Insomniac Games… Aujourd'hui, le studio ne cesse de faire parler de lui et à raison. La maison californienne enchaîne depuis quelques années maintenant les gros blockbusters vidéoludiques de qualité ; Marvel's Spider-Man et Ratchet & Clank : Rift Apart étant seulement la partie émergée de l'iceberg. Eh oui, deux autres créations tout aussi conséquentes sont déjà en cours de développement et vont arriver sur PlayStation 5 d'ici 2023 pour l'un et sûrement en 2024 ou 2025 pour l'autre. C'est d'ailleurs ce qui nous a interpellés. Insomniac Games est-il devenu le studio n°1 de Sony ?
Depuis quelque temps maintenant, et ce, sans mauvais jeu de mots, on a l'impression que l'équipe d'Insomniac Games ne dort plus : Ratchet & Clank Reboot sort en 2016. Quelques mois plus tard Song of the Deep ainsi que trois productions Oculus Rift pointent le bout de leur nez. En 2018, c'est Marvel's Spider-Man qui vient faire le show sur PlayStation 4. Puis, le 19 novembre 2020, à l'occasion du lancement de la PlayStation 5, la licence revient avec un joli remaster et un stand-alone mettant en scène Miles Morales. Nous sommes maintenant le 11 juin 2021 et c'est au tour de Ratchet & Clank : Rift Apart de surprendre tout le monde sur la console de neuvième génération. Avec le lancement des dernières aventures de Ratchet sur PlayStation 5, on pensait que le studio allait enfin profiter de vacances méritées… mais comme vous vous en doutez, ce n'est pas le cas. Lors du dernier PlayStation Showcase qui a eu lieu le 9 septembre dernier, le studio a annoncé travailler sur deux gros titres supplémentaires : Marvel's Spider-Man 2 et Marvel's Wolverine. Des annonces peut-être un brin précipitées, mais qui ont fait tout de même de l'ombre à toutes les autres pourtant en nombre : Star Wars KOTOR Remake, Gran Turismo 7 et même God of War : Ragnarok. Pourtant, si l'on revient quelques années en arrière, nous étions loin de penser que le studio allait autant attirer les feux des projecteurs…
Insomniac Games : un studio costaud, mais pas trop
Tout commence en 1996, lorsque le studio sort son tout premier jeu : Disruptor, un FPS proposant aux joueurs d'incarner Jack, un soldat qui a pour objectif de sauver la galaxie. Toutefois, malgré une réussite critique, le titre exclusif à la première PlayStation passe inaperçu. C'est donc seulement deux ans plus tard que les joueurs entendent enfin parler de la maison fondée par Ted Price en 1994 grâce au lancement de Spyro the Dragon. L'arrivée du petit dragon violet que l'on ne présente plus est une aubaine pour la marque PlayStation, puisqu'elle vient combler un manque : la première console de Sony possède peu de jeux vidéo à l'intention du jeune public contrairement à Nintendo qui domine le marché haut la main. Pour le constructeur japonais et Insomniac Games, le pari est réussi : le jeu de plates-formes 3D édité par Sony Computer Entertainment est vendu à plus de cinq millions d'exemplaires à travers le monde et est plébiscité par la critique. C'est d'ailleurs pour cette raison que deux suites voient le jour. La première, Spyro 2 : Ripto's Rage!, sort en 1999 et la seconde, Spyro : Year of the Dragon, en 2000. Mais malgré le succès de ces deux volets, la trilogie du jeune dragon reste dans l'ombre d'une autre mascotte. Nous faisons bien évidemment référence à Crash Bandicoot, la franchise de Naughty Dog née en 1996. Les trois volets de la trilogie du marsupial bondissant se placent tous dans le top 10 des plus grands succès de la PlayStation, tandis que le premier Spyro se trouve tout juste dans le top 20. Ses suites, quant à elles, sont bien loin derrière : Spyro 2 : Ripto's Rage! est à la 30e place, tandis que Spyro : Year of the Dragon se trouve à la 35e position. Pour autant, la grande histoire d'amour entre Sony et Insomniac perdure.
