Il n’aura échappé à personne que la pénurie de semi-conducteurs a une incidence néfaste sur le marché des cartes graphiques depuis début 2020, entraînant des hausses de prix souvent spectaculaires sur les modèles vendus par Nvidia et AMD. Malheureusement, les informations dévoilées ces derniers jours par l’agence Nikkei Asia semblent indiquer que non seulement la situation ne va pas s’arranger, mais qu’elle devrait se transformer en une hausse durable du prix des GPU.

Des semi-conducteurs de plus en plus chers

Le site de Nikkei indique que Taiwan Semiconductor Manufacturing Co. (TSMC), fondeur taïwanais qui fournit notamment Qualcomm, Apple, Intel, Nvidia ou encore AMD, compte augmenter les tarifs de ses puces à partir du mois d’octobre prochain. Et pas qu’un peu, puisqu’on parle d’une hausse pouvant aller jusqu’à 20% : il s’agit de l’augmentation tarifaire la plus élevée appliquée depuis dix ans par le fondeur. Elle reste à relativiser, dans le sens où les négociations font au cas par cas : on sait notamment qu’Apple a réussi à limiter les dégâts en ne subissant que 3% de hausse de tarif. Cela s’explique par le fait que la firme de Cupertino est le client principal de TSMC : pour les autres entreprises, la note est probablement plus salée, même si les communications se font rares sur le sujet.

Selon Nikkei, TSMC aurait tardé à annoncer l’augmentation de ses prix par rapport à d’autres fonderies plus petites, qui ont commencé à appliquer des hausses tarifaires depuis l’année dernière. TSMC serait donc simplement sur le point de rattraper son retard. Il n’en reste pas moins que ce fondeur, qui est le plus gros du marché, n’est déjà pas le plus abordable de base, et que l’augmentation annoncée récemment résonne comme un coup de bambou chez bon nombre de ses clients.

Quelles conséquences pour le consommateur ?

Les augmentations des tarifs de TSMC ont différentes conséquences. La première, c’est bien évidemment que les clients du fondeur paieront leurs puces plus cher. La seconde, c’est qu’ils ne pourront plus abuser du principe de « double réservation », qui permettait jusque-là aux entreprises high-tech de passer des commandes de puces plus élevées que ce dont ils avaient réellement besoin, dans l’optique de sécuriser des lignes de production dans un climat d’approvisionnement tendu. En effet, cette pratique va devenir bien plus coûteuse qu’avant. De ce fait, les clients de TSMC pourraient bien se retrouver confrontés à des livraisons encore plus sporadiques, car ils ne pourront plus gonfler leurs commandes.

Pour le consommateur final, qui peine aujourd’hui à mettre la main sur une carte graphique, qui plus est à un tarif raisonnable, la situation compliquée risque de perdurer. Pire : à des hausses de prix fluctuantes en raison de l’offre et de la demande pourraient bien s’ajouter des augmentations tarifaires durables des GPU à partir de 2022, estiment les analystes consultés par Nikkei. La fin de l’année 2021 devrait permettre aux constructeurs de cartes graphiques d’écouler les semi-conducteurs acquis à des tarifs encore raisonnables, puisque le fondeur a encore beaucoup de commandes à honorer. Ensuite, il ne fait aucun doute que la donne va changer.

Un constat qui ne devrait pas améliorer la situation actuelle, puisque les technophiles à la recherche d’une carte graphique vont sans doute renforcer leur traque chez les marchands dans les prochains mois, en vue d’échapper à une hausse durable des tarifs des composants en 2022. De quoi alimenter une pénurie liée à un fort déséquilibre entre une demande toujours plus forte, et une offre qui continue de dégringoler. En Chine notamment, les prix sont repartis à la hausse du côté des GeForce RTX 30 de Nvidia et des Radeon RX 6000 d'AMD, en raison de livraisons divisées par deux dans certains cas.

Les smartphones également touchés par les hausses de prix

Qualcomm est un autre gros client de TSMC, et il s’agit du principal fournisseur de SoC (System on a Chip, les processeurs que l’on trouve au sein des smartphones) du marché. La firme américaine est également touchée par les hausses tarifaires et elle va les répercuter chez ses propres clients, qui vont, eux aussi, aller chercher quelques deniers supplémentaires chez le consommateur. Vous l’aurez compris : il est très probable que les prix des smartphones augmentent eux aussi l’année prochaine.

La question en suspens est la suivante : de combien ? Sur les smartphones, l’augmentation ne devrait pas dépasser quelques euros au maximum. Pour ce qui est des cartes graphiques, compte tenu de la situation actuelle déjà très problématique, il est difficile de faire des estimations à l’heure actuelle. Ce qui est certain, c’est que ceux qui espéraient un retour à la normale du marché des GPU en 2022 vont devoir continuer à prendre leur mal en patience.

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