont ensuite mobilisés pour tenter de faire change Sony d'avis, sans succès pour le moment, puisque Bend Studios développe actuellement une nouvelle licence basée sur les choses apprises durant la production de Days Gone.

Très récemment, Sony a annoncé que Ghost of Tsushima, développé par Sucker Punch, s'était vendu à plus de 8 millions d'exemplaires dans le monde. Une annonce qui a fait réagir Jeff Ross, ancien membre de Bend Studios et réalisateur de Days Gone. Sur Twitter, il a en effet déclaré :

Au moment où j'ai quitté Sony, Days Gone était sorti depuis un an et demi (et un mois) et s'était vendu à plus de 8 millions d'exemplaires. Depuis, il s'est vendu encore plus, et a fait plus d'un million de ventes sur Steam. La direction locale du studio nous a toujours fait sentir que c'était une grosse déception.

Malheureusement, il semble que les chiffres avancés par l'ancien de Bend Studios soient erronés. Le jeu s'est bien vendu à plusieurs millions d'exemplaires, mais le chiffre de 8 millions n'a vraisemblablement pas été atteint d'après Game Informer. S'il semble amer, il avait déjà donné son point de vue en avril dernier, laissant entendre qu'il comprenait le choix de Sony d'un point de vue économique. Malgré tout, il semblait être très enthousiaste quant à cette suite refusée par l'éditeur :

J'avais l'intention de m'appuyer sur le jeu original pour faire une suite époustouflante. Même le premier Killzone a obtenu un 70 sur métacritique, mais la suite a explosé avec un 91. Il faut ramper avant de pouvoir marcher et marcher avant de pouvoir courir.

Gamestop sauvé par les NFT ? Le groupe y croit

Spécialiste américain dans la distribution des jeux vidéo, GameStop, qui possède la chaîne de magasins Micromania, est depuis plusieurs années dans une situation délicate. L'an dernier, la société était au coeur d'une bataille boursière entre Wall Street et des milliers de petits investisseurs, regroupés sur Reddit. Ces derniers, par diverses stratégies sur lesquelles on ne reviendra pas ici, avaient multiplié par 17 la valeur de l'action de GameStop. Tout s'est calmé depuis, mais la société a souhaité profiter de cette "bataille idéologique" pour relancer la machine. Pour ce faire, elle a annoncé son intention de lever 1 milliard de dollars en émettant de nouvelles actions, le tout encadré par la banque d'affaires Jefferies.

Au printemps, le buzz autour de l'entreprise avait eu de l'effet, puisque les ventes avaient augmenté de 11% sur 9 semaines, et de 18% par rapport à l'année précédente. Désormais, GameStop anticipe l'avenir et a créé une nouvelle filiale, entièrement dédiée au marché des NFT et des cryptomonnaies. Avant même d'avoir publié le moindre communiqué, l'action a bondi de 30%, témoignant d'un véritable intérêt du marché, qui voit probablement une concrétisation de la communication de la direction, qui évoquait déjà les NFT au printemps.

Pour développer tout cela, Matt Furlong, nouveau PDG arrivé de chez Amazon, aurait recruté une vingtaine de personnes pour développer une plateforme similaire à ce que propose Ubisoft avec Quartz, et proposer des NFT dédiés aux jeux vidéo, dont des éléments cosmétiques. De nombreux éditeurs et développeurs auraient été contactés pour participer à l'initiative, mais on ignore encore lesquels. De plus, Wall Street Journal révèle que GameStop serait en passe de signer des partenariats avec deux entreprises spécialisées dans la cryptomonnaie, notamment afin d'investir dans des jeux reposant sur la blockchain.

En bref dans l'actu business de la semaine

• Depuis que la série Yakuza a été proposée sur Steam, 2,8 millions exemplaires des divers épisodes ont été vendus. Pour Lost Judgment, second épisode de la licence dérivée, ses ventes auraient été de 76% supérieures à Judgment.
• Aaron Linde, lead narrative designer sur Halo Infinite, a quitté 343 Industries. Il a déjà connaissance de sa prochaine destination. Il ne nous reste plus qu'à découvrir laquelle.
• Joe Ziegler, directeur de Valorant, a quitté son poste pour rejoindre un autre projet au sein de Riot Games.
• Steam a débuté l'année en frôlant de peu les 28 millions d'utilisateurs connectés simultanément.
• Après avoir cofondé Playground Games en 2010, Gavin Raeburn a décidé de quitter son poste de directeur du studio. L'avenir de Forza et de Fable s'écrira donc sans lui. Trevor Williams, l'autre cofondateur, prendra très prochainement les rênes du studio.
• Hyrule Warriors : L'Ère du Fléau a trouvé son public, avec 4 millions de copies vendues.
• Sur l'avant dernière semaine de l'année 2021, FIFA 22 sur PS4 a été le jeu le plus vendu en valeur et en physique en France, devant Mario Kart 8 Deluxe, Mario Party Superstars, Pokémon Diamant Étincelant et Just Dance 2022 (Switch).