Nous avons eu l’occasion de passer deux jours au Nürburgring, aux abords du célèbre circuit allemand où se tenait le salon ADAC Simracing Expo. L’occasion pour nous de rencontrer grands et petits acteurs du monde de la simulation auto qui, au fil des années et des innovations, prend de l’ampleur.
Sommaire
- Rendez vous à l'Adac Simracing Expo 2021
- Du nouveau du côté des châssis
- Les fabrications françaises à l’honneur
- Des pédaliers qui mènent la danse
- Des simulateurs dynamiques de plus en plus réalistes
- En attendant l’ADAC 2022
Rendez vous à l'Adac Simracing Expo 2021
Le salon ADAC Simracing Expo 2020 avait été annulé pour raisons sanitaires, celui de 2021 a pu avoir lieu dans des conditions presque normales. Le nombre d’exposant (et le prix au m2) était néanmoins en légère baisse cette année, alors même que l’on s’attend à une fréquentation au mieux stagnante. Le COVID et les divers confinements à travers l’Europe auront eu un impact très fort sur les différentes professions, avec des conséquences qui dépendent surtout de la clientèle de chaque exposant.
En effet, les pilotes amateurs (et professionnels dans une moindre mesure) qui se sont retrouvés confinés ont été motivés par leur isolation et l’excès de temps libre pour faire l’acquisition de matériel. Volants, pédaliers, châssis et cockpits, les produits grand-public se sont arrachés, le milieu de gamme a bien souvent trouvé preneur et le haut-de-gamme a élargi son public de gentlemen drivers et de pilotes pros et semi-pros, pour le plus grand plaisir des fabricants. L’apparition à la télévision de compétitions eSport en lieu et place de leurs versions réelles y est certainement pour quelque chose.
Néanmoins, les restrictions sanitaires ont mis un frein violent aux exploitants de salles, de jeu comme de réalité virtuelle, comme aux parcs d’attractions lesquels se sont vus littéralement fermer. Résultat, l’arrêt des commandes et de nombreuses annulations ont généré des pertes d’exploitations assez vertigineuses, souvent supérieures à 50%, pour la plupart des créateurs de cockpits sur verins et autres simulateurs complexes.
Pour couronner le tout, le retour à la normale s’accompagne aujourd'hui de difficultés d’approvisionnement et de hausse des prix sur la plupart des matériaux. Pas forcément de quoi freiner les différents exposants dans leur volonté de présenter des nouveautés, fort heureusement.
Du nouveau du côté des châssis
De nombreuses marques étaient absentes cette année et nous regrettons de ne pas avoir pu y rencontrer Rseat, Vesaro, TrakRacer ou encore PlaySeat. L’entrée de gamme était néanmoins représentée par un petit nouveau, Oplite, qui présentait son NitroKart et Nitro Kart : Oplite met la course au coeur de votre salon tellement nous avons été emballés. Next Level Racing était aussi présent par le biais de son importateur local, avec quelques modèles F-GT jouables, mais pas son nouveau cockpit Elite, basé sur du profilé aluminium. Dommage.
Le fabricant néerlandais de cockpits en profilés aluminium Simlab nous a fait la surprise de reprendre la marque RaceX et de l’intégrer à son groupe. La marque RaceX se concentre désormais sur les cockpits tubulaires, avec déjà un nouveau modèle en présentation sur le stand disponible en Europe d’ici quelques semaines : le RaceX Pro Chassis. Ce modèle se place en frontal avec les modèles N1 de Rseat et devrait être commercialisé à 699€ le châssis seul, 999€ avec siège baquet, en livraison directe depuis les Pays Bas. Nous espérons pouvoir vous proposer un test de ce cockpit dans les prochains mois, et en attendant, vous trouverez plus d’informations sur leur site internet : https://racex.store
= Fanatec et Simucube, maîtres du direct drive =
Dans le monde de la simulation “sérieuse”, les transmissions en Direct Drive, c'est-à-dire avec l’axe du moteur donnant directement sur le volant, sont reines et omniprésentes. Deux marques se partagent la plus grosse part du gâteau des bases motorisées sur le salon: Simucube pour les plus pointus, Fanatec pour la plus large compatibilité. Le premier n’était malheureusement présent au ADAC que par le biais de son distributeur local et n’avait a priori pas de nouveauté à présenter.
