Depuis le lancement d'Avengers : Infinity War, le succès du MCU (Marvel Cinematic Universe) n'est plus à prouver. Chaque sortie d'un film ou d'une série explose les records d'entrées au cinéma ou de vues sur Disney+, la plateforme de vidéo à la demande de la marque aux grandes oreilles. On se rappelle encore de Shang-Chi qui, malgré sa petite aura, a réussi à engranger plus de 300 millions de dollars de recettes à travers le monde au bout de sa troisième semaine d'exploitation, ou encore de la série WandaVision qui, selon Variety, a été la série la plus regardée aux États-Unis durant le mois de janvier 2021. Mais depuis le confinement, les règles ont changé, ce qui pourrait mettre les Avengers en péril.
Black Widow sort les flingues
Le 12 novembre 2019, The Walt Disney Company lance sa plateforme de VOD Disney+ pour concurrencer Netflix sur son propre terrain. Quelques mois plus tard, le COVID-19 fait rage partout dans le monde, ce qui entraîne la fermeture des restaurants, des boîtes de nuit et bien évidemment des salles obscures. De nombreux films se voient alors couper l'herbe sous le pied à quelques semaines de leur grande première et repoussent leur date de sortie. D'autres, comme Mortal Kombat, décident de sauter la case "cinéma" pour se retrouver directement en vente digitale sur Apple TV, Amazon, Prime Video ou encore Google Play. Disney opte dans un premier temps pour cette option. La société américaine agrandit sa nouvelle plateforme de streaming avec une sélection de nouveautés, comme Soul par exemple, le long-métrage animé de Pixar, afin de laisser le temps aux plus grosses productions de profiter de la réouverture des salles. C'est le cas de Black Widow qui a vu sa sortie repoussée à de multiples reprises. Mais finalement, le film de Cate Shortland débarque en simultané dans les salles obscures et sur Disney+, tout du moins aux États-Unis, afin de contenter tout le monde et de maximiser les profits. Il faut dire que l'accès aux salles reste compliqué et que le catalogue est maintenant un véritable succès. Malgré lui, il a profité du confinement pour augmenter son nombre d'abonnés ; en février dernier, la plateforme compte un total de 95 millions d'utilisateurs alors que les objectifs étaient fixés à 60 millions pour fin 2024. Autrement dit, Disney+ explose les scores et l'arrivée des dernières sorties dans ses rangs attire toujours plus de monde. C'est d'ailleurs pour cette raison que la maison américaine compte, à l'avenir, réitérer l'opération. Mais malheureusement pour la maison de Mickey, cette décision ne plaît pas à tout le monde.
La première concernée et à hausser la voix n'est autre que Scarlett Johansson. Le 29 juillet dernier, l'interprète de Black Widow du film éponyme a décidé de porter plainte contre Disney et sa filiale poule aux œufs d'or, Marvel, pour rupture de contrat. Selon l'actrice, ce dernier stipule que le blockbuster doit être exclusif aux salles obscures, ce qui n'a décidément pas été respecté. Comme nous l'avons dit plus haut, le film s'est retrouvé au cinéma le jour J... et sur Disney+. À cause de cette décision soudaine de la part du géant distributeur, Scarlett Johansson aurait essuyé de lourdes pertes financières. On parle ici d'environ 50 millions de dollars. Fort heureusement, tout est bien qui finit bien. Alan Bergman, le président des studios Disney, a récemment annoncé que le procès s'est finalement terminé sur un accord commun.
Je suis très heureux que nous soyons parvenus à un accord mutuel avec Scarlett Johansson concernant Black Widow. Nous apprécions ses contributions au MCU et nous sommes impatients de travailler ensemble sur un certain nombre de projets à venir. Alan Bergman, président des studios Disney
On imagine que le soutien de nombreuses actrices n'est pas étranger à ce revirement de situation. Pour rappel, Scarlett Johansson a été épaulée par Emma Stone qui fait face au même problème avec le lancement du film Cruella, puis par Elizabeth Olsen. L'actrice derrière Wanda Maximoff, aka Scarlet Witch de WandaVision, exprime en effet au micro de Vanity Fair sa peur de voir le monde du streaming avaler celui des salles de cinéma.
