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Il faut bien le reconnaître, lors de sa sortie en 2016, Jurassic World Evolution avait déçu ceux qui le pensaient comme un Planet Coaster avec des dinosaures. On ne peut pas trop leur en vouloir vu que Frontier Development se cache aussi derrière cette vision moderne du jeu de gestion. Pourtant le jeu s'est peaufiné avec le temps et s'est assuré des ventes assez correctes pour bénéficier d'une suite. Sorti ce mois de novembre, Jurassic World Evoltuion 2 tente de concilier deux approches : celle de l'accessibilité et celle de la gestion plus poussée. Reste à savoir si dans les faits, la nouvelle recette fonctionne.
script de la vidéo
Comme d'habitude dans Jurassic World Evolution, vous serez dépêché à la tête d'une puissante corporation qui a un certain savoir-faire en ce qui concerne les grosses bêtes jurassiques. Il faudra donc en résumé ériger des parcs viables, en assurant le bien-être des dinosaures tout comme la sécurité et de divertissement des visiteurs. Mais la formule a un peu évolué depuis le premier épisode.
Graphismes
On en a maintenant l'habitude, Frontier est particulièrement soucieux de faire des jeux jolis. En l'occurrence, Jurassic World Evolution 2 ne déroge pas à la règle. Le jeu profite de très jolis éclairages, de chouettes décors et d'effets météo assez réussis. Mais évidemment, les stars du jeu sont les dinosaures et le niveau de détail de leur modélisation est assez bluffant. C'était déjà d'excellente facture il y a 4 ans, mais cette fois-ci, le sens du détail a été poussé encore plus loin. En zoomant sur les créatures, on peut apercevoir les moindres détails de leurs écailles pour un rendu très convaincant. D'ailleurs, c'est aussi les animations qui ont profité d'un petit coup de jeune. Les déplacements des nombreuses espèces différentes sont criants de vérité. Les combats entre dinosaures sont assez spectaculaires et on ressent vraiment la férocité de ces créatures. On pourra en revanche un peu pester contre une tendance au clipping qui survient régulièrement au plus haut niveau de dezoom. Oui, ça permet d'identifier la position des dinosaures plus facilement vu que la végétation disparaît en partie, mais il est plus probable que ces problèmes n'aient pas été volontaires. Pas de quoi bouder son plaisir pour autant, les parcs sont vraiment un régal pour les yeux et les dinosaures n'ont jamais été aussi crédibles et détaillés que dans Jurassic World Evolution.
Gameplay
Côté gameplay, comme on le disait tout à l'heure, Jurassic World Evolution essaye d'être plus convaincant sur son volet gestion tout en restant assez accessible. En clair, vous ne serez pas noyé sous des tableaux de données pour bien gérer vos affaires, donc même l'amateur pourra facilement réussir à créer le parc de son rêve. Le jeu, quelle que soit la mission qui vous sera confiée, commencera toujours de la même manière. Il faudra d'abord construire un squelette de parc avec toute la section administrative. Un centre d'accueil des visiteurs, un centre d'expédition pour récupérer des fossiles ou encore un groupe d'intervention pour les urgences seront les bâtiments à construire en priorité. Ce n'est qu'une fois ces bâtisses construites que vous pourrez enfin incuber vos premiers dinosaures, sauf si vos collaborateurs vous en expédient directement par hélicoptère. Comme dans l'épisode précédent, chaque espèce a ses propres désirs environnementaux. Certaines auront besoin de beaucoup de forêts marécageuses tandis que d'autres seront plus à l'aise sur du sable. Il faudra donc créer vos enclos en ayant ces données en tête, car un dinosaure mal à l'aise, c'est un dinosaure qui brise sa clôture pour aller croquer vos visiteurs. Et c'est là qu'une petite nouveauté fait son apparition et c'est plutôt bien senti. À chaque fois qu'un dinosaure envahit un enclos, il prend possession de son territoire. Ce territoire sera limité à la zone dans laquelle il se sent le plus à l'aise. Ça vous permettra donc de créer deux environnements différents pour faire cohabiter des espèces diverses au sein du même enclos. Bien sûr, vous n'allez pas mettre un herbivore chétif dans l'enclos d'un T-Rex qui voudra de toute façon être seul, mais d'autres espèces sont plus sociables. Par conséquent, ceci vous force à optimiser la création de vos enclos et à mieux gérer l'espace de votre parc.