Nous sommes maintenant en 2001 et Insomniac décide de franchir un nouveau cap en profitant pleinement de la puissance de la PlayStation 2, la console de sixième génération de Sony sortie le 24 novembre 2000 sur notre territoire. Le dragon violet maintenant relégué à d'autres studios, Insomniac fait le choix de partir sur une tout autre licence. Si, au début, la maison californienne avait pour projet de mettre en place un certain Girl with a stick, un jeu inspiré de Tomb Raider et The Legend of Zelda, rapidement, suite aux précieux conseils de Sony Computer Entertainment, Insomniac Games fait machine arrière. Le studio élabore un tout nouvel univers mêlant shoot et plates-formes ; Ratchet & Clank premier du nom voit le jour le 8 novembre 2002. Le 21 novembre 2003, c'est au tour de Ratchet & Clank 2 de venir faire le beau sur la machine de Sony, et le 12 novembre 2004, de Ratchet & Clank 3. Encore une fois, si les trois titres sont de gros succès – l'univers de science-fiction conté par la trilogie est original et le duo composé de Ratchet et de Clank est plus qu'attachant –, c'est le tandem Jak & Daxter de Naughty Dog qui charme le plus les joueurs. Après Spyro, c'est donc au tour de Ratchet d'être relégué au second plan.
Du gameplay pour le premier Ratchet & Clank
Même si Insomniac Games et Naughty Dog jouent dans la même cour, notamment sur PlayStation et PlayStation 2, les deux studios californiens se sont toujours épaulés. C'est d'ailleurs Charles Zembillas, le character-designer de Crash Bandicoot, qui a donné vie à notre cher Spyro. Il faut dire que les deux studios cohabitaient dans le même bâtiment. Notez également que l'on peut trouver une démo jouable de Crash Bandicoot 3 : Warped sur Spyro the Dragon et que le moteur utilisé par Insomniac Games pour Ratchet & Clank est celui du premier Jak & Daxter. En contrepartie, l'équipe d'Insomniac partage toutes les améliorations qu'elle apporte au moteur. C'est d'ailleurs pour cette raison que la saga Jak & Daxter oublie peu à peu l'aspect plates-formes pour proposer une dimension shooter plus importante, marque de fabrique de la licence Ratchet & Clank.
Après le lancement d'un quatrième Ratchet sur PlayStation 2 qui passe un peu inaperçu, à savoir Ratchet : Gladiator, Insomniac fait le choix de travailler sur un troisième gros projet : Resistance : Fall of Man. Peu connu du grand public, Resistance : Fall of Man est le premier FPS à voir le jour sur PlayStation 3. En effet, la production accompagne le lancement de cette toute nouvelle machine sortie le 11 novembre 2006 au Japon et le 23 mars 2007 sur notre territoire. Avec Resistance premier du nom – un second opus voit le jour en 2008 et un troisième en 2011 –, l'objectif est de faire honneur à cette console de septième génération en démontrant ce qu'elle a dans le ventre, et comme on pouvait s'y attendre avec Insomniac, le résultat est réussi. Le jeu est beau et nous en met constamment plein les yeux en proposant aux joueurs d'assister à de grandes batailles opposant des soldats américains à d'affreuses Chimères. Malheureusement, de son côté, Guerrilla Games travaille sur une autre exclusivité PlayStation 3 : Killzone 2 ; un titre qui fera l'unanimité deux ans plus tard. Pour la troisième fois consécutive donc, Insomniac Games se fait voler la vedette.
Resistance : Fall of Man, le Gaming Live
Petit passage à vide pour Insomniac Games
Pendant que l'équipe principale d'Insomniac Games travaille sur Resistance : Fall of Man et sa suite, Resistance 2, une seconde continue de développer l'univers de la saga phare du studio, à savoir Ratchet & Clank. Eh oui, avec le temps, la maison de Ted Price s'est agrandie et désormais, le studio peut compter sur la présence de Brian Allgeier, nouvelle tête pensante en charge du projet Ratchet & Clank : Opération Destruction et de sa suite A Crack in Time. Le premier sort en 2007 et le second courant 2009. Mais quitte à tourner un peu en rond, un stand-alone nommé Quest for Booty est aussi disponible en 2008. De son côté, l'épisode coopératif All 4 One débarque le 21 octobre 2011, quelques jours après le lancement de Resistance 3 (7 septembre 2011). Puis arrivent Q-Force en 2012 et Nexus en 2013… Autrement dit, au fil de ses aventures, le lombax perd de sa superbe et les fans, eux, ne sont pas loin de l'indigestion.
