Netflix sera-t-il le prochain acteur majeur du Dixième Art ? S’il est encore un peu tôt pour se prononcer, il pourrait en tout cas faire officiellement son entrée dans l’industrie d’ici quelques mois. Le très sérieux site Bloomberg affirme en effet que des jeux vidéo seront ajoutés au service en 2021…
Les rumeurs se faisaient déjà de plus insistantes : il y plusieurs semaines, on apprenait via différents bruits de couloirs que Netflix souhaitait s’inclure dans le marché du jeu vidéo en proposant un service comparable à l’Apple Arcade ; le géant du cinéma à la demande aurait même approché plusieurs cadres de l’industrie vidéoludique pour pouvoir concrétiser son rêve. Aujourd’hui, Bloomberg se permet de rajouter plus d’informations détaillées dans un article pondu par deux de ses journalistes bien informés, Lucas Shaw et Mark Gurman.
Tout d’abord, et de façon officielle, il faut savoir que le “chief operating officer” de Netflix Greg Peters a annoncé, hier à IGN, que Mike Verdu rejoindrait la plateforme en tant que vice-président du “game development”. Un titre qui laisse évidemment présager certaines choses : Verdu était auparavant vice-président chez Facebook en charge de la collaboration avec des développeurs pour l’Oculus (les casques VR étant détenus par le réseau social, on le rappelle). L’homme a également un passif chez Electronic Arts.
Des jeux arriveraient “l’année prochaine” sur Netflix
Selon “une source proche du dossier” qui souhaite rester anonyme, Bloomberg affirme donc que Neflix compte ajouter des jeux vidéo sur son service dès “l’année prochaine” : ceux-ci apparaîtraient dans le catalogue au sein d’un nouveau genre de programme, un peu comme la firme l’avait fait avec les documentaires ou la comédie en leur temps. Autre information primordiale, toujours selon le site, Netflix ne compterait pas facturer ces jeux et ces derniers seraient donc “gratuits” - comprenez par là qu’ils seraient accessibles via un abonnement classique qui, lui, demande évidemment de sortir la carte bleue.
Ce serait évidemment un changement majeur pour Netflix qui ne souhaite plus être considéré comme un titan du cinéma, mais bien comme un titan du divertissement. Dans cette optique, de la même façon que l’entreprise s’est ouverte aux documentaires, aux stand-up ou à la téléréalité, elle se tournerait vers le jeu vidéo pour élargir son offre et s’introduire progressivement dans le paysage concerné.
Les jeux en libre accès, un modèle difficilement rentable même pour Netflix ?
Bien sûr, plusieurs questions subsistent. La première concerne la façon de jouer, tout simplement, et l’on se demande quel genre de jeu sera compatible avec une simple télécommande (qui n’est absolument pas prévue pour) pour ceux souhaitant s'y atteler sur leur TV. Le domaine de l’arcade devrait s’y prêter plutôt bien : de même, on imagine qu’une compatibilité avec le téléphone ou la tablette sera primordiale, de façon à s’en servir comme manette ou tout simplement en y téléchargeant/streamant les titres pour y jouer n’importe où. On se doit d’ailleurs de souligner l’existence de plusieurs programmes interactifs sur Netflix, comme Black Mirror Bandersnatch, premier petit pas de l’organisation vers notre loisir préféré.
Une autre interrogation est évidemment en ligne de mire, et concerne la rémunération de Netflix et des développeurs. C’est un peu tout le sujet quand il s’agit d’une formule en service à la demande, et que l’achat pur et dur d’un jeu disparaît. Du côté de chez Microsoft avec son Xbox Game Pass (qui a clairement dû inspirer Netflix, pour le coup), on sait que ce n’est pour le moment pas "très rentable" selon Aaron Greenberg - ça le sera à termes dans des années, si les plans fonctionnent comme prévus - et d’ailleurs, le constructeur n’hésite pas à aligner les chèques généreux pour s’approprier des softs dans son catalogue. Ceci est possible car Microsoft s’appelle Microsoft, et que son portefeuille d’investissement est tout simplement gargantuesque grâce à ses activités : cela permet également d’assurer un revenu que l’on estime important pour les développeurs en leur proposant d'emblée un certain montant.
Mais dans le cas de Netflix, c’est évidemment différent. Bien que très puissante, la firme ne dispose pas des fonds de Microsoft non plus et on ignore comment elle compte rentabiliser ses jeux vidéo, et comment elle compte rémunérer ses développeurs. En leur attribuant une somme en fonction du nombre de minutes jouées ? En incluant des publicités lors de certains moments ? Il s’agit d’un véritable casse-tête où, pour le moment, même le colosse Google s’est cassé les dents avec Stadia, n’arrivant pas à proposer une offre convaincante aux joueurs. Quant à Amazon, autre membre des GAFA qui a souhaité faire du jeu vidéo (certes, pas dans le "SVOD" comme ici), l’échec fut cuisant.
Sans doute que produire des jeux arcades s’avère une bonne entrée en matière pour Netflix, les titres étant évidemment moins coûteux et moins risqués financièrement. Quoiqu’il en soit, on attendra donc sagement une officialisation de la part de l'entreprise, qui pique ici grandement notre curiosité.