Le 19 juillet 2001 sortait au Japon Final Fantasy X, épisode majeur de la saga phare de Square Enix. Aujourd'hui, vingt ans après sa sortie, le titre garde une place toute particulière dans le coeur de nombreux joueurs. Pour comprendre les raisons de cette popularité, petit retour sur les éléments qui ont fait de FFX un jeu culte.
En mars 2020, la chaîne de télévision japonaise NHK produit un sondage pour connaître les Final Fantasy préférés des joueurs Japonais. Après plus de 450 000 votes, c'est Final Fantasy X qui arrive à la première place devant le cultissime Final Fantasy VII et l'excellentissime Final Fantasy VI. Et toujours dans ce même sondage, on retrouve Yuna et Tidus, les deux protagonistes principaux du dixième volet, respectivement à la seconde et à la septième place des personnages préférés. C'est dire la popularité de cet épisode vingt ans après sa sortie au Japon, le 19 juillet 2001. Une date doublement symbolique pour la saga puisqu'il s'agit également de l'anniversaire de Final Fantasy IV, autre opus majeur, qui fête cette année ses 30 ans.
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Pour comprendre les raisons du succès du titre, il est plus qu'important de resituer le contexte de son annonce et de son développement. Fin janvier 2000, Square Enix, alors encore Square Soft, tient un événement sous le nom de Square Millennium Event. À cette occasion l'éditeur japonais révèle l'existence non pas d'un, ni même de deux, mais bien de trois Final Fantasy numérotés en même temps ! Une annonce qui sonne vraiment comme un autre temps lorsque l'on voit le nombre d'années qui sépare les sorties de Final Fantasy XIII, Final Fantasy XV et Final Fantasy XVI. Ainsi, si Final Fantasy IX est prévu pour être le chant du cygne de la série sur PlayStation 1, Final Fantasy XI Online va marquer un tournant pour la saga en proposant une expérience entièrement multijoueur. Mais entre ces deux jeux, Final Fantasy X est lui aussi une révolution puisqu'il s'agit du premier Final Fantasy destiné à la future PlayStation 2 alors prévue pour sortir deux mois après au Japon, en mars 2000.
Une équipe de choc pour un succès assuré
Avec ce passage sur un support plus puissant, la série entre dans une nouvelle ère qui va lui permettre de poursuivre sur sa lancée entamée sur PlayStation 1 : proposer des jeux avec des graphismes à la pointe de la technologie. Ainsi, Final Fantasy X devient le premier épisode entièrement en 3D de la saga, les opus précédents se reposant sur des décors en précalculés. Autre grande nouveauté, le titre comporte de nombreux dialogues doublés pour donner encore plus d'incarnation aux personnages (et des moments cultes comme la scène du rire de Tidus devenu un meme). Pour atteindre ces objectifs de qualité, Square va miser beaucoup sur ce projet avec un budget de plus de 32 millions de dollars ainsi qu'une équipe de développement de plus de cent personnes, soit des chiffres impressionnants pour l'époque.
Pour aborder un chantier d'une telle ampleur, Square rassemble alors de nombreux acteurs à l'origine du succès de la saga depuis plusieurs années. Si Hironobu Sakaguchi, grande figure de la licence depuis ses origines, reste en retrait en tant qu'Executive Producer pour se concentrer sur FFIX, c'est celui qu'il désignera plus tard comme son successeur spirituel de façon officieuse qui se charge de ce nouveau projet : Yoshinori Kitase. Arrivé en 1991 chez Square, celui-ci a rapidement gagné en responsabilités au point d'être nommé Director sur trois épisodes majeurs dont il est également l'un des scénaristes, à savoir Final Fantasy VI, Final Fantasy VII et Final Fantasy VIII. Par son expérience, on lui confie en toute logique les rênes de ce titre capital pour l'avenir de la franchise. D'autres membres de l'équipe de Final Fantasy VII vont également le rejoindre pour reproduire le succès de ce volet qui reste le plus vendu de la série avec 12,45 millions d'exemplaires écoulés à l'heure actuelle. Pour cette raison, on retrouve Kazushige Nojima au scénario ou encore Tetsuya Nomura, célèbre character designer présent depuis Final Fantasy IV à qui l'on doit notamment depuis les Kingdom Hearts.
