Parmi les licences de Rockstar, Grand Theft Auto (l’inénarrable série des GTA) et Red Dead Redemption sont les plus appréciés des joueurs. Mais c'est aller un peu vite en besogne que de limiter le nom du studio à l’étoile aux exploits de Trevor, John Marston ou encore Arthur Morgan. Dans les années 2000, Rockstar s’est ainsi démarquée de la concurrence avec Bully, connu chez nous sous le nom Canis Canem Edit. Cette franchise, mettant en scène les actes d’un délinquant au sein de la Bullworth Academy, a rencontré un certain succès et il a longtemps été question d’une suite. Aujourd’hui, grâce à une enquête menée par Game Informer, on en apprend plus sur les coulisses de cette arlésienne. Entre parcours chaotique et annulation, retour sur un Bully 2 qui pourrait rester à jamais une chimère.
Début 2000, Rockstar propulse le monde de Grand Theft Auto dans l’univers de la 3D et s’appuie sur une technologie de pointe. Disposant d’outils-maison ultra efficaces et de machines dernier cri, les développeurs donnent libre court à leur imagination. Muni de cette matière, la décennie 2000-2010 est alors un tourbillon de créativité pour les différentes antennes de l’éditeur. Bully – ou Canis Canem Edit – est mis en chantier à cette époque. En traitant le harcèlement scolaire et les problèmes de l’adolescence d’une façon décalée, les frères Houser surprennent une nouvelle fois l’industrie du jeu vidéo et se retrouvent, comme pour GTA, dans l’œil du cyclone. Interdit au Brésil et dans plusieurs boutiques d’Angleterre, le jeu parvient finalement jusqu’aux étals des magasins et reçoit la sympathie du public. Titre préféré de Dan Houser, Bully est un succès et le studio envisage rapidement une suite. Finalement, cette dernière ne verra jamais le jour.
Comme le révèle Game Informer, Bully 2 était pourtant en développement. Mais à l’orée des années 2010, il a été confronté à des choix éditoriaux symbolisés par une nouvelle politique du studio (moins de jeux, mais chaque sortie se doit d’être un évènement et un exemple pour toute l’industrie). Tout commence en 2008 lorsque Rockstar s’empare de Mad Doc Software pour en faire un nouveau studio : Rockstar New England. Alors que la plupart des développeurs travaillent sur Max Payne 3 et Red Dead Redemption, les frères Houser propose à cette nouvelle antenne de créer la suite de Bully. Motivés comme jamais, les Britanniques se mettent à l’œuvre avec l’ambition de faire de Bully 2 un titre dans la veine des meilleures productions de Rockstar. Malheureusement, tout ne va pas se passer comme prévu…
Ce qui est fort dommage si l'on se base sur les dires des créateurs ayant pu s'entretenir avec les journalistes de Game Informer.
À l'époque, tout comme Grand Theft Auto IV et Red Dead Redemption, Bully 2 doit être un jeu à gros budget et il y a alors entre 50 à 70 développeurs – selon les périodes – à œuvrer sur la suite des aventures de Jimmy Hopkins. L’idée est de sublimer l’original en allant beaucoup plus loin, à la fois en termes de monde ouvert, de mécaniques de gameplay ou encore de mise en scène. Pendant de nombreux mois, les développeurs vont s'afférer en y mettant toute leur passion. Et ce qu'on a loupé en dit long sur la déception qu'a dû être celle des intéressés.
Sans atteindre celle de GTA IV, la carte de Bully 2 était au moins trois fois plus grande que celle de l'original et il était possible d’entrer dans la totalité des bâtiments, soit librement, soit par effraction ! Preuve de l’ambition de Rockstar New England, le studio expérimentait également des nouvelles techniques d'intelligence artificielle. Il était ainsi question d’un système de réputation qui occasionnait des réactions plus ou moins véhémentes à l’égard de l’avatar. Mais les développeurs voulaient que les PNJ s’en souviennent et agissent en conséquence à chaque fois qu’il croisait le joueur. Autre lubie de l’équipe : l’herbe ! Le jeu devait proposer un système réaliste de pelouse qu’on pouvait tondre et elle repoussait avec le temps. Les développeurs voulaient exploiter cette feature pour que le joueur s’empare d’une tondeuse et sème la zizanie sur les pelouses des habitants du voisinage ! Rigolo ! L’article de Game Informer fait aussi référence à des mécaniques d’escalade (arbres, clôtures, toits…) poussées ou encore à un moteur physique ultra performant.
Tout cela démontre que Bully 2 avait vraiment un énorme potentiel. Malheureusement, ce jeu n’est jamais arrivé à son terme. Inspiré par les Goonies ou encore Porky’s, il a été sujet à d’intenses périodes de crush et a subi une restructuration interne chez Rockstar. 10 % des employés du studio ont été remerciés et Bully 2, malgré ses 6 à 7 heures de contenu jouable, est tombé dans les oubliettes. Il restait encore beaucoup de travail (2 à 3 ans de labeur selon des développeurs), mais les intéressés espèrent que cette suite verra le jour. Dans le cas contraire, ça serait un énorme gâchis. Rockstar a préféré mettre ses effectifs sur d'autres licences, en l'ocurrence GTA et Red Dead Redemption, plus importantes à leurs yeux. C'est compréhensible, mais on se dit que cette suite de Bully aurait quand même pu avoir sa chance.
Bien que stoppé définitivement en 2009, Bully 2 fait toujours l'objet d'une attention particulière de la part de Rockstar. Sa base existe et ce n'est sans doute pas un hasard si des bruits de couloirs se font entendre régulièrement sur la toile. Dans l'immédiat et de manière officielle, Bully 2 n'est pas dans les plans de Rockstar, mais avec ces révélations, il serait trop prématuré de dire qu'il ne verra jamais le jour. Il est possible que l'éditeur trouve, un jour, une place pour de nouvelles aventures de Jimmy Hopkins. Et nombreux seraient ceux à saluer cette décision. Car, mine de rien, il était prometteur ce Bully 2 d'il y a une décennie !
Source
Game Informer