Il est grand, il est baraqué, il est poilu, et il fête aujourd’hui son quarantième anniversaire avec une banane d’enfer. Autrefois ennemi juré de Jumpman, le célèbre Donkey Kong s’est racheté une conduite dans les années 1990 pour devenir l’amusant gorille que nous connaissons tous. Des structures métalliques aux îles tropicales gelées, nous arpentons le monde de l’hominidé et nous évoquons le bon vieux temps. Sur les traces du primate, l’heure est définitivement aux singeries.
Mais qu’est-ce qu’il y a là-dedans, King Kong ?
Il y a un gorille qu’il ne fallait pas énerver au début des années 1980. Et nous ne parlons pas du King Kong d’Universal. Mis au monde par Shigeru Miyamoto et Gunpei Yokoi avant qu’ils ne brillent respectivement avec Super Mario Bros. et la Game Boy, Donkey Kong déboula dans les salles d’arcade le 9 juillet 1981. Le but du jeu ? Dans la peau de Jumpman (qui deviendra plus tard le plombier moustachu que tout le monde connaît), le joueur devait gravir des échafaudages pour retrouver sa bien aimée tout en évitant les tonneaux balancés par le primate. Néanmoins, à chaque réussite, le colosse s’emparait de la pauvre victime et montait un nouvel étage, obligeant le petit héros en salopette rouge à faire face à de nouveaux dangers (barils plus rapides, tapis roulants, flammes vivantes, plates-formes mobiles, etc.). Les scènes cinématiques et le scénario, bien que basiques, n’étaient pas légion à l’époque et ont plu aux joueurs du début des années 1980. Malgré les réticences des équipes américaines qui ne croyaient pas au potentiel de ce drôle de jeu de plate-forme au nom peu évocateur, Donkey Kong fut un succès retentissant. Hiroshi Yamauchi (président de Nintendo) et Minoru Arakawa (responsable des opérations de Nintendo aux États-Unis) avaient eu raison d’y croire : l’intégralité des bornes de base fut distribuée en un clin d’œil, obligeant les équipes d’Arakawa à trouver des solutions pour produire des unités plus rapidement. Au fil des mois, la folie Donkey Kong envahit l’Amérique et le Japon. Une folie qui engendra des clones (Crazy Kong, Donkey King), des titres fortement inspirés (Congo Bongo de SEGA), et des suites directes (Donkey Kong Jr., Donkey Kong II, Donkey Kong 3). Le petit Jumpman aura quant à lui droit à sa propre série avec la saga des Super Mario Bros., tandis que le gorille deviendra le gentil héros de son propre jeu de plate-forme dans les années 1990.
Country entre dans la danse
Sous la houlette de Rareware, le colosse poilu s’assagit. Si vous pensez que cette volte-face sort de nulle part, sachez que le Donkey Kong de Donkey Kong Country est en réalité le petit-fils du Donkey Kong d’origine, celui qui harcelait cette chère Lady. Comme quoi, le lore de la saga est plus développé qu’il n’y paraît ! C’est le 21 novembre 1994 qu’arriva Donkey Kong Country en Europe. Il s’agit toujours d’un jeu de plate-forme, sauf qu’ici la caméra suit l’action par l’intermédiaire d’un scrolling. Techniquement, le soft de Rareware marqua les joueurs grâce à l’utilisation de graphismes sortant de l’ordinaire. Les environnements et les protagonistes furent en fait modélisés sur des stations de travail Silicon Graphics, le top du top à l’époque, puis importés dans le jeu. Cette manière de procéder donnait l’impression d’évoluer dans un univers en 3D avec une caméra suivant l’action de profil. Porté par une jolie variété dans ses décors (jungle, grottes, temples, montagnes, etc.) et mis en valeur par de superbes musiques (le thème aquatique reste un incontournable), Donkey Kong Country rivalise avec l’autre ténor du genre : Super Mario World. Différents portages sortiront sur Game Boy et, plus tard, sur Game Boy Advance. Le succès est en tout cas une fois de plus au rendez-vous. Le titre conçu par Rareware se serait vendu à 9 millions d’exemplaires, faisant de lui un des jeux les plus vendus de la Super Nintendo (derrière Super Mario World, mais devant Super Mario Kart).
Deux suites débarquent sur Super Nintendo avec Donkey Kong Country 2 : Diddy's Kong Quest en 1995 et Donkey Kong Country 3 : Dixie Kong's Double Trouble en 1996. Il faut ensuite attendre le 22 novembre 1999 pour découvrir les aventures du célèbre gorille en 3D temps réel avec Donkey Kong 64. Un épisode tellement gourmand pour l’architecture de la N64 que l’Expansion Pak est obligatoire pour le faire fonctionner. Nous apprendrons plus tard que cet ajout de mémoire était surtout utile pour éviter des plantages aléatoires. Divers jeux de plate-forme liés à la franchise sortiront avec DK : King of Swing ou encore Donkey Kong : Jungle Climber. À propos de Donkey Kong Country, la série reviendra sans Rare aux commandes (le studio ayant été racheté par Microsoft en 2002) avec Donkey Kong Country Returns (2010) et Donkey Kong Country : Tropical Freeze (2014), tous les deux conçus par Retro Studios, et tous les deux très bons.
Quand on est Kong, c’est pour la vie
Avec toutes les réussites qui jalonnent son parcours, le primate avec cravate ne s’est pas cantonné à la plate-forme. Donkey Kong s’est effectivement illustré dans le jeu musical avec la série des Donkey Konga sortie sur GameCube. Le principe ? Muni d’un accessoire à brancher sur sa console ressemblant à deux petites congas, le joueur doit frapper les bons tambours (celui de droit, celui de gauche, les deux à la fois) en fonction de ce qui est affiché à l’écran, tout en collant au rythme de la musique diffusée. De temps à autre, le joueur doit frapper des mains pour coller aux “claps” des morceaux. Plusieurs musiques sous licence peuvent ainsi être jouées dans ces conditions, de Canned Head de Jamiroquaï à The Loco-Motion de Kylie Minogue, en passant par Back for Good de Take That et la Marche turque de Mozart. Jouable à plusieurs et immédiatement amusant, Donkey Konga est particulièrement apprécié des amateurs du genre. Entre 2003 et 2005, 3 jeux Donkey Konga sont arrivés sur GameCube. Les instruments seront utilisés par la suite dans le jeu de plate-forme Donkey Kong Jungle Beat sur GameCube. Le gorille est également apparu dans tout un tas de jeux signés Nintendo tels que Super Mario Kart, Mario Party ou encore Super Smash Bros., en plus d'avoir fait un passage chez les Lapins Crétins. Il a même repris son rôle d’adversaire ultime de Mario dans les jeux de réflexion Mario vs. Donkey Kong disponibles sur Game Boy Advance et Nintendo DS. En attendant l’annonce d’un inévitable nouvel épisode, nous mettons des bougies sur un banana split et souhaitons un joyeux anniversaire à Donkey Kong. 40 ans, ça se fête.