Même chose du côté de la musique puisqu'on retrouve Nobuo Uematsu, compositeur incontournable présent depuis le tout premier épisode. Cependant, FFX fait office de passation pour lui car il est assisté pour l'occasion de Junya Nakano et surtout de Masashi Hamauzu qui composera plus tard la bande-son de Final Fantasy XIII et de Final Fantasy VII Remake. D'ailleurs, ces deux titres ont également comme point commun d'avoir pour Director Motomu Toriyama qui est alors Designer et co-scénariste sur ce dixième opus. C'est donc avec cette équipe de choc que la production commence pour donner le jeu culte que l'on connaît aujourd'hui.
Des combats aux choix de design audacieux
Comme nous l'avons souligné plus tôt, Final Fantasy X représente une vraie révolution pour la saga car il est le premier volet à proposer des graphismes entièrement en 3D ainsi que des doublages. Des éléments d'autant plus impressionnants lorsque l'on se rappelle que le titre est sorti en début de vie de la PS2. Cependant, c'est au niveau de son système de combat que cet opus prend un tournant étonnant. Alors que tous les précédents épisodes depuis FFIV proposaient des affrontements avec une notion de "temps réel" grâce à la jauge d'ATB (Active Time Battle), FFX opte lui pour le CTB (Conditional Turn-Based Battle), c'est-à-dire un retour au tour par tour pur et simple avec pour particularité de voir apparaître l'ordre d'action des unités à l'écran.
Si ce choix en a surpris plus d'un, force est de constater qu'il donne un côté encore plus stratégique aux combats, surtout grâce au fait de pouvoir changer de personnages en plein affrontement. D'ailleurs, c'est au cours de ces derniers que le jeu met le plus en avant l'un des éléments qui a fait la réputation de la série : les invocations. En effet, depuis Final Fantasy VII et le passage à la 3D, les invocations sont devenues de véritables moyens de promotion pour la franchise grâce aux animations qui les accompagnent et qui mettent plein la vue. FFX ne déroge pas à la règle et fait même de ces puissantes créatures l'un des éléments centraux de l'intrigue en tant qu'objectifs du pèlerinage de Yuna. Certaines d'entre elles sont d'ailleurs devenues cultes à l'image de Yojimbo, l'une des Chimères cachées, capable de vaincre en un coup n'importe quel ennemi, même les boss, grâce à son attaque Zanmato qui requiert de l'argent.
Pour accompagner ce système de combats plus stratégique qu'il n'y paraît, le jeu propose une mécanique d'évolution très intéressante qui en a marqué plus d'un. Si FF VII avait les Materias, FF VIII les G-Force et FF IX un système de compétences à partir d'équipements, FFX invente le Sphérier. Avec ce dernier, il faut déplacer ses personnages sur un immense plateau et dépenser des sphères pour améliorer leurs caractéristiques et débloquer de nouvelles compétences. Autre grande originalité, le titre propose dans sa version internationale deux types de plateaux : standard ou expert. Si le premier guide le joueur en lui fermant des chemins, le second fait débuter tous les personnages au centre du plateau pour que chacun puisse personnaliser son équipe comme il l'entend.
Et comment évoquer Final Fantasy X sans parler du Blitzball, cette espèce de football aquatique dans lequel de nombreux joueurs ont passé des heures entières. De façon générale, cet épisode fait la part belle aux mini-jeux comme ses prédécesseurs sur PS1. En plus du Blitzball, on peut citer l'esquive d'éclairs dans la plaine foudroyée ou encore les courses de Chocobos. Cependant ce que le jeu a perdu avec son passage sur PS2, c'est le sentiment de liberté offert auparavant. En effet, dans FFX, les développeurs ont préféré abandonner la world-map pour conserver une approche plus réaliste en présentant des personnages toujours à taille réelle. Pour cette raison, le jeu nous fait suivre le pèlerinage de Yuna qui part du village de Besaid pour atteindre Zanarkand sans qu'il ne soit réellement possible de dévier du chemin principal. En résulte ainsi une certaine linéarité compensée justement par ces mini-jeux afin que les joueurs n'aient pas l'impression de faire toujours la même chose. Un écueil que n'a malheureusement pas évité FFXIII neuf ans plus tard qui fut vivement critiqué pour son manque de liberté.
