Cela fait déjà 10 ans que Binding of Isaac a débarqué sur nos PC. Le rogue-lite désormais culte a fait du chemin depuis sa sortie et s’est épanoui pour être un incontournable du genre. Ce projet très personnel du prolifique Edmund McMillen aura marqué toute une génération de joueurs, il est donc logique que nous lui rendions hommage en quelques lignes.
Si Binding of Isaac avait autant attiré l’attention en 2011, c’est notamment, car il était l'un des premiers représentants de son genre. Rogue Legacy était encore loin tandis que les Dead Cells et autres Hadès n'étaient même pas en phase de conception. Les mécaniques du rogue-lite n’avaient pas encore atteint le grand public. Les joueurs découvraient alors un jeu rappelant furieusement les Zelda 2D qui s’amuse à mélanger d'innombrables objets, ennemis et salles pour offrir une expérience constamment renouvelée. La formule d’Isaac est d’une redoutable efficacité, mais ce qui aura attiré et intrigué bon nombre de joueurs, c’est son univers morbide et singulier. En puisant dans certains éléments de son enfance, McMillen raconte l’histoire d’Isaac, un petit garçon dont la mère passe ses journées à regarder des programmes religieux. Persuadée d’entendre la voix de Dieu lui ordonner de sacrifier son fils, Maman le pourchasse à travers la maison. Isaac s’enfuit par une trappe dissimulée de sa chambre et tente de survivre à différents monstres qui lui veulent du mal. Livré à lui-même, le jeune garçon ne peut plus compter que sur ses larmes pour se défendre.
L’imagerie de The Binding of Isaac est particulièrement anxiogène. Puisant autant dans des thèmes religieux extrêmes que dans une version cauchemardesque du travail de Freud, ce rogue-lite ne cesse de surprendre et de déranger. Chaque nouvel ennemi et chaque nouvel objet semble être un témoin de la maltraitance subie par Isaac. Entre les démons bibliques, les versions maléfiques du petit Isaac et les cacas géants, un psychanalyste aurait fort à faire pour tirer au clair tout ce qu’il se passe dans cette cave. Sans jamais nous faire lâcher la manette, TBOI parvient à aborder des sujets lourds et à questionner le joueur. Avec le temps, les fans sont parvenus à dessiner une histoire sombre et crédible en s’appuyant sur le lore du jeu. Ses multiples fins et ses centaines d’objets donnent une réelle profondeur au scénario d’Isaac qui se suggère plus qu’il ne se raconte. Il en résulte un titre tout aussi dérangeant qu’il n’est plaisant à jouer.
Un socle de gameplay exemplaire
Car en plus d’être un mariage audacieux entre un concept farfelu et un univers singulier, Isaac c’est un gameplay d’une précision folle. Il faut aux joueurs de nombreuses heures pour se familiariser avec la trajectoire des larmes d’Isaac ou pour apprendre le comportement de chaque ennemi. Rares sont les jeux auxquels l’adage “L’information, c’est le pouvoir” s’applique aussi bien. Et ça demande du boulot, car chaque objet ramassé, de la pilule à la tête de chèvre, influe sur les statistiques et les capacités d’Isaac. Connaitre le pattern d’un ennemi ou le résultat de la combinaison entre deux objets permet d’anticiper tous les résultats et d’aller toujours plus loin. Cette connaissance est indispensable, car une mauvaise combinaison peut littéralement tuer une partie. De plus, la difficulté franchement relevée du titre punit la moindre approximation. Sans s’en rendre compte, le joueur emmagasine une somme d'informations gargantuesque et devient un expert en survie.
Avec le temps, Isaac a accueilli de nombreuses extensions et n’a cessé de faire grimper le compteur de variables pour créer une expérience complète et complexe. Rebirth a permis au bébé de McMillen de quitter un moteur qui restreignait l’expérience et faisait régulièrement ralentir les affrontements. Cette seconde jeunesse a fait beaucoup de bien au jeu qui a accueilli d’autres ajouts de contenu jusqu’à Repentance. Cette ultime extension, qui rééquilibre des ajouts opérés par la communauté, offre un ultime challenge et un contenu gigantesque aux fans. En 10 ans, Isaac n’a cessé de grandir et le jeu indépendant singulier s’est transformé en un jeu majeur, un incontournable pour qui s’intéresse au genre.
On a du mal à croire que cela fasse déjà 10 ans, mais c’est bel et bien le cas. Sur cette décennie, Isaac a popularisé tout un genre et marqué les joueurs grâce à son univers d’une profonde noirceur. Intelligent, précis et offrant un contenu gargantuesque, le chef-d'œuvre de McMillen s’est fait une place de choix dans l’histoire du jeu vidéo. Son impact n’est plus à prouver puisque l’on retrouve des traces des mécaniques de jeu qu’il a popularisé jusque dans des exclusivités PlayStation comme Returnal. Quoi qu’il en soit, on continuera à parler longtemps du bébé le plus emblématique du jeu vidéo.