Elle a fait couler beaucoup d’encre avant son annonce officielle. La nouvelle Switch que la rumeur voulait “4K” est en fait OLED. Elle troque son gain de puissance longuement pressenti contre un écran plus grand affichant de meilleurs contrastes et des couleurs plus chaudes. “Pas suffisant” rétorquent alors des joueurs amers, las de jeter leurs rêves d’Hyrule en UHD dans les douves du château de Ganon. Pourtant, force est de constater que cette version actualisée de l’hybride mérite vraiment le coup d’œil.
Deux rédacteurs de JV ont pu tester la Switch OLED blanche dans son modèle européen, en mode nomade, pendant une heure dans les locaux de Nintendo. Trois jeux pouvaient être essayés : Mario Kart 8 Deluxe, Zelda : Breath of the Wild et Super Mario Odyssey. Les images proviennent de Nintendo.
Switch 2.0
Avec la couleur pâle de son dock posée sur un design sobre légèrement remanié, la Switch OLED blanche fait immédiatement bonne impression. Esquivant l’aspect “jouet” de sa grande sœur sortie en 2017 avec ce logo de petite taille posé sur la face principale de la station d’accueil, elle arbore un look qu’un certain géant californien croqueur de pommes aurait adoré. Pas de pépin à signaler en ce qui concerne la connectique, bien au contraire : le port Ethernet est cette fois-ci directement intégré au dock. Il ne sera donc plus nécessaire de passer via un adaptateur USB pour profiter d’une connexion filaire à Internet. Malgré les remarques formulées par de nombreux joueurs, le port qui sert à brancher l’adaptateur secteur USB-C est toujours situé sur la tranche inférieure de l’écran. Du côté du stockage interne, nous passons de 32 Go à 64 Go (avec possibilité d'ajouter des cartes microSD en externe).
En mode sur table, le support d'origine qui était épais comme un filet de vinaigre est remplacé par une large base – à l’inclinaison ajustable – faisant presque toute la longueur de la machine. Cela signifie qu’à la verticale, l’hybride ne tombe plus lors d’une pression sur l’écran tactile. Les voyageurs peuvent jubiler, la console devrait être particulièrement stable quand elle sera posée sur les tablettes des trains et des avions. En définitive, le form factor de cette Switch OLED est globalement identique à celui de la précédente version, mais les touches de nouveauté, certes discrètes, ont du sens. Bien sûr, Nintendo vise la meilleure compatibilité possible avec tout ce qui est déjà disponible sur sa console. Néanmoins, la firme de Kyoto prévient qu’en raison de la taille de l’écran et des nouvelles caractéristiques, certains accessoires ou logiciels pourraient rencontrer des problèmes de compatibilité. C’est le cas par exemple de certains Toy-Con de Nintendo Labo.
Et la lumière fut !
Ajouter un simple port Ethernet au dock et revoir la taille du support de la console n’aurait pas été suffisant pour inciter les actuels possesseurs de Switch à repasser à la caisse. L’argument premier de cette nouvelle version est bien évidemment l’écran OLED qui envoie des couleurs chaudes et des contrastes prononcés. Nous ne nous attendions pas à être aussi impressionnés par la route arc-en-ciel de Mario Kart 8 Deluxe, où la piste lumineuse flottant dans un ciel obscur donne presque l’impression de s’amuser sur un périphérique HDR, ce que ce modèle OLED n’est pourtant pas. Même constat dans The Legend of Zelda : Breath of the Wild, quand Link sort de la grotte et se trouve aussi ébloui que le joueur par le soleil surplombant Hyrule. Les jeux cités sont peut-être anciens, mais ils affichaient de jolis restes grâce à cet écran capable de mettre en avant le talent des artistes 3D. Les couleurs sont éclatantes, la luminosité est forte. Dans Super Mario Odyssey, le rouge de l’écran titre brûle la rétine, tandis que l’énorme lune jaune du premier niveau étincelle de mille feux.
Par rapport à la Switch classique, l’écran de la console est sensiblement plus grand, passant de 6,2 pouces à 7 pouces. De quoi rendre les parties en multijoueur en écran partagé un tantinet plus confortables, d’autant plus que l’écran nous a paru moins sujet aux reflets. Il faudra néanmoins vérifier tout cela quand nous aurons la possibilité de tester la machine en extérieur. Ce grand écran qui apporte un meilleur confort visuel sans pour autant augmenter la taille de la console met en valeur les productions tournant en 60fps dotées de jolis graphismes. Malheureusement, il met aussi en évidence aussi les quelques défauts techniques de certaines œuvres, à l’image du scintillement (sur les éléments affichés au loin) de Breath of the Wild. Malgré l’écran de meilleure qualité, Nintendo assure que l’autonomie sera la même que celle du deuxième modèle de Switch (entre 4,5 et 9 heures environ).
Audio, Video, Disco
Après la vue, l’autre sens que Nintendo a souhaité choyer avec cette nouvelle Switch est l’ouïe. Pour le plus grand plaisir – nous imaginons – des parents, la console en nomade propose des hauts-parleurs intégrés plus grands et plus puissants. En résulte un son stéréo de meilleure qualité plus aisément perceptible en extérieur (ou dans une pièce bruyante) grâce aux décibels supplémentaires. Une puissance qui ne devrait néanmoins pas être constatée par les joueurs branchant des écouteurs, puisque le limiteur serait le même que celui de la Switch d’origine, empêchant qu’un volume trop élevé ne soit envoyé dans les oreilles quand un casque audio est branché. Le rendu peine toujours à faire émerger les basses fréquences, mais le résultat nous a semblé probant durant notre heure de test. Il faudra cependant passer plus de temps avec la console pour vérifier tout cela.
4K de conscience
La Switch modèle OLED embarque dans ses circuits ni gain de puissance, ni grain de folie. Contrairement à ce que les rumeurs initiales affirmaient, le dock ne permettra pas de sortir de l’UHD sur son écran de télévision. En matière de CPU/GPU, cette version de la console est identique à la précédente. La firme de Kyoto est coutumière du fait, elle qui a sorti par le passé des nouveaux modèles de consoles portables n’ajoutant pas de puissance supplémentaire (GBA/GBA SP, DS/DS Lite, 3DS/2DS, etc.). Mais n’oublions pas que la Switch n’est pas qu’un périphérique mobile : elle est aussi une console de salon qui se trouve en 2021 face à la PlayStation 5 et à la Xbox Series X avec une configuration de 2017. Et puisque nous abordons le hardware, sachez que les Joy-Con fournis n’ont normalement subi aucune révision spéciale. Nous aurions bien aimé que Nintendo nous certifie que les déboires du Joy-Con Drift sont définitivement derrière nous.
Repensée avec intelligence malgré les doutes qui traînent autour des Joy-Con, la Switch OLED devrait améliorer l’expérience nomade de l’hybride conçue par Nintendo. Le nouvel écran pourrait à lui seul convaincre les joueurs les plus récalcitrants, tandis que les diverses améliorations telles que la meilleure stabilité en mode sur table, l’ajout du port Ethernet et les haut-parleurs de meilleure qualité insistent sur le sérieux de la révision. Pour seulement 30 grammes de plus, cette Switch prometteuse à défaut d’être Pro jouit de réels arguments en sa faveur. La Switch OLED est attendue pour le 8 octobre 2021. Elle sera disponible en deux coloris (dock blanc, Joy-Con blancs ou dock noir, Joy-Con bleus et rouges) aux alentours de 349 euros selon les enseignes.