Je m’inquiète de beaucoup de choses. Pas pour Scarlett, mais pour les petits films qui perdent l’opportunité d’être vus au cinéma (...). Je m’inquiète pour ça, et pour les gens qui doivent garder ces salles de cinéma en vie. Elizabeth Olsen, Wanda dans WandaVision
Dans un même temps, de récentes rumeurs indiquent que les frères Russo, les réalisateurs d'Avengers : Infinity War et d'Avengers : Endgame, s'apprêtent à réaliser un nouveau film Marvel pour le compte de Walt Disney. Mais au vu de l'affaire Black Widow, il semblerait que le duo soit désormais réticent à l'idée de retravailler avec la maison américaine. D'après Wall Street Journal, les deux frères seraient actuellement "dans une impasse" et ferait traîner les signatures pour comprendre les véritables intentions de Disney quant à l'avenir de leur modèle de distribution : cinéma, cinéma et streaming ou streaming seulement ? Aux dernières nouvelles, et selon plusieurs sources partagées par Variety, Disney serait tenté par la solution hybride pour la plupart des territoires et par le streaming pour la France. En effet, la société envisagerait de ne plus sortir ses films au cinéma dans nos contrées pour ne pas être soumise à la chronologie des Médias, une règle qui demande qu'un délai de 36 mois doit être respecté pour diffuser un film sorti en salles sur les plateformes de streaming.
Disney Vs. Steve Ditko
Malheureusement pour Disney, il n'y a pas que leurs plus fidèles collaborateurs qui semblent leur tourner le dos, mais aussi l'ensemble des super-héros. Eh oui, même si l'entreprise américaine a racheté la maison Marvel (ainsi que toutes ses licences) en 2009 pour 4 milliards de dollars, aujourd'hui la question de la propriété intellectuelle refait surface. En effet, de nombreux dessinateurs et scénaristes de Marvel Comics ont récemment fait savoir leur mécontentement en déclarant ne pas être suffisamment rémunéré par Walt Disney pour leur travail. Pour contrer cette situation, les auteurs et leurs héritiers, à commencer par ceux de Steve Ditko (co-créateur de Spider-Man et de Doctor Strange), ont décidé de s'unir pour récupérer les droits sur ces créations ; un litige qui rappelle de bien des manières une affaire de 2013 (qui s'est terminée à l'amiable) où l'avocat Marc Toberoff a essayé de reprendre le contrôle de Spider-Man, des X-Men ou encore de Hulk pour le compte des descendants de Jack Kirby. Cela tombe bien puisque c'est Marc Toberoff qui représente les héritiers de Gene Colan (Captain Marvel, Blade, Falcon), de Stan Lee (Spider-Man) et bien évidemment de Steve Ditko.
Pour permettre aux descendants des auteurs de remporter cette bataille, Marc Toberoff décide de s'appuyer sur la loi du Copyright de 1976, qui après une période de rétention de trente-cinq ans, permet aux créateurs de déposer une demande pour récupérer la propriété intellectuelle des oeuvres qu'ils ont cédées il y a des années à d'autres entreprises. Autrement dit, si Disney perd ce combat, ce dont on doute, la maison aux grandes oreilles perdra les droits sur de nombreux personnages importants de l'univers Marvel d'ici juin 2023 et sera à nouveau dans l'obligation de sortir le chéquier pour pouvoir les utiliser.
Avec les différentes affaires en cours propulsées d'un côté par Scarlett Johansson et de l'autre par les héritiers de Steve Ditko, le destin des Avengers se présente comme peu reluisant. Les frères Russo semblent réticents à l'idée de retravailler avec Disney, tandis que certains héros ne pourraient pas réapparaître dans des films du MCU sans que Disney et Marvel ne mettent la main au portefeuille, enfin, si Marc Toberoff remporte la bataille.