Cela fait désormais des années que Netflix, le service de SVOD, a travers l'Atlantique pour s'imposer chez nous. Ambitieuse, la plateforme a des velléités cinématographiques importantes, et aimerait par exemple présenter ses productions à Cannes. Mais les distributeurs indépendants sont inquiets.
Selon Le Film Français, dont les propos sont rapportés par Les Numériques, Netflix prévoirait d'organiser un festival du 7 au 14 décembre et de diffuser un certain nombre de films dans une sélection de salles MK2 et Utopia, et certaines autres salles dans la région de Saint-Etienne et de Lyon. Le site évoque ainsi The Power of the Dog, de Jane Campion, The Hand of God de Paolo Sorrentino, ou encore Déni Cosmique d'Adam McKay.
En apprenant la nouvelle, qui n'a pas encore été confirmée par Netflix, trois syndicats indépendants ont immédiatement fait connaître leur mécontentement : le Syndicat des distributeurs indépendants (SDI), les Distributeurs indépendants réunis européens (DIRE), et l'Association du cinéma indépendant pour sa diffusion (ACID). Pour le SDI, ces productions ne peuvent pas être qualifiées de films de cinéma car "ils ne sortiront jamais en salles mais sont destinés à être vus par des téléspectateurs" et que ce festival ne servirait qu'à faire sortir les gens des salles, et à bloquer la projection de films qui ont du mal a exister. "Vous rendez-vous compte qu’une attraction à court terme de vos spectateurs est un suicide à moyen terme pour nos professions respectives ?", peut-on également lire.
Dans son communiqué, l'ACID en rajoute, en visant à la fois le festival et les salles qui accepteraient de participer. Le syndicat fustige la superficialité de Netflix qui, même en embauchant des cinéastes, ne peut pas prétendre faire du cinéma. Toujours selon l'ACID, ce qui sera présenté ne sera qu'un produit de plus dans un océan de contenu qui "offre indifféremment ad nauseam téléréalités, séries, reportages, dans une logique implacable de saturation (...)". De leur côté, les salles sont accusées de faire preuve de cynisme, en renonçant à l'aspect artistique pour valoriser la consommation de masse. Visiblement, le conflit entre les plateformes de SVOD et l'industrie du Cinéma va se poursuivre pendant quelque temps.
Via : Le Film Français / Les Numériques