Alors que la GTA Trilogy ne devrait pas tarder à refaire parler d’elle, nous nous sommes posé plusieurs questions concernant les 3 épisodes qu’elle compte remettre au gout du jour. Il y a quelques semaines nous nous demandions si GTA III, Vice City et San Andreas avaient bien vieilli en termes de gameplay. Cette fois-ci, nous revenons plutôt sur les clichés véhiculés par ces titres et sur quelques points qui pourraient s’avérer particulièrement sensibles en 2021.
Ce n’est un secret pour personne, la série Grand Theft Auto a été au cœur de nombreuses controverses au fil des années. Pour cause, la licence a toujours été particulièrement provocatrice. Nous ne reviendrons pas sur les innombrables bad buzz qui ont entouré certains épisodes, généralement causés par la présence de prostituées ou par la possibilité de se lancer dans des massacres, mais plutôt sur certaines représentations satiriques que l’éditeur jugera bon, ou non, d’altérer, de supprimer ou de contextualiser. La question a été soulevée il y a maintenant quelques semaines par nos confrères de Kotaku, qui espéraient voir disparaitre des représentations jugées transphobes de personnes transgenres dans la réédition de GTA V à paraitre en 2022.
Un studio qui tape sur tout le monde
La saga Grand Theft Auto a toujours eu pour ambition d’offrir une critique acerbe de la société nord-américaine. Les trois premiers épisodes en 3D ne faisaient pas exception à cette règle. Pour dépeindre des États-Unis, cyniques et absurdes, Rockstar n’hésite pas à représenter des communautés par le biais de clichés exagérés. Toutefois, si cette pratique n’est généralement pas critiquée, elle est plus problématique - et par conséquent plus sujette à la controverse - lorsqu’elle s’attaque à des minorités sous-représentées dans nos médias traditionnels. Par exemple, dans cette trilogie, la plupart des protagonistes dont la sexualité n’est pas identifiée comme hétérosexuelle héritent d’une voix aigüe et de la panoplie d’animation dédiée aux personnages féminins. Ce cliché caricatural rejoint les nombreux accents exagérés que l’on entend au fil des épisodes. Avec le temps, ces accents et ces imitations caricaturales ont fini par s’atténuer. Et cela, on le doit avant tout à la progression technique des jeux du studio. La faible résolution de la Trilogie originelle et les modèles peu détaillés n'aidaient pas à transmettre une réelle personnalité, les développeurs devaient donc mettre le paquet sur le doublage. Le résultat était parfois satisfaisant, parfois amusant et parfois plus sujet au débat ou à la remise en question.
Un besoin de contextualisation ?
Si Rockstar est devenu une compagnie puissante et respectée, elle s’est avant tout bâti une réputation de compagnie provocatrice et irrévérencieuse en permettant toutes les folies aux joueurs, mais aussi en se moquant de tout et de tout le monde. Dans l’épisode Vice City, c’est “The Psycho” qui offre une représentation pour le moins douteuse. Au cours de la mission “Psycho Killer”, Tommy Vercetti est mandaté par le groupe Love Fist - ça ne s'invente pas - pour tuer un fan psychopathe, adepte du crossdressing, qui cherche à les assassiner. Comme d’autres œuvres de fiction avant lui, Vice City associe le crossdressing au déséquilibre mental du personnage. Pour cause, ce personnage dont le genre n’est jamais explicité n’a que trois traits de personnalité. Il est obsédé par le groupe Love Fist, c’est un tueur fou et il porte des vêtements généralement associés au genre opposé auquel les autres protagonistes l'associent. De nombreux membres de la communauté LGBTQI+ ont exprimé leur aversion pour cette représentation qu’ils jugent déplacée.
Dans l’épisode San Andreas, le jeu et ses protagonistes se moquent ouvertement d’une personne de petite taille, simplement pour ponctuer une cutscene. Et comme si cela ne suffisait pas, Kendl, la sœur de CJ, utilise le terme “Nain” et lorsque l’un de ses collègues tente de la corriger, elle l’envoie bouler sans sommation. Et si, comme nous le disions plus tôt, Rockstar aime se moquer de tout le monde, difficile de ne pas y voir une moquerie gratuite envers une personne de petite taille, qui ne sert ni le propos du jeu ni de la scène.
Toutefois, altérer ou supprimer une séquence n’est pas le seul moyen d’adresser de potentielles erreurs du passé. Il est également possible de contextualiser ces représentations en les remettant dans leur contexte. En 2020, Autant en emporte le vent, film extrêmement important dans l’histoire du cinéma américain, avait été retiré temporairement de la plateforme HBO Max afin d’y insérer un message de contextualisation. Pour cause, ce film sorti en 1939 offre parfois une vision romantique, voire nostalgique, de l’esclavage états-unien. De nombreux cartoons de la Warner et de Disney sont désormais précédés d’un carton préventif, comme ci-dessus. Rockstar pourrait donc éventuellement opter pour une option de ce type, si toutefois la compagnie voit en certaines séquences des représentations problématiques qu’il convient de contextualiser.
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