Une autre nouveauté majeure est l'introduction des scientifiques. Chacun d'entre eux dispose de 3 domaines de compétence. Cela a son importance puisque dans Jurassic World Evolution 2, quasiment toutes les actions requièrent l'affectation d'un ou de plusieurs scientifiques. Que ce soit l'incubation de dinosaure, les expéditions ou les soins d'urgence, il faudra toujours remplir certaines conditions pour que l'action soit réalisable. Par exemple, une expédition demandera une certaine quantité de points de logistique qui devront être répartis entre un nombre restreint de scientifiques. Si vous devez atteindre 14 points avec 3 employés, mais que leurs statistiques n'atteignent pas ce chiffre, il faudra les former pour augmenter leurs compétences. Pour cela, il faudra lancer des recherches, qui elles-mêmes deviennent de plus en plus exigeante en termes de points de compétences à cumuler. Cela rajoute une dimension un peu plus stratégique au jeu et les scientifiques sont une vraie mécanique de gameplay à part entière. Notez d'ailleurs que ces messieurs dames se fatiguent assez vite et il faudra régulièrement leur accorder des congés à 75 000 $. Oui, les sommes d'argent dans le jeu sont toujours aussi absurdes et ne veulent toujours pas dire grand-chose.
Enfin, toujours du côté des nouveautés, il faudra effectuer régulièrement des contrôles de routine avec vos gardes afin de vous assurer que vos dinosaures se portent bien. Si vous manquez à cette obligation, le prestige de votre parc en pâtira. Malheureusement, dans les faits, cet aspect de gestion est assez fastidieux et ajoute des étapes intermédiaires assez inutiles, voire parfois encombrantes. Il en va de même pour l'équipe de soin, qui rencontre régulièrement des problèmes de pathfinding en cas d'urgence et qui multiplie les allers-retours inutiles qu'il faut souvent rectifier manuellement. Enfin, désormais, les générateurs de secours et les différents bâtiments consomment du carburant et de la nourriture, qu'il faudra systématiquement réapprovisionner. Cela crée encore des manipulations intermédiaires qui malheureusement ne servent pas grand-chose pour étoffer le volet gestion du jeu. Comprenez par là que vous n'avez pas à vous poser la question de savoir s'il est bon ou non pour votre parc de dépenser des sommes folles dans ces différents réapprovisionnements. Cela alourdit un peu inutilement les choses à la longue, sans pour autant que ce soit dérangeant outre mesure.
En ce qui concerne les autres points de reproche, on pestera toujours contre l'impossibilité de contracter un emprunt pour redresser les comptes en cas de pépins. Si par exemple, par anticipation, vous avez construit des bâtiments qui ne vous étaient pas demandés, il y a de fortes chances pour que l'économie du jeu vous le fasse payer. Et en l'absence de vrai moyen d'engranger de l'argent, il faudra purement et simplement recommencer votre campagne pour faire les choses dans le rythme imposé par le jeu. Ajoutez à cela l'arrivée aléatoire de tempêtes qui peuvent malmener vos structures, et vous comprendrez que si faire de l'argent n'est pas si compliqué dans le jeu, il peut être tout aussi aisé de tout perdre d'une manière qui peut paraître injuste.
À part ces quelques écueils, on prendra toujours un grand plaisir à faire prospérer nos parcs. Il faudra apporter bien sûr des commerces que vous pourrez paramétrer, assurer une bonne visibilité de vos dinosaures et gérer au mieux la sécurité de vos visiteurs tout comme les commodités de transport et d'hébergement. On saluera également l'arrivée tant réclamée des dinosaures volants et aquatiques. Les premiers demandent de construire des volières et les seconds des bassins de généreuse proportion. Alors, oui, encore une fois, voir ces créatures marines et volantes est un vrai régal pour les yeux. Cela rajoute aussi une esthétique supplémentaire à votre parc, mais dans les faits, la gestion de ces dinosaures ressemble à n'importe quel autre. Concrètement, ce n'est pas pour la variété de gameplay que l'on apprécie ces nouvelles créatures qui rejoignent déjà un catalogue particulièrement varié et qu'il faut débloquer à coups d'expéditions.