Mais du côté de Fanatec, nous avons pu prendre en main l’incroyable roue de volant de la Bentley GT3 mise au point pour la montée de Pikes Peak. Comme pour le modèle BMW que nous vous avons présenté en juin, cette roue a la particularité d’être compatible à la fois avec la voiture originale et avec l’écosystème Fanatec (moyennant un adaptateur).
Et clairement, ce modèle impressionne par sa finition, la qualité de ses boutons et son écran intégré qui adapte l’affichage en fonction de la rotation du volant. Une vraie folie et un pont incroyable entre réel et virtuel, avec une sortie annoncée pour la fin de l’année mais à un tarif qui reste encore totalement secret.
Les fabrications françaises à l’honneur
C’est une première pour la jeune équipe de P1Sim dirigée ici par les frères Constans, entrepreneurs toulousains qui ont mis au point une roue équipée d’un écran, adaptable sur de nombreux modèles de bases motorisées. Le modèle P1 Eau Rouge s’installe donc sur Simucube, Fanatec, Thrustmaster, pour une compatibilité PC permettant d’afficher la télémétrie en jeu (position en course, temps, vitesse, régime moteur, contrôle de traction, etc …).
Benoit Constans n’est pas peu fier de nous présenter les qualités de son modèle, qui vient juste d’arriver sur le marché et de rencontrer ses premiers clients.
Il s’agit de notre premier produit, une roue en aluminium taillé dans la masse, avec du carbone de 5 millimètres et un écran intégré qui reste sous la barre fatidique des 1000€. Ça n'existait pas avant aujourd’hui et même si nous sommes sur une niche, la demande est grande à travers le monde. Nos premiers modèles ont d’ailleurs été achetés pour le marché américain.
Une seconde roue est en approche, elle devrait être équivalente au modèle Eau Rouge en termes de matériaux, avec une forme plus “proto”. Elle sera dénuée d’écran et donc avec un tarif plus accessible. Plus de renseignements sur www.p1sim.fr
Autre rencontre sur le stand de Venym, avec Virgile Decoster, son directeur. La société a beau débuter dans le simracing, elle n’en est pas moins déjà experte en création de matériel comme en course automobile car liée au fabricant de bolide Mygale basé à Magny-Cours. Ici, c’est pour le lancement de deux versions de son pédalier que le fabricant est venu se frotter aux plus grandes références mondiales : le Atrax 3 Pedals, un modèle en aluminium à 689€ et le Atrax 3 Black Widow, un pédalier full carbon vendu à partir de 1299€. Dans les deux cas, nous pouvons témoigner de nombreux réglages et une qualité de fabrication très élevée.
La technologie Load Cell (qui capte la pression que l’on met sur la pédale) est au rendez vous sur les trois pédales, même sur l’accélérateur et l’embrayage, pour des sensations au plus proche de la réalité. Les deux pédaliers sont vendus avec une base commune pour une adaptation rapide à n’importe quel cockpit, mais les pédales peuvent aussi être installées séparément, pour un montage GT ou ou custom. Les moddeurs apprécieront. Plus de renseignements sur https://www.venym.com/
Des pédaliers qui mènent la danse
Du côté de Heusinkveld, créateur reconnu de pédaliers parmi les meilleurs du marché, nous avons pu essayer les Sim Pedals Sprint, entrée de gamme du fabricant qui n’en reste pas moins un modèle réservé aux connaisseurs avec une cellule de charge de 120 kg et une résistance ajustable de 65 kg pour le frein. Comptez 600€ pour un set de deux pédales et 700€ avec l’embrayage en plus. Le fabricant néerlandais était aussi fier de nous présenter son modèle Ultimate, en acier inoxydable, offrant une résistance réglable jusqu’à 140 kg pour une cellule de charge de 200 kg de capacité. Le tarif est évidemment innaccessible, à 1300€ l’ensemble 3 pédales, mais l’objet est superbe et offre des sensations très réalistes. Si vous êtes intéressé, c’est par ici que ça se passe : https://heusinkveld.com/
Notez que les pédaliers peuvent avoir une influence énorme sur les jeux, et même sur des développeurs comme Kunos Simulazioni, iRacing.com Motorsport Simulations ou Sector3 Sudios. C’est par exemple le cas de l’innovation conjointe entre D-Box, créateur de solution haptiques (et particulièrement connu des simracers pour ses systèmes sur vérins) et Simtag, créateur de simulateurs et de hardware haut-de-gamme. A eux deux, et en joignant deux technologies, ils ont mis au point un pédalier à résistance pneumatique réglable dynamiquement.
