En l’espace de quelques jours, PlayStation a annoncé deux importants rachats, dont celui du studio Housemarque, à l'origine du jeu d'action Returnal sur PS5. Aux côtés de cette nouvelle acquisition, plusieurs partenariats externes dessinent une stratégie plutôt agressive pour Sony, alors que le rachat de Bethesda et de ses huit studios par Microsoft est encore dans les mémoires.
Depuis le démarrage historique de la PlayStation 5, Sony a de très grandes ambitions pour sa console de nouvelle génération. Le groupe souhaite atteindre 14,8 millions d’exemplaires dans le monde en mars 2022 (alors que les chiffres du début d’année font état de 8 millions d’unités vendues) voire 22,6 millions par an une fois les seuils de réapprovisionnement atteints. Mais pour faire en sorte que “la génération PS5 ait plus de logiciels dédiés que jamais”, comme l'espère le PDG de Sony Interactive Entertainment Jim Ryan - qui ne néglige évidemment pas non plus les 114 millions de PS4 dans le monde -, il faut avoir les reins solides.
OPÉRATION SÉDUCTION
Depuis quelques mois, la firme s’est donc lancée dans une large opération séduction, amenant dans son giron des équipes externes qui créeront des jeux pour son compte. Parmi ces équipes : Firewalk, Haven et récemment Deviation, fondé il y a peu par des anciens de Treyarch (Call of Duty), et actuellement au travail sur une nouvelle licence PlayStation. Des collaborations que Hermen Hulst, à la tête des studios de la marque, estime toutes aussi importantes que le travail d’équipes en interne, comme Naughty Dog, Guerrilla Games, Santa Monica Studio ou Sucker Punch. “Haven, Firewalk (...) Pour moi, à bien des égards, il n'y a pas vraiment de différence. Ce sont tous des PlayStation Studios” affirme-t-il dans une interview.
“PlayStation Studios est en pleine expansion. SIE est en pleine expansion. Nous sommes toujours à la recherche de nouvelles expériences incroyables, peu importe d'où elles viennent, grandes ou petites, quels que soient les genres” - Hermen Hulst (Eurogamer)
“Nous avons un très large réseau de vétérans et de jeunes talents. Je parle beaucoup à Shuhei Yoshida (directeur de PlayStation Indies, ndlr) (...) Et nous cherchons vraiment dans tous les genres, toutes les tailles et tous les endroits” - Hermen Hulst (GamesIndustry)
Pour autant, PlayStation se doit de sécuriser ses partenaires clés, surtout quand ces derniers sont courtisés par d’autres acteurs de l'industrie. Sony vient par exemple tout juste d’acquérir le studio finlandais Housemarque, à l’origine du jeu d’action Returnal exclusif à la PS5, alors que l’équipe recevait déjà des propositions d’acquisitions à travers le monde. Sony sait d’expérience qu'une première collaboration n’est pas forcément synonyme de longue et belle amitié. Depuis des mois, des rumeurs évoquent un rapprochement entre Hideo Kojima et Microsoft, alors que Death Stranding, premier jeu auto-produit du créateur, avait été édité par la firme japonaise en tant qu’exclusivité console à destination de la PS4.
ACHATS COMPULSIFS ?
Quelques jours après le rachat d’Housemarque, Sony a remis le couvert avec l’acquisition de Nixxes, entreprise spécialisée dans les portages PC dorénavant membre du “Technology, Creative & Services Group”, une division affilée aux PlayStation Studios qui apporte une assistance technique à ces derniers. En peu de temps, le constructeur de la PS5 a signé deux rachats dont un très important, avec Housemarque, alors qu’il n’avait pas mis la main au portefeuille depuis 2019 et l'acquisition d’Insomniac Games (Marvel’s Spider Man, Ratchet & Clank). Une question toute simple se pose donc : Sony est-il en pleine course à l'armement ? Non répond Hermen Hulst, dans les colonnes britanniques du média GQ :
Nous sommes très sélectifs sur les développeurs que nous choisissons (...) Nous ne faisons pas ça au hasard. Ce sont des acquisitions très ciblées d'équipes que nous connaissons bien. Avec Housemarque, c'est tombé sous le sens (les deux entités collaborent depuis 15 ans, ndlr). Ce n'est pas quelque chose que l'on fait sur un coup de tête - Hermen Hulst (GQ UK)
Avec ces événements récents, impossible de ne pas penser au rachat de Bethesda / ZeniMax par Microsoft en septembre 2020, qui a fait passer les Xbox Game Studios de 15 à 23 équipes de développement internes (avec Housemarque, Sony en compte désormais 13). Avec une telle force de frappe, Xbox sera bientôt capable d’aligner les triples-A. Dès cette année, de grosses cartouches comme Halo Infinite et Forza Horizon 5 seront disponibles dès leur sortie et sans coût supplémentaire dans le Xbox Game Pass.
Aux dernières nouvelles, 25 jeux sont actuellement en développement en interne et chez des studios partenaires du côté de Sony, dont près de la moitié sont d’ailleurs des nouvelles licences. Et même si Hermen Hulst dément une forme de course l’armement, les collaborations externes et les rachats vont, il faut l’admettre, dans ce sens. Et ce n’est sans doute pas terminé. Il y a peu, Sony aurait annoncé par erreur le rachat de Bluepoint, spécialiste des remakes pour PlayStation (Demon’s Souls, Shadow of the Colossus).