C'est aussi durant cette période que le studio vole de ses propres ailes en s'éloignant peu à peu de Sony, mais malheureusement, la marque finit par s'éparpiller. En 2010, Insomniac Games réalise un partenariat avec EA Partners pour mettre en place une toute nouvelle franchise, Fuse, qui voit le jour en 2013 sur PlayStation 3 et Xbox 360, mais qui tombe bien vite dans l'oubli. En 2011, le studio ouvre la division interne Insomniac Click qui s'attelle à la production de jeux iOS et Android (Fruit Fusion, Digit and Dash, Bad Dinos). Le développeur s'essaye ensuite à la réalité virtuelle avec Edge of Nowhere, The Unspoken et Feral Rites, trois jeux qui sortent en catimini sur Oculus Rift en 2016. Mais fort heureusement, le studio propose en 2014 Sunset Overdrive, ce qui sauve les meubles. L'exclusivité loufoque Xbox One mêlant shoot et scoring dans un univers post-apocalyptique est réalisée par Bryan Intihar, une personnalité qui, par la suite, deviendra prépondérante.
Sunset Overdrive : Overdose d'overcharge
Un rachat qui accélère les choses ?
Même si le studio a repris du poil de la bête en 2016 en travaillant de nouveau avec Sony pour mettre en place le reboot du tout premier Ratchet & Clank, c'est seulement en 2018 qu'il revient sur le devant de la scène avec Marvel's Spider-Man, la toute nouvelle production de Bryan Intihar. Présenté pour la première fois à l'E3 2016, le jeu surprend tout le monde grâce à des séquences de gameplay époustouflantes qui captent ce qui caractérise l'homme-araignée. Spider-Man est agile, voltige dans tous les sens et réalise des acrobaties qui coupent le souffle. Autrement dit, pour la première fois, une production vidéoludique semble être à la hauteur du super-héros de comics… Et fort heureusement, c'est bel et bien le cas. Lors de son lancement, le jeu est félicité par la presse (de notre côté nous lui accordons un joli 17/20) ainsi que par les joueurs. Autrefois dans l'ombre, le studio californien est maintenant sous les feux des projecteurs, éclipsant ainsi Sucker Punch, un autre studio Sony. Eh oui, inFamous, leur saga de super-héros est reléguée au second plan, mais ne vous inquiétez pas pour eux, à cette même période l'équipe de Bellevue est bien occupée avec son futur gros succès : Ghost of Tsushima.
Spider-Man, le jeu développé par les créateurs de Ratchet & Clank se montre à l'E3 2016
Cette visibilité s'accélère lorsqu'Insomniac Games est enfin racheté par Sony fin 2019 contre 229 millions de dollars. Et si la somme est relativement peu élevée – à titre de comparaison, Electronic Arts a déboursé plus de 400 millions de dollars en 2017 pour acquérir Respawn Entertainment (Titanfall) et Microsoft a acheté Rare (Banjo-Kazooie, Killer Instinct, Perfect Dark...) en 2002 pour 375 millions de dollars –, cette entente semble d'ores et déjà fructueuse pour les deux parties. Certes, Insomniac Games n'a jamais eu un rythme de croisière – de 1996 à 2016, le studio a développé un total de 29 productions –, mais aujourd'hui le rythme effréné de la maison de Ted Price semble encore s'accélérer. Depuis 2018, la maison a produit sept jeux, dont quatre titres majeurs comprenant notamment trois blockbusters à destination de la PlayStation 5, à savoir Marvel's Spider-Man : Miles Morales, Marvel's Spider-Man Remastered et bien évidemment Ratchet & Clank : Rift Apart. Mais plus étonnant encore est la suite du programme…
Alors que Guerrilla Games (Horizon : Forbidden West), Bend Studio (Days Gone), Naughty Dog (The Last of Us Part II), Polyphony Digital (Gran Turismo 7) et Santa Monica Studio (God of War : Ragnarok) n'ont toujours pas sorti ou même dévoilé de jeux pour la console de neuvième génération de Sony, Insomniac Games, quant à lui, s'apprête à lancer dans la foulée deux blockbusters supplémentaires, Marvel's Spider-Man 2 et Marvel's Wolverine. Avec déjà cinq jeux sortis ou annoncés sur PlayStation 5 en moins d'un an de commercialisation de la console, tout porte à croire que Sony compte bel et bien capitaliser sur sa nouvelle acquisation devenue poule aux oeufs d'or. Pour rappel, Marvel's Spider-Man est le jeu de super-héros le plus vendu à ce jour, loin devant Batman Arkham City, avec plus de 20 millions de ventes depuis son lancement.