Derrière ce nom barbare se cache une technologie qui adapte la résistance du frein en fonction d’une information logicielle. Suivant sa température et son usure, la dureté de la pédale change et son impact sur le freinage peut être altéré. Il ne manque plus aux simulations qu’à intégrer ce paramètre dans leur télémétrie et nous aurons peut être bientôt un iRacing, un Raceroom et un Assetto Corsa prêt à nous demander de gérer la chauffe et l’usure du freinage. Une évolution qui peut donc aller du matériel au logiciel, d’abord sur les simulations pointues, et peut-être ensuite sur les plus grand public, qui sait.
Des simulateurs dynamiques de plus en plus réalistes
Totalement réservés au monde des professionnels et des joueurs argentés, les simulateurs dynamiques peaufinent leurs réactions au point de proposer des sensations de plus en plus réalistes. Le but étant d’offrir aux vrais pilotes un outil pour l’entraînement plus efficace, et aux simracers des informations de plus en plus précises. Ainsi, après avoir essayé de nombreux simulateurs, deux modèles sortaient à nos yeux du lot.
Nous citerons d’abord la marque portugaise Imsim, elle aussi issue de l’industrie automobile et partenaire de Lamborghini depuis des années. Son simulateur ImSim 3 DOF coûte la bagatelle de 20 000 euros à nu, et jusqu’à 45 000 € dans sa version complète. Un tarif élevé, mais le produit nous a vraiment impressionnés par son design, ses réglages ultra simples d’utilisation, et ses sensations de haut vol. Le top étant la possibilité de régler son volant et son pédalier avec un simple bouton au niveau du pouce, sans effort. L’idéal pour les salles de jeu.
Enfin, le meilleur simulateur du ADAC 2021 est à nos yeux celui de Actoracer : 4 vérins, autant de vibreurs, un siège dynamique pour ressentir frein et accélérateur, ainsi qu’un slide pour la dérive. En plus d’être un des modèles les plus complets et les plus impressionnants par sa taille, le Ultimate d’Actoracer était de loin le mieux réglé du salon. Accompagné pour l’occasion d’un Assetto Corsa Competizione (mais évidemment compatible avec toutes les simulations actuelles), c’est bien lui qui nous a fait ressentir les meilleures sensations et offert le meilleur contrôle de notre véhicule. Evidemment, le prix est au niveau de sa performance, soit 49 000 euros … hors taxes et transport bien évidemment. Mais après tout, si vous avez le budget n’hésitez pas.
En attendant l’ADAC 2022
Sensations fortes, prix exorbitants, matériel de très haut niveau, l’ADAC reste avant tout un salon pour les gentlemen drivers qui ont les moyens et les professionnels capables d’exploiter ce matériel. C’est aussi un lieu de découverte des dernières technologies et des meilleures simulations actuelles pour les passionnés de simracing. Plus accessibles que jamais, malgré des tarifs encore très élevés, la plupart des fabricants sur le salon se voyaient prochainement exploiter le marché des consoles. C'est que bon nombre des joueurs de Gran Turismo ou Forza iront prochainement rejoindre les rangs de ces simracer, attirés par plus de réalisme, plus de sensations, ou un eSport toujours plus présent.
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