Scénario
Mais alors, ça parle de quoi au juste Jurassic World Evolution ? En fait, d'absolument tous les films sortis autour de la franchise. On évoquera assez rapidement le mode campagne qui n'est en réalité qu'un gros tutoriel d'une poignée de missions qui seront bouclées en quelques heures. C'est d'ailleurs un peu dommage que ce soit aussi expéditif et assez peu développé, car l'histoire de base était plutôt plaisante. L'idée ici est que les dinosaures sont retournés à l'état sauvage aux États-Unis et votre mission est de les capturer pour éviter qu'ils ne causent des dégâts à la population. Cette approche vous place assez régulièrement aux commandes de véhicules pour un gameplay un peu plus varié, mais ça s'arrêtera presque en même temps que la campagne. Le principal intérêt du jeu se trouve dans le mode Théorie du Chaos. Le principe est simple : chaque mission représente un film. Votre but sera de faire en sorte que les catastrophes qui s'y produisent soient soigneusement esquivées. Pour prendre l'exemple le plus populaire, la mission Jurassic Park vous propulse directement à la tête de la construction du tout premier parc, qu'il faudra donc gérer au mieux pour en faire un endroit un peu plus accueillant que dans le film. Ce principe est reproduit pour chacun des films et c'est aussi l'occasion de croiser tous les personnages que vous avez appris à aimer au fil des ans. On pourra regretter que les objectifs soient toujours un peu les mêmes d'une mission sur l'autre, mais tout de même, cela assure pas mal de diversité sur l'ensemble de la partie.
Contenu
En ce qui concerne le contenu du jeu, Jurassic World Evolution 2 est assez généreux. En plus des missions de Théorie du Chaos qui devraient chacune vous occuper entre 2 et 5 heures, vous disposerez bien sûr de la petite campagne et du mode bac à sable, indispensable dans ce genre de jeu. Un autre mode, dispensable, mais pas inintéressant, est le mode défi. Comme son nom l'indique, l'objectif de chacune des missions de ce mode est de remplir certaines missions en un temps record. La difficulté va crescendo et vous permettra surtout de mettre à l'épreuve vos connaissances des mécaniques du jeu. Alors certes, le jeu n'est sans doute pas assez profond pour que l'on y revienne sans cesse, mais vous devriez sans problèmes vous amuser pendant 20 ou 30 heures en compagnie des dinosaures de votre parc et des personnages des différents films.
Bande son
L'avantage quand on récupère une licence, c'est qu'on peut utiliser tout le folklore sonore qui gravite autour. Ce sont donc les musiques des différents films auxquelles vous aurez droit et les doublages français qui sont d'excellente facture, même si tous les acteurs originaux n'ont pas doublé leurs personnages respectifs. On tirera aussi notre chapeau pour le sound design en général, qui donne une belle atmosphère sonore à votre parc, et bien sûr, aux rugissements des différents dinosaures, qui sonnent plus vrais que nature.
Sans mauvais jeu de mots, Jurassic World Evolution 2 est l'évolution naturelle de la formule de Frontier. On retrouve immédiatement ses marques dans les mécaniques de gestion, et le plaisir de prendre soin des dinosaures ultra bien modélisés est intact. L'ajout des scientifiques est une très bonne idée, au même titre que la manière dont les dinosaures gèrent leur territoire. Malgré tout, les diverses nouveautés qui rajoutent beaucoup d'étapes intermédiaires pour réaliser certaines actions simples peuvent s'avérer assez encombrantes. Ça ne rajoute pas une énorme profondeur à ce jeu, qui de toute façon se veut accessible et grand public. Si on aurait aimé des nouveautés plus tranchées, Jurassic World Evolution 2 est agréable à jouer, fun et parfois spectaculaire. Si vous aimez la franchise et les jeux de gestion sans trop de prise de tête, vous ne devriez pas être déçu. Pour toutes ces raisons, nous lui attribuons la note de 16/20.