Une ambiance et un univers inoubliable
Ainsi, en plus d'un gameplay riche en possibilités, c'est surtout par son univers que Final Fantasy X a su marquer les esprits. Loin de l'heroic-fantasy des premiers jeux et du futurisme de FFVII et FFVIII, FFX se déroule à Spira, un ensemble de continents et d'îles profondément inspiré par l'Asie du sud-est et le Japon. Cela donne naissance à un monde coloré et varié dans lequel la mer y est très présente tandis que l'Humanité accorde un rôle central à la religion pour faire face à une menace planante : Sin. Avec cette créature proche d'une baleine capable de ravager des villages entiers, Yoshinori Kitase voulait personnifier les catastrophes naturelles qui ont lieu dans notre réalité, en particulier dans les régions du monde dont le jeu s'inspire pour sa partie visuelle. Par la présence de ce monstre immortel, le monde de FFX cache en réalité une facette plus sombre qu'il n'y paraît puisque la mort y est omniprésente dans la vie de ses habitants. On pense notamment au rôle de Yuna qui est d'emmener les âmes des morts vers le repos éternel, à certains personnages qui ne sont en réalité plus de ce monde sans le savoir ou encore au fait que la plupart des membres de l'équipe ont fait face au deuil avant le début du jeu.
Au-delà de cet univers, ce sont surtout les personnages qui ont marqué les joueurs, aidés notamment par la présence pour la première fois de doublages. Évidemment, on pense immédiatement à Yuna dont le courage et la tâche tragique mais nécessaire ont fait d'elle l'une des héroïnes favorites des fans à l'image de Terra, Tifa, Aerith ou encore Linoa avant elle. Face à son importance dans le récit, même Tidus, qui est pourtant le protagoniste principal, paraît parfois plus en retrait. D'ailleurs, leur amour naissant est l'un des moteurs de l'histoire, ce qui donne lieu à l'une des cinématiques les plus cultes du jeu, même si ce n'est pas la première romance de la saga (FFIV et FFVIII en tête). Au-delà de ces deux-là, FFX offre de nombreux autres personnages charismatiques, à commencer par Auron, le vétéran taciturne de la bande. Et que dire de Jecht, le père de Tidus, qui entretient une relation compliquée avec son fils, autre élément central de l'intrigue.
Enfin, difficile d'évoquer le charme du monde de Spira sans parler des compositions musicales. Encore une fois, ces dernières font partie des morceaux préférés des joueurs comme en témoigne le sondage de la NHK qui met à la première place Back to Zanarkand, le morceau d'introduction du jeu. Mais au-delà de ces notes de piano devenues cultes, FFX propose une grande variété dans son OST. De la guitare acoustique avec Spira Unplugged au très rock Overworld qui retentit lors du match de blitzball de Tidus, en passant par la mielleuse chanson d'amour Suteki da ne dont on entend le motif tout au long du jeu, il y en a pour tous les goûts ! D'ailleurs, si vous voulez en savoir plus sur le sujet, nous vous invitons à consulter la chronique de Fanny Rebillard qui propose une analyse plus en profondeur des qualités de cette bande-son.
Face à l'engouement et au succès rencontrés par FFX, Square décide de capitaliser dessus au point de proposer pour la première fois de la franchise une suite directe à un épisode numéroté. Sorti trois ans après au Japon, Final Fantasy X-2 ne rencontra malheureusement pas le même succès à cause de son ambiance plus légère et son côté moins sérieux, et ce, malgré un excellent système de combats à base de jobs. Il faut ensuite 2013 pour entendre parler de nouveau de FFX grâce à sa ressortie en HD d'abord sur PS3 et PSVita et petit à petit sur tous les autres supports actuels. Très récemment, il a même été question d'un Final Fantasy X-3 suite aux propos de Tetsuya Nomura qui a affirmé que le jeu "a déjà un début d'histoire écrit par Nojima" et que "le projet est en veille, mais l'intrigue existe". Cependant, le character designer a bien insisté sur le fait que si le titre devait se faire un jour, il devra attendre que tous les jeux Final Fantasy VII Remake soient sortis.
Finalement, vingt ans après, ce qui fait de Final Fantasy X l'un des épisodes préférés de la saga pour de nombreux joueurs, c'est aussi parce qu'il comporte tous les éléments caractéristiques de la franchise Final Fantasy aux yeux du grand public. Cinématiques nombreuses et magnifiques, scénario magistral, direction artistique unique, musiques marquantes, invocations impressionnantes... Et si chaque Final Fantasy est unique, le X l'est d'autant plus qu'il propose un style d'univers que la série n'a plus exploré depuis. Reste désormais à savoir si Square Enix nous permettra de visiter à nouveau le monde de Spira dans les